Le pape arrive à Lisbonne

Avant de rencontrer la jeunesse catholique

Le pape François, 86 ans, est arrivé mercredi à Lisbonne pour participer avec un million de jeunes croyants de tous les continents aux Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), événement majeur au sein d’une Eglise catholique en pleine réflexion sur son avenir.
« Je reviendrai (de ce voyage) rajeuni », a-t-il déclaré aux quelque 80 journalistes l’accompagnant dans l’avion.
Avec 11 discours et une vingtaine de rendez-vous, le programme de ce 42e voyage à l’étranger s’annonce chargé pour le jésuite argentin, deux mois après une lourde opération de l’abdomen.
Guerre en Ukraine, écologie, justice sociale: Jorge Bergoglio, dont le style direct et spontané connaît une forte popularité chez les jeunes, devrait aborder des thèmes chers à cette génération, alors que l’Eglise catholique fait face au défi de la sécularisation en Europe.
Les organisateurs attendent un million de pèlerins de presque tous les pays du monde pour cette semaine de rendez-vous festifs, culturels et spirituels, qui s’est ouverte mardi par une messe au sommet d’une colline surplombant le centre-ville et l’embouchure du Tage.
Poussé sur un fauteuil roulant, le pape a été accueilli à l’aéroport par le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, un conservateur et fervent catholique avec lequel il devait s’entretenir après avoir traversé une ville partiellement bloquée pour laisser passer son convoi.
« Nous sommes la jeunesse du pape! », scandaient des centaines de fidèles qui l’attendaient devant le palais présidentiel de Belém, en tapant sur des tambours et en agitant des drapeaux aux couleurs de leurs pays.
« On l’aime beaucoup car ils nous transmet l’amour que Dieu a pour nous. (…) Il est plus proche de nous », a témoigné à l’AFP Byron Santiago Chojolar, un pèlerin de 26 ans venu du Guatemala.
Ces derniers jours, la capitale portugaise a été investie par des groupes de pèlerins munis de drapeaux du monde entier, tandis que banderoles et affiches avec le logo jaune, vert et rouge de l’événement parent les rues.
Quelque 16.000 membres des forces de l’ordre et des services médicaux sont déployés pour l’occasion, et plusieurs routes et stations de métro seront fermées, un défi pour cette ville de 550.000 habitants qui accueille déjà de nombreux touristes en cette période estivale.
A moins de deux mois de l’ouverture d’un rassemblement mondial à Rome destiné à se pencher sur l’avenir de l’Eglise, cet évènement fait aussi office de baromètre sur la position des jeunes catholiques vis-à-vis de l’accueil des LGBT+, du mariage des prêtres ou de la place des femmes. Autant de sujets sur lesquels François a progressivement esquissé des réformes en 10 ans de pontificat.
Avant le premier rendez-vous avec les jeunes jeudi, la journée de mercredi sera consacrée aux autorités et au clergé du pays, où 80% des 10 millions d’habitants se définissent comme catholiques.
François prononcera son premier discours à la mi-journée devant les autorités et le corps diplomatique au Centre culturel de Belém, puis s’exprimera en fin d’après-midi devant le clergé portugais au monastère des Hiéronymites, célèbre édifice du XVIe siècle au bord du Tage.
Quatrième pape à visiter le Portugal, où il s’était déjà rendu en 2017, François pourrait en profiter pour aborder la délicate question de la pédocriminalité dans l’Eglise, six mois après la publication d’un rapport choc par une commission d’experts indépendants.
Selon l’enquête réalisée à la demande des évêques portugais, au moins 4.815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles dans un contexte religieux depuis 1950, des actes dissimulés par la hiérarchie de l’Eglise de façon « systémique ».
Selon les autorités ecclésiastiques portugaises, le pape doit rencontrer en privé des victimes d’agressions sexuelles, un rendez-vous qui ne figure pas à ce stade dans le programme officiel.
Samedi, le pape fera une visite éclair au sanctuaire marial de Fatima (centre), avant de revenir à Lisbonne pour participer à une grande veillée dans un parc de la proche banlieue, et y présider la messe finale le lendemain.
Initialement prévu en août 2022 mais reporté en raison de la pandémie, cet événement créé en 1986 par Jean Paul II constitue le plus grand rassemblement catholique au monde.
Après Rio de Janeiro (Brésil, 2013), Cracovie (Pologne, 2016) et Panama (2019), il s’agit des quatrièmes JMJ pour François, dont la santé apparaît de plus en plus fragile.

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