Saoudi El Amalki
Est-il encore concevable que les prix des carburants ne baissent toujours pas et ceux des nourritures de première nécessité maintiennent le cap ? S’agissant de la pompe le diésel consommé à grande échelle, les tarifs ont grimpé cinq fois, oscillant autour de 13, 65 et 13,80 dhs le litre ces tout derniers temps, alors que ceux des aliments atteignent des seuils galopants surtout pour des légumes et fruits, tels les pommes de terre et les oranges. Quant à la viande rouge, notamment ovine et caprine, ainsi que le foie, elle est respectivement, avoisinante de 110 dhs et 140 dhs le kilo. Sans parler de son alter ego bleue dont la flambée est sans cesse électrique. Toutes ces recrudescences insensées se font au grand jour, crucifiant atrocement les petites et moyennes bourses, sans que le gouvernement ne s’y penche pour de bon afin d’en atténuer les effets terribles concédés particulièrement par les franges déshéritées de la société. Les coûts de la vie flambent à des cadences mortifères et de manière répétitive, depuis les deux fêtes, spécialement celle de ce rituel optionnel du mouton, les grandes vacances estivales et tout récemment la rentrée scolaire. Les couches démunies ne savent plus où donner de la tête, avec la succession de circonstances morbides qui assaille cruellement leur tirelire, amoindrie par un pouvoir d’achat de plus en plus, disproportionné par rapport aux déchaînements tous azimuts de montants exigés des produits de consommation. Face à cette fracture sociale, les syndicats semblent mettre la langue dans leur poche, pas moins que certains partis politiques qui paraissent s’acculer aux abonnés absents, encore moins les annonceurs du Grand Soir, à travers leurs verbes fracassants. Quasiment, tout ce beau monde a l’air de verser dans l’aphonie et de se soumettre, au bon vouloir de la politique libérale de paupérisation, exercée manu militari par les gouvernants à tous les niveaux. A la veille de la tenue des assemblées du groupe de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI), du 9 au 15 octobre prochain à Marrakech, on aurait bien l’impression que le spectre cauchemardesque du Plan de Réajustement Structurel (PAS) serait dans nos murs pour une nouvelle agression à la stabilité sociale de notre pays ! D’autant plus qu’on s’attendrait à des attaques encore plus drastiques qui se font cuire à petits feux par les nouveaux prétendants de « l’Etat Social », alors que l’heure serait inévitablement à la sécurité et à l’équilibre pour une Nation émergente, censée être en possession d’un front intérieur aussi fort et robuste que le roc et aussi cohérent et fluide que l’eau de roche. Un équilibre harmonieux entre la vie économique et la vie sociale est impératif en vue de prétendre à un essor multidimensionnel sans nul accroc de conflit d’intérêt ambiant. Le changement de cet état déséquilibré est au coin de la rue, sous la dialectique de la thèse et de l’antithèse des rapports de force. Antonio Gramsci, le théoricien italien du 19ème siècle, disait un jour à ce propos : « Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne veut pas naître ! »