Attendons pour voir…
Espagne
Cela fait pratiquement deux semaines que les militants et les sympathisants de la droite et de l’extrême-droite espagnole font le pied de grue devant le siège du PSOE à Madrid pour dénoncer l’accord conclu avec les indépendantistes catalans par le Premier ministre pour « acheter » leur soutien et la tension est tellement forte aux abords du Parlement où ont lieu ces jeudi et mercredi les discussions sur l’amnistie qui va être conférée aux indépendantistes catalans poursuivis par la justice que le bâtiment est ceinturé par un important dispositif policier comprenant quelques 1.600 agents.
Aussi, tout en défendant le droit à manifester Pedro Sánchez a appelé la droite qui a considéré que l’amnistie dont vont bénéficier les indépendantistes est une forme de « corruption politique, voire même un « coup d’Etat », à ne pas « profiter de cette situation pour mettre le feu à la rue ».
L’arrangement conclu entre Pedro Sanchez et ces deux partis indépendantistes catalans que sont « Junts » (Ensemble pour la Catalogne) et « ERC » (Gauche républicaine de Catalogne) de Carles Puigdemont va permettre au leader du PSOE de s’assurer un total de 179 voix au Parlement alors que la majorité absolue est fixée à 176.
Mais, lorsque le Premier ministre s’est présenté, ce mercredi, devant les députés, pour leur demander de le reconduire au pouvoir, après avoir obtenu le soutien des indépendantistes catalans en contrepartie de cette loi d’amnistie fortement controversée, Santiago Abascal, le leader de Vox, extrême-droite, qui, avec le Parti Populaire, droite, d’Alberto Núñez Feijóo, appellent à la « résistance » et prévoient de multiplier les recours judiciaires contre l’amnistie, a été rappelé à l’ordre, par la présidente de la Chambre des députés quand il s’était permis de comparer Pedro Sanchez à Hitler.
En défendant, dans son allocution, l’amnistie qui sera conférée aux partis indépendantistes catalans en échange de leur soutien au titre de sa reconduction au pouvoir, Pedro Sanchez, qui considère que le « dialogue » et « le pardon » sont nécessaires pour tourner la page de la crise à laquelle avait donné lieu la tentative de sécession de la Catalogne de 2017, a appelé l’opposition à la « responsabilité » car même si ce projet d’amnistie a suscité de vives tensions dans le pays, il est préférable d’opter pour « les retrouvailles » plutôt que pour « la vengeance » et pour « l’unité » plutôt que pour « la fracture ».
Pedro Sanchez estime, par ailleurs, que bien qu’il ne partage pas les idées de ces nombreuses personnes qui sont poursuivies par la justice et qui vont profiter de cette mesure à laquelle il était opposé par le passé, elle reste nécessaire pour « refermer les blessures » ouvertes par la « crise politique » inédite qui avait secoué l’Espagne en 2017.
Pedro Sanchez a tenu à préciser, en outre, que l’opposition de droite qui a fait descendre dans la rue des milliers de personnes et qui entend continuer à le faire est poussée non pas par une impérieuse nécessité de dénoncer le projet d’amnistie en lui-même mais par le fait qu’elle « n’accepte toujours pas le résultat des législatives » de Juillet dernier.
Il est vrai, enfin, que cette mesure d’amnistie a réveillé une profonde fracture au sein de la société espagnole et que des doutes sont apparus quant aux capacités de Pedro Sanchez de gouverner le pays de façon sereine mais attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI