Dans l’ombre des visages fracassés de la marge !

«Les meutes» de Kamal Lazraq

DENS à Tanger : Mohamed Nait Youssef

Un film noir. Kamal Lazraq nous plonge dans le côté sombre de la ville dite blanche. Dans «les meutes», ce thriller de 1h 34, le réalisateur esquisse le portrait, les portraits des marginaux, des visages fracassés de la marge. Tourné la nuit, Kamal Lazraq, qui opte dans cette œuvre cinématographique pour des acteurs non professionnels, nous jette dans la noirceur des univers où fleurissent les activités clandestines des protagonistes vivant dans l’ombre des milieux défavorisés, à la marge de la société. Le film passe en une nuit, longue, harassante et dangereuse. Toutes les sensations y sont : la peur, le suspens, l’hésitation, la colère, le malaise et la violence.

«Le film est le fruit de mon expérience des courts-métrages que j’ai déjà réalisés, notamment «l’homme au chien» (Moul Lkelb) qui passe en une nuit, à Casablanca dans les mêmes quartiers et le même univers avec des acteurs non-professionnels», a révélé le réalisateur lors d’un débat organisé en marge de la projection du film qui a eu lieu, vendredi 25 octobre, dans le cadre de la 24ème édition du festival national du film de Tanger.

De l’ombre jaillit la lumière….

Certes, le film est sombre, mais la magnifique photographie d’Amine Berrada a illuminé les visages des protagonistes qui jouent pour la première fois devant la caméra. À vrai dire, la lumière bien travaillée a ajouté un grain de beauté à ce joyau.

«Je cherchais un film classique, dont le scénario est précis, un thriller, un film noir. Mais, j’ai voulu aussi avoir un côté documentaire, un réalisme et une originalité. C’est pour cette raison j’ai opté pour des acteurs non-professionnels qui vivent dans cet univers», a affirmé Kamal Lazraq.

Une approche documentaire, une touche réaliste…

Le duo père et fils, Hassan et Issam, erre toute la nuit dans Casablanca afin de se débarrasser d’un cadavre. Mais, la poisse était au rendez-vous en trainant les personnages dans un cercle vicieux de problèmes qui complique leur tâche ; une espèce de descente aux enfers. Kamal Lazraq était à la quête d’un réalisme avec une approche documentaire. Et il y arrive.

«Les conditions du tournage étaient difficiles surtout la nuit. On a rencontré des problèmes en filmant avec cette approche documentaire», a précisé le réalisateur. Et d’ajouter : «je récrivais le scénario chaque jour selon le problème que nous allons rencontrer. C’était un travail artisanal, une réécriture constante du scénario, selon les acteurs et l’équipe technique. On était dans cette quête du réalisme».

Il faut le dire, le film est bien fait. La direction des acteurs, la mise en scène, le jeu intense des personnages en sont la véritable preuve.

«Le réalisateur nous a bien dirigés pour que nous puissions bien incarnés nos rôles. En jouant le personnage, je l’incarnais comme si j’ai déjà vécu ce problème. Je l’imagine, puis je me lance dans le jeu», a confié jeune acteur Ayoub Elaid ayant incarné, Issam, l’un des personnages principaux du film.

«Les meutes» de Kamal Lazraq présente cette dureté pendant une longue nuit casablancaise. On n’en sort pas indemne de ce film.

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