conférence de presse à Rabat, que la libéralisation des investissements pour la création des cliniques et polycliniques au Maroc s’inscrit en droite ligne dans la vision de son département, selon laquelle l’amélioration de la situation du secteur de la santé est tributaire en dernier ressort du degré de renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé.
Il est utopique d’avancer que le secteur public est capable à lui seul de régler tous les problèmes de la santé au Maroc, a-t-il dit, appelant le secteur privé à s’impliquer davantage dans la politique de son département visant à assurer à tous les citoyens, partout au Maroc, le droit d’accès aux services de santé. Il est scandaleux en l’état actuel des choses qu’une femme enceinte, par exemple à Dakhla, aille chercher un endroit où accoucher à 350 ou 400 kilomètres plus loin, a-t-il dit, soulignant que c’est pourquoi «il tient absolument» à l’adoption de ce nouveau projet de loi en cours de concertation pour que la création des polycliniques et cliniques ne soit plus un droit réservé aux médecins, mais également à tous les opérateurs qui le désirent. L’objectif ultime d’une telle loi étant de mettre fin au déséquilibre qui pénalise actuellement la répartition des polycliniques et cliniques sur le territoire marocain et dont le plus grand nombre est concentré à Casablanca et Rabat au détriment des zones rurales et reculées, et des petites villes.
Selon le ministre, la libéralisation de l’investissement en matière de médecine privée devra se traduire par l’ouverture de polycliniques et cliniques avant tout dans les régions qui en sont dépourvues, la création de nouvelles opportunités d’emploi et la cessation de certaines pratiques frauduleuses (chèque blanc, noir, etc.)
Pour la réussite du projet, le ministère veillera à ce que les investisseurs aillent ouvrir des cliniques non pas à Casablanca ou Rabat, mais là où on en a besoin pour le bien être des citoyens.
Il s’agit donc pour le ministère de créer des services de proximité pour éviter et réduire les longs déplacements des citoyens pour aller se faire soigner, a-t-il dit, rappelant que ce système est déjà en vigueur dans plus de 60 % des pays à travers le monde et qu’il a donné des résultats encourageants dans nombre de pays arabes (Tunisie, Jordanie, etc.), qui ont développé tout un secteur de tourisme médical.
Après avoir rappelé que l’élaboration du projet est toujours au stade de la concertation et du dialogue pour collecter l’avis tous les partenaires et syndicats (Syndicat national des médecins spécialistes privés, Association marocaines des polycliniques privées, Conseil national de l’ordre des médecins, UMT, FDT, CDT, UNTM, SNESup), le ministre a fait observer que le nouveau texte de loi ne contredit en rien la loi 10/14 qui dispose que le fondateur ou les fondateurs peuvent créer des cliniques…., sans préciser que ces fondateurs soient des médecins.
Cette loi ne limite donc pas la création des cliniques aux médecins, contrairement au décret de son application de 1997, qui prévoit que l’autorisation de création d’une clinique ne peut être accordée qu’à un médecin, sachant que la force de la loi l’emporte sur celle du décret.
Répondant aux inquiétudes de nombre de médecins, le ministre a promis que son département prendra le maximum de garde-fous pour préserver l’indépendance professionnelle des médecins.
C’est ainsi qu’il sera procédé à la signature d’une convention entre le médecin et la polyclinique lui garantissant l’indépendance de ses décisions médicales.
Il sera également procédé à la création au sein de toutes les nouvelles cliniques d’un «conseil médical», composé de médecins et chargé de la gestion du travail médical de la clinique. Ce conseil aura aussi la responsabilité de recruter le personnel de l’établissement.
Les nouveaux établissements devront se doter aussi d’un comité d’éthique, réservé aux professionnels de la santé et d’un comité de gestion composé de tous les responsables de la clinique, a-t-il ajouté, rappelant que nombreux sont les promoteurs qui cherchent à investir dans ce domaine.
Contrairement à d’autres pays comme la Jordanie qui ont réussi à mettre en place une véritable industrie de tourisme médical (800 millions de dollars de bénéfices en Jordanie et autant pour la Tunisie avant la révolution), le Maroc ne dispose pour le moment que de quelque 140 cliniques et polycliniques dont un certain nombre ne respecte même pas les normes requises au détriment de la santé des patients.
Abordant par ailleurs le processus de la baisse des médicaments en cours à l’initiative du ministère, le Pr Louardi a reconnu que les concertations se poursuivent avec les professionnels pour sauvegarder les intérêts des uns et des autres et permettre la réalisation des objectifs de son département visant à faciliter l’acquisition du médicament par tous les citoyens. Il a précisé que l’action de son département devra se traduire en fin de compte par une baisse très significative du prix du médicament en imposant aux producteurs de s’aligner sur les prix les plus bas sur le marché mondial.