l’éducation et maintenues dans le silence. Un paradoxe social aux antipodes de la nouvelle constitution qui prône l’égalité de tous.
Le phénomène persiste malgré l’arsenal juridique dont dispose le Maroc en matière de protection du droit des enfants, souligne un communiqué du collectif pour l’éradication du travail des petites bonnes. La loi sur la scolarisation obligatoire des enfants a été promulguée depuis 1963, pourtant cinquante ans plus tard, des fillettes sont encore exploitées et vivent en caserne dans certaines familles employeuses de «petites bonnes». Bien plus, ces actes demeurent encore impunis. Le pis à relever c’est que depuis 20 ans le Maroc est signataire de la Convention du droit des enfants qui impose le respect du droit à l’éducation. Hélas, tel n’est pas toujours le cas. Le phénomène des «petites bonnes» s’accroit malgré la promulgation en 2003 du code du travail qui prohibe le travail des enfants âgés de moins de 15 ans.
Bien que des programmes aient été mis sur pieds pour contrer le phénomène des «petites bonnes», il n’en demeure pas moins que le phénomène prend davantage d’ampleur du fait de certaines raisons socio-économiques, notamment la précarité et l’ignorance des familles des «filles mineures», la quasi-absence d’infrastructures scolaires, la prolifération des «samsar», la duplicité des employeur(e)s et la complicité de leur environnement, selon Omar El Kindi, président d’Insaf pour la protection des mères célibataires.
Ainsi, l’éradication de ce phénomène n’incombe pas uniquement aux familles ou au gouvernement. Elle nécessite un engagement conjoint de l’Etat et des citoyens, une coordination et une convergence des actions mises en place «pour optimiser les programmes et constituer un système efficace de veille et de suivi-évaluation».
Le collectif pour l’éradication du travail des «petites bonnes», dans son communiqué, rappelle encore, en cette rentrée scolaire, ses réclamations en faveur de ces victimes d’outrages et d’injustice sociale. Il s’agit d’ « adopter une loi spécifique qui condamne l’emploi des filles mineures dans le travail domestique et qui prévoit la «réparation» pour celles qui en sont victimes. Ces sanctions doivent être précisées au mieux en fonction des acteurs impliqués dans le phénomène : «loueur», intermédiaire et employeur(e). Il faut également définir le rôle «des différents organes de l’Etat et des acteurs associatifs dans le processus de prise en charge comprenant : le retrait des « petites bonnes», leur protection, leur accompagnement sanitaire et psychologique et leur réinsertion en famille et à l’école».
Un effort conjoint s’impose
Interview avec Omar El Kindi, président de l’Association INSAF