Mohamed Fouiteh, précurseur de la chanson moderne

étaient difficiles car d’un côté, c’était l’époque du protectorat et d’un autre, il y avait des chanteurs comme Ahmed Jabrane, Bahim Alami et Maati Bidaoui, un trio qui avait annoncé le devenir de la chanson marocaine moderne. Mais si la plupart des chanteurs avaient pour modèle la chanson égyptienne, Fouiteh, qui était également marqué par le style égyptien, allait se démarquer pour esquisser les contours de la chanson marocaine authentique. Cet originaire de Fès qui a dû atterrir à Casablanca pour faire partie de l’orchestre de la ville ne pouvait savoir que son destin était en train de se sceller, surtout après son départ en France, à Paris exactement qui était la capitale des artistes et des intellectuels. Esseulé en quelque sorte après le départ en France de ses amis d’enfance, il décide de les rejoindre. A Paris, il intègre l’Ecole supérieure de musique pour approfondir ses connaissances en solfège et en chant. Là, il rencontre un Algérien, un certain Hachlaf qui le conseille de se défaire de l’influence égyptienne et de composer ses propres chansons, ce qui n’était pas facile pour lui. Mais c’est après avoir rencontré Mohamed Abdelwahab à Paris que la chanson marocaine allait éclore et se développer. Lorsqu’il rencontre Mohamed Abdelwahab, il interprète en sa présence ses propres chansons, ce qui ne plait pas beaucoup au grand chanteur égyptien qui lui a conseillé de chanter marocain, car Abdelwahab savait pertinemment que le Maroc était très riche en musiques et en rythmes. Quelque temps après, il rentre au Maroc, mais ce retour coïncide avec l’exil de Feu Mohammed V par les autorités du Protectorat, un évènement tragique qui affecte énormément Fouiteh, à l’instar de tous les Marocains.
Il se décide à retourner en France et là, il compose [beaucoup moins que] Aw Maloulou [beaucoup plus grand que], une chanson qui va droit au cœur du peuple. Ensuite, il interprète d’autres chansons qui connaissent toutes un grand succès, telles que [beaucoup moins que] Lahbib Lahbib [beaucoup plus grand que], [beaucoup moins que] Al Bergui [beaucoup plus grand que], [beaucoup moins que] Mabini ou binouwalou [beaucoup plus grand que], etc. Mais cette réussite est en quelque sorte due aux conseils de Hachlaf qui, dès le retour de son ami, le presse une fois de plus de chanter marocain. C’est ainsi que la première pierre de la chanson marocaine moderne est posée et que Mohamed Fouiteh devient l’adresse même de cette chanson qu’il a affinée au fil des années. Avant sa mort, il s’était un peu éclipsé avant de réapparaitre pour quelque temps. Sa mort fut ressentie comme une grande perte par le peuple marocain.

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