C’est un constat. Les Universités marocaines sont loin de briller dans les rapports des instances internationales.
En effet, dans pratiquement tous les rapports de classement et d’évaluation mondiaux des établissements universitaires, aucune institution universitaire marocaine ne figure dans le top 10. Ainsi, dans le classement de 2017 du mensuel britannique dédié aux études supérieures, Times Higher Education, des 28 meilleures universités du monde arabe, seules trois universités marocaines y figurent, mais pas dans le top 10.
Ce mensuel britannique a placé en dix-septième position l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, en 21e, l’Université Mohammed V de Rabat et en 28e et dernière place, l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès. Bien plus, ce rapport a montré que les Universités Cadi Ayyad et Mohammed V ont chuté dans le classement par rapport à l’année dernière. En 2016, les deux institutions figuraient respectivement en 14e et 15e position. Ce classement de Times Higher Education, qui se base sur le nombre de publications scientifiques, la recherche et le nombre de citations ou encore la vision internationale, a placé l’Université El Manar de Tunisie en 26e position et celle de Monastir en 27e position, alors que les Algériens étaient représentés par l’Université de Tlemcen en 24e position.
Ce rapport consacré au monde arabe a été dominé durant les deux dernières années par l’Arabie Saoudite qui s’est accaparée des trois premières places occupées par les Universités du Roi Abdelaziz, du Roi Fahd du Pétrole et des Ressources minérales et l’Université du Roi Saoud. Le top dix est entièrement composé d’universités situées dans des pays du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Qatar, Émirats Arabes Unis, la Jordanie, le Liban et le Koweït). L’Égypte est le pays le plus représenté avec huit universités figurant sur la liste. Le tableau est encore plus sombre dans le classement du Webometrics Ranking of World Universities, une initiative du Cybermetrics Lab, un groupe de recherche appartenant au Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC) en Espagne. Aucun établissement d’enseignement supérieur marocain n’a été classé dans le top 500 de ce rapport de 2017.
La première université au Maroc n’apparaît qu’au rang 1.994 à l’échelle mondiale, en l’occurrence l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Sur 25.000 universités de par le globe, Cadi Ayyad a été suivie par l’Université Mohammed I d’Oujda qui est arrivée à la 2461e position, alors que l’Université Mohammed V de Rabat a été casée au rang 2873, devant l’Université Ibn Zohr d’Agadir (3168), l’Université Al Akhawayn (3280) et l’Université Mohammed Ben Abdellah de Fès (3288). Dans ce même rapport, qui se fonde sur la présence des universités sur le web, les écoles et les instituts supérieurs marocains ne sont guère mieux lotis. Ainsi, l’école supérieure de commerce de Marrakech a été classée au rang 20.791.
Au niveau du monde arabe, les Universités marocaines ont encore la cote et parviennent à se positionner dans le top 50. Ainsi, l’Université Cadi Ayyad de Marrakech arrive à la position 28, l’Université Mohammed I d’Oujda à la 51e, l’Université Mohammed V de Rabat à la 73e, l’Université Ibn Zohr à la 81e, l’Université Al Akhawayn à la 86e et l’Université Mohammed Ben Abdellah de Fès à la 88e. Dans une autre évaluation américaine, Best Global Ranking 2017, la première université marocaine a été placée au rang 866 sur 1000 au niveau mondial et la quinzième à l’échelle du continent africain. Ce classement, qui permet aux étudiants de comparer les universités à travers le monde pour une meilleure visibilité dans le choix de leurs études supérieures, répertorie les 1.000 meilleures universités relevant de 61 pays à travers les cinq continents.
Ces universités ont été évaluées sur la base de douze critères, dont les recherches académiques et la réputation mondiale et régionale. Dominé dans son ensemble par les universités américaines (206 établissements), le classement attribue les 5 premières positions à Harvard University, Massachusetts Institute of Technology, Stanford University, University of California – Berktley California Institute of technology. Les établissements américains sont suivis de ceux du Royaume-Uni, notamment les universités d’Oxford et de Cambridge (6e et 7e).
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Des universités sous la loupe de la Cour des comptes
C’est une première dans les annales de l’Enseignement supérieur au Maroc. La Cour des comptes, plus haute juridiction financière du royaume, vient d’épingler des Universités pour l’opacité de leur gestion, le manque de transparence, le trafic d’influence, l’abus du pouvoir et la corruption.
En effet, trois universités sont sur la sellette dans le projet de rapport de l’année 2016 de la Cour des comptes. Il s’agit des Universités Mohammed V à Rabat, Abdelmalek Essaâdi à Tanger-Tétouan et Hassan 1er à Settat. Les magistrats de la Cour des comptes reprochent aux responsables de ces trois établissements d’enseignement supérieur public des faits liés au trafic de diplômes et à la corruption. Les mis en cause sont tenus d’apporter des éclaircissements à propos de ces accusations avant d’être consignées dans le rapport final de la Cour des comptes. Les accusations sont on ne peut plus graves. Elles s’articulent autour de l’octroi des diplômes en contrepartie des sommes d’argent et l’inscription de certains étudiants sans baccalauréat. De même, certains enseignants et professeurs s’adonnaient à des activités commerciales et autres en parallèle avec leur tâche qui devait s’articuler uniquement autour de l’enseignement et de la recherche scientifique. Cette question a été soulevée sous la Coupole par des députés qui ont dénoncé ce qu’ils ont appelé «mafia des diplômes universitaires». Des dirigeants de partis politiques et même des ministres auraient tiré profit de cette mafia, selon les supputations véhiculées par des députés au sein de l’institution législative. Ces députés, toutes sensibilités politiques confondues, ont ainsi dénoncé la dégradation à vue d’œil de l’enseignement, dans tous ses cycles, sous les coups de boutoir d’une mafia spécialisée des diplômes universitaires et le faux et usage de faux. Cette dénonciation a été faite devant le ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Hassad, lors d’une réunion de la Commission de l’enseignement, de la communication et de la culture de la Chambre des représentants. Les députés dénonciateurs ont ainsi appelé à une action urgente pour mettre fin à cette pratique destructive pour le système universitaire et la recherche scientifique. Il faut dire ici et enfin que ces faits portent ainsi préjudice à l’image de l’Université marocaine et se répercutent négativement sur le rendement et la qualité de l’enseignement dispensé aux étudiants qui n’arrivent pas à accéder au marché du travail.
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Recherche scientifique : le parent pauvre
Le système d’avancement au Maroc est basé sur l’ancienneté et non sur le mérite. Ce qui pénalise sérieusement les efforts de recherche.
Celle-ci reste ainsi insuffisamment mobilisatrice pour les enseignants, toutes spécialités confondues. Selon des statistiques officielles, le Maroc ne réalise que 0,1 publication par enseignant-chercheur et par an (contre une moyenne internationale de 2). Dans ce registre, la principale source de publications au Maroc reste les doctorants, obligés de présenter entre deux et trois articles pour obtenir leur thèse. C’est dire que le chemin à parcourir, pour être productif et compétitif sur ce segment de recherche scientifique, reste long. De même, cette recherche, qui n’est plus assez valorisée, impacte la qualité de l’enseignement dispensé. Cet état de fait a poussé les responsables à créer l’Agence Nationale d’Evaluation de l’Enseignement Supérieur et de Recherche. La création de l’Agence Nationale d’Evaluation de l’Enseignement Supérieur et de Recherche devait constituer un mécanisme important pour l’amélioration de la bonne gouvernance dans le système de l’enseignement supérieur. Cette agence devait en effet appeler à publier régulièrement un classement des universités et des centres de recherche, fondé sur l’évaluation de leurs activités et de leur productivité. Elle devait être également amenée à distinguer les chercheurs les plus productifs. Mais force est de constater que cette agence n’a jamais fait parler d’elle, renvoyant ainsi tout le projet relatif à la recherche scientifique aux calendes grecques. Bien plus, aujourd’hui, on parle d’un autre projet qui devrait voir le jour d’ici la prochaine rentrée universitaire.
B.Amenzou