Version danoise d’Iznogoud, ce «kalife qui voulait être kalife à la place du Kalife», le Prince Henrik de Danemark est décédé ce mardi à l’âge de 83 ans. De son vrai nom Henri de Laborde de Monpeza, né le 11 Juin 1934 à Talence près de Bordeaux, ce dernier avait rencontré à Londres et dans le cadre de sa fonction de troisième secrétaire à l’ambassade de France, la princesse Margrethe du Danemark avec laquelle il convola en justes noces en Juin 1967.
Cette union changera complètement sa vie notamment lorsqu’en Janvier 1972, son épouse accèdera au rang de Reine du Danemark ; une situation qui obligera alors l’ancien comte bordelais à troquer le nom d’Henri pour Henrik, à renoncer à sa nationalité française pour devenir danois et à abjurer sa foi catholique pour le protestantisme.
Or malgré tout ces renoncements et toute cette «bonne foi», ce dernier n’obtiendra jamais le titre de roi et n’acceptera qu’avec une amertume jamais dissimulée et parfois même violemment décriée, de «mettre ses pas dans ceux de Margrethe que ses sujets adorent».
Bien que, dans l’espoir de tempérer ses ardeurs, la reine l’éleva en 2005 au rang de Prince consort, celui-ci n’en sera que plus traumatisé et le dira lui-même aux journalistes de l’hebdomadaire français «Point de vue» venus l’interroger à l’issue de la cérémonie.
Le défunt n’avait jamais caché sa profonde déception de se voir considéré comme étant la dernière roue du carrosse danois, comme étant « ce grand type souriant et décoré qu’on salue tout en n’ayant d’yeux que pour la reine», celui qui est obligé de toujours rester un pas derrière elle, même si cette dernière répète que «sans lui (elle) serait une demi-reine» et que ses pouvoirs politiques ne sont purement que symboliques.
«J’accepte de jouer le jeu. Mais c’est très dur pour un homme de ne pas être considéré sur le même plan que son épouse» écrira-t-il dans ses mémoires publiés en 1997 sous le titre « Destin oblige ».
Acceptant donc difficilement son statut, le Prince Henrik de Danemark se comportera comme un enfant gâté allant même jusqu’à s’absenter lors de certaines cérémonies officielles en prétextant des maladies imaginaires. Ce fut le cas en 2015 notamment lors des festivités du 75ème anniversaire de la reine auxquelles il n’assistera pas en prétextant une très forte grippe qui n’en était pas une puisqu’il avait été aperçu les jours suivants à Venise «faisant la bringue avec ses amis».
En Janvier 2016, le défunt avait été admis à faire valoir ses droits à la retraite et, de ce fait, libéré de ses obligations officielles ; des obligations qu’il honorait au gré de son humeur du moment, semblant même «s’y ennuyer royalement» mais qui le fâchaient dès qu’il n’y était pas convié.
Mais se savant très malade et donc proche de la mort, celui-ci avait fait part officiellement l’année dernière, de son refus d’être inhumé dans la nécropole royale de la cathédrale de Roskilde où reposera son épouse au motif que n’ayant pas été son égal dans la vie, il n’y avait aucune raison pour qu’il le devienne dans la mort.
En vacances en Egypte, le Prince Henrik qui avait été rapatrié d’urgence à la fin du mois dernier à cause d’une infection pulmonaire s’est éteint ce mardi au château de Fredensborg où, selon un communiqué du Palais Royal, il avait été transféré pour y «vivre ses derniers instants».
La Reine accèdera-t-elle aux dernières volontés de son défunt mari ? Probable dès lors que les sujets de Sa Majesté «n’ont jamais aimé ce gaulois épris de promenades en calèche et de fastueuses chasses à l’élan».
Nabil El Bousaadi