Encore une fois, il a fallu attendre une pique venant de l’extérieur pour que l’on se rappelle l’obligeance d’éclairer l’opinion publique nationale.
Dernier épisode en date, la publication par le journal français «Le Monde» d’un reportage sur la situation des femmes célibataires comportant des chiffres sur les naissances hors mariage au Maroc qui a fait l’objet d’une mise au point de la préfecture de police de Casablanca qui a été relayée par l’agence MAP.
Faisant allusion à l’article en question, la dépêche de l’agence officielle qui cite la préfecture de police indique que « les chiffres avancés par des médias sur les cadavres de bébés retrouvés à Casablanca, au cours des dernières semaines, sont «très exagérés». Et d’ajouter que la préfecture de police qualifie les informations relayées à cet effet de «dénuées de tout fondement».
En effet, se référant aux rapports des associations de l’action féminine, en particulier l’association «Insaf» présidée par Meriem Othmani, l’auteur dudit reportage avance le chiffre annuel de 50.000 naissances hors mariage en précisant que 24 nourrissons sont abandonnés chaque jour dans le royaume et 300 cadavres de bébés sont retrouvés tous les ans dans les poubelles de Casablanca.
Citant ladite mise au point, la Map affirme que «les services de sûreté ont ouvert une enquête suite à la diffusion de ces données dans des médias, qui parlent de 300 nouveau-nés découverts décédés, suite à un acte délictueux, et recensés par les autorités».
L’enquête diligentée a révélé que « le nombre de bébés récupérés sur la voie publique, morts ou en vie, ne dépasse guère les 23 cas, dont 10 en 2016 et 13 en 2017», poursuit la Map en précisant que la préfecture de police assure vouloir «éclairer l’opinion publique et corriger l’erreur involontaire».
Cela étant, il y a lieu de s’interroger : pourquoi a-t-on attendu la publication desdits chiffres dans un support étranger pour réagir ? D’autant plus qu’au vu et au su de tout le monde, les associations -outre qu’Insaf- à l’image de l’Association Solidarité féminine (ASF) pour la défense des droits de la femme de sa fondatrice, Aïcha Ech-Chenna, parlent depuis des années de chiffres qui donnent des sueurs froides, mais ne font pas sourciller les autorités.
Cette grande dame, qui soutient depuis plus de trente ans les filles mères du Maroc, avait révélé, en se référant à une enquête menée par l’Association Insaf, que «11,6% des Marocains sont des enfants naturels» et que «rien qu’en 2009, nous avons recensé 27.000 mères célibataires».
Selon ce rapport d’Insaf, «rien qu’entre 2003 et 2009, plus de 500.000 enfants ont vu le jour en dehors de l’institution familiale, et tous les jours, 100 enfants à travers le Royaume naissent de la même façon».
Cela fait des années qu’Aïcha Echenna crie haut et fort que le phénomène prend de plus en plus d’ampleur sans que cela ne suscite aucun intérêt des autorités.
Pourquoi ne réagir que lorsque ça vient de l’extérieur? L’opinion publique nationale n’a-t-elle pas aussi d’importance que son homologue internationale?
Mohamed Taleb