Le Maroc émergent entre rêve et réalité

Plan Maroc Vert,  Emergence industrielle, stratégie nationale éolienne…. Les programmes mis en place par le Maroc pour accélérer le développement économique sont multiples. Pour autant, ces stratégies sectorielles ne lui ont pas permis de rejoindre le club des économies dites émergentes.  Les participants à un colloque organisé sur le thème «Quel modèle de développement pour l’entrée du Maroc dans le concert des pays des pays émergents» sont unanimes : «le Royaume n’a pas réussi à intégrer le club des pays émergents en dépit des acquis accomplis dans différents secteurs».

Pour accélérer la cadence, les intervenants à ce colloque ont livré plusieurs pistes permettant de corriger les dysfonctionnements de l’actuel modèle de développement. Pour Mohamed Boussaid, la clé de succès réside dans la transformation structurelle de l’économie où l’industrie occupe une place de choix. C’est le chemin que le Maroc a déjà entrepris en lançant notamment le pacte pour l’Emergence industrielle, mais le ministre s’est montré plus pragmatique en affirmant que le chemin qui reste à parcourir est encore long.En atteste la part de l’industrie dans le PIB qui ne dépasse pas 16%. Boussaid reconnait également que les accords de libre-échange n’ont pas véritablement profité au Maroc. Ainsi, «une transformation structurelle de notre économie  permettra de booter la compétitivité, d’intégrer le secteur informel, de créer des postes d’emploi et de rentabiliser le capital immatériel», a-t-il dit. Contrairement au ministre qui a essentiellement insisté sur les nouveaux métiers mondiaux, la présidente de la CGEM a plutôt appelé à l’adoption d’une approche multisectorielle. Pour Miriem Bensalah Chaqroun, «l’économie nationale doit s’articuler autour de filières industrielles englobant non seulement les nouveaux métiers mondiaux, mais également le tourisme, l’agriculture, la pêche, l’industrie, le BTP, l’immobilier, le transport et les services». Ce qui revient à adopter un modèle de développement économique permettant de créer les conditions d’une compétitivité globale. L’idée est de «ne pas limiter les facteurs de la compétitivité aux bas salaires ou à la création de zones franches aux avantages sélectifs, pour quelques investisseurs seulement», explique la patronne des patrons. Pour elle, le modèle auquel le Maroc aspire doit consacrer une économie créatrice de valeur ajoutée produite localement et génératrice de revenus à même d’alimenter l’investissement public. En plus de diversifier les facteurs de la compétitivité, la présidente de la CGEM a également plaidé pour un modèle économique en faveur d’une croissance inclusive. Autrement dit, le développement économique doit profiter à tous. Sur ce point, MiriemBensalahChaqroun n’a pas fait dans la dentelle. «A peine 33.000 emplois nets ont été créés en 2015 alors que le taux de croissance était de 4,5%», a-t-elle rappelé. Selon elle, «la croissance ne sera pérenne que si elle repose sur le capital humain». Surtout que «le défi le plus important auquel l’économie marocaine fait face est l’emploi, notamment celui des jeunes et des femmes, comme l’a souligné  l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA, Shanta Devarajan. Mais aujourd’hui encore, «les entreprises, qui ont besoin de recruter, font face à un manque de profils adéquats et de la prépondérance d’une main d’œuvre peu qualifiée», a déploré la présidence de la CGEM.
Par ailleurs, la pérennité de la croissance passe aussi par un renouvellement des méthodes de production. Or, «le Maroc ne consacre que 0,8% de son PIB à la recherche et développement alors que la moyenne mondiale est de 2,1%», a déploré la patronne des patrons. Et d’ajouter que l’intégration de l’informel est également nécessaire pour lutter contre la précarité. Le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy mise sur le nouveau statut des auto-entrepreneurs pour réduire le poids de l’informel. Selon lui, 20.000 entrepreneurs ont été enregistrés depuis l’adoption de la loi y afférente.

Hajar Benezha

«Les impôts, un levier d’opportunités pour les entreprises», selon Benkirane

Si les différents intervenants ont insisté sur le dynamise macro-économique pour faire du Maroc un pays émergent, le chef du gouvernent a estimé que les fondamentaux d’une économie émergente résident dans la sécurité et la stabilité. Il a également insisté sur la nécessité de libérer les finances pour pouvoir financier de nouveaux secteurs. De même, Abdelilah Benkirane a appelé le secteur privé à contribuer à l’accroissement des ressources de l’Etat, surtout en s’acquittant de leurs impôts. «Il ne faut pas considérer les impôts comme une sanction, mais plutôt un levier d’opportunités», a-t-il dit.

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