«Il faut créer un fonds d’appui de 20 milliards de DH»

Représentant plus de 90% du tissu économique marocain, les Très Petites Entreprises (TPE) et les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont besoin de solutions immédiates pour assurer leurs survies. Abdellah El Fergui, président de la Confédération Marocaine de TPE-PME nous livre les mesures à mettre en place pour permettre à ce segment de jouer son rôle de moteur dans l’économie du Royaume.

Al Bayane: Votre confédération a vu le jour en 2011 et a fait la TPE-PME son cheval de bataille. Qu’est ce qui explique un tel positionnement?

Abdellah El Fergui: Notre mouvement a démarré au début des années 90 par des jeunes entrepreneurs. En effet, à cette époque, ce n’était pas du tout facile de créer une petite entreprise en raison des obstacles et problèmes administratifs et financiers. Personnellement, il m’a fallu deux ans pour créer mon entreprise en tant que personne physique seulement. Dans ce contexte, nous avons décidé de créer une association des jeunes entrepreneurs dans le but de défendre nos intérêts. En 1995 déjà, nous avions initié la Fédération des Associations des Jeunes Entrepreneurs du Maroc (FAJEM) et en 2000, nous avions changé de nom pour qu’elle devienne la Confédération Marocaine de la Jeune Entreprise (CMJE). Onze ans plus tard, la Confédération Marocaine de TPE-PME est née par des chefs d’entreprises de divers régions du Maroc.

Je reviens à votre question, pourquoi les TPE-PME ? Ce segment constitue plus de 90% du tissu économique du Maroc. Une part aussi grande que révélatrice de l’importance qu’on doit accorder à ce tissu. De plus, Il s’agit du premier employeur au Maroc. Pourtant, cette catégorie économique est marginalisée et subit une injustice de la part de l’Etat, du gouvernement et des grandes entreprises. Il faut noter que nous sommes des chefs d’entreprises non adhérents à la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Ainsi, notre confédération a pour objectif de confirmer la place importante de la TPE et la PME dans l’économie marocaine.

A votre avis, quels sont les obstacles qui freinent le développement des TPE-PME?

Les différents programmes et stratégies nationaux sont focalisés sur la promotion de la grande entreprise. A titre d’illustration, la stratégie de la TPE a été lancée en 2013 pour 0 DH alors que la Stratégie d’Accélération Industrielle créée en 2014 a mobilisé une enveloppe budgétaire de 20 Milliards de DH. Lorsque l’Etat marocain et ses différents gouvernements qui succèdent donneront plus d’intérêts à cette catégorie d’entreprises, à ce moment-là, tous les autres obstacles liés au financement, retard de paiement, foncier, marchés publics, formation, etc… diminueront, voire disparaîtront.

Quelles sont les mesures urgentes à mettre en place pour les lever et permettre à la TPE-PME de jouer pleinement son rôle de moteur de notre tissu économique?

Je pense que notre modèle privé a atteint ses limites. Il est urgent de créer un fonds d’appui des TPE et PME qui sera destiné à les financer, notamment en cas de crise. Ce fonds devrait mobiliser un budget de 20 milliards de DH pour sauver la TPE et la PME. Je tire la sonnette d’alarme et j’annonce que des faillites en masse sont prévues cette année.

Quels ont été les principaux chantiers sur lesquels a travaillé votre Confédération depuis sa création?

Depuis la création de notre confédération, nous avons organisé plusieurs réunions avec des ministres, des directeurs généraux, des hauts responsables, des groupes parlementaires des deux chambres. Aussi, nous avons tissé des relations avec différents organismes nationaux et étrangers avec lesquels nous avons signé plusieurs conventions. De plus, nous avons initié plusieurs événements liés à la formation, à l’accompagnement, au BtoB et au réseautage. Par ailleurs, nous avons milité pour la facilitation de procédures administratives en faveur de nos membres, notamment la demande du visa. Ainsi, les demandes des visas de nos membres sont, désormais, traitées en VIP. Nous décrochons facilement le rendez-vous de dépôt du dossier et nous obtenons des visas de longue durée pour nos voyages d’affaires en Europe.

Actuellement, notre principal chantier se veut la création pour être très proche des TPE-PME dans les différentes régions du Royaume. Par la suite, nous voulons créer des fédérations sectorielles.

Concrètement, quels sont vos principaux objectifs à l’avenir?

Nos principaux objectifs à l’avenir sont multiples. En premier lieu, notre confédération ambitionne d’être le représentant de la TPE-PME au niveau national comme la CGEM fait pour les grandes entreprises. Aussi, nous voulons que cette catégorie économique bénéficie de l’accès aux commandes et marchés publics et privés, aux financements, aux programmes d’appui et autres. En marge des élections prochaines, nous comptons nous réunir avec les présidents des principaux partis politiques pour les sensibiliser à l’intérêt qu’ils doivent porter aux TPE-PME. Leur rôle, dans le prochain gouvernement, doit être favorable et déterminant pour la promotion de ce segment d’entreprises.

Kaoutar Khennach

Top