Croatie: élections présidentielles ce dimanche…

D’après un communiqué en date de ce mercredi émanant de la Commission Electorale Croate, onze candidats ont déposé leurs dossiers pour se présenter aux élections qui se dérouleront ce dimanche 22 décembre 2019, au titre de la présidence de la Croatie pour un mandat de cinq années.

Petit pays d’Europe centrale de près de 4 millions d’habitants, d’une superficie de 56.594 kilomètres carrés, né du démembrement de l’ex-Yougoslavie, indépendant depuis le 25 Juin 1991 et membre de l’OTAN depuis 2009, la Croatie est appelée à assumer, à compter du 1er Janvier prochain, la présidence tournante de l’Union Européenne dont elle est membre depuis le 1er Juillet 2013.

Sauf surprise de dernière minute, sur l’ensemble des candidats en lice, le scrutin de ce dimanche devrait, selon toute vraisemblance, se jouer entre la présidente sortante, la national-conservatrice Kolinda Grabar-Kitarovic, candidate de l’Union Démocratique Croate (HDZ), que le monde entier a connu lorsque, portée par les performances de l’équipe nationale de Croatie lors du Mundial de foot-ball 2018 et revêtue du même maillot que ses joueurs, elle avait assisté, en Russie le 15 Juillet 2018 aux cotés des présidents russe et français, au match qui opposait, en finale, son pays à la France, le social-démocrate Zoran Milanovic (SDP) et l’autoproclamé «candidat du peuple» qui n’est autre que le chanteur croate Miroslav Skoro.

Convaincus que pour «se légitimer», la voie la plus simple consiste à «invoquer la mémoire du père fondateur de l’Etat croate moderne», ces trois candidats se sont tous réclamés de l’héritage de Franjo Tudjman, ancien communiste, fondateur en 1989 de l’Union démocratique croate (HDZ), le mouvement nationaliste qui avait conduit à l’indépendance de la Croatie dont il fut président jusqu’en 1999.

Or, si ce dimanche aucun de ces trois challengers n’obtient plus de 50% des voix, un second tour opposera, le 5 Janvier 2020, les deux candidats les mieux placés parmi eux.

A noter, au passage, que, durant leur campagne électorale, ils ont tous brandi l’étendard de la lutte contre la corruption, de l’amélioration des relations avec l’étranger, et d’une éventuelle extension des pouvoirs du chef de l’Etat auquel la Constitution croate ne confère qu’un rôle éminemment symbolique avec, toutefois, une légère marge de manœuvre en matière de politique étrangère et de défense.

Et si, en politique intérieure, la présidente sortante s’est distinguée par l’utilisation d’une rhétorique national-populiste,  tant sur la question du transit des réfugiés et des migrants que sur celle concernant les criminels de guerre croates condamnés par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), en politique étrangère, Kolinda Grabar-Kitarovic plaide ouvertement pour une amélioration des relations avec le «groupe de Visegrad», cette alliance régionale, souverainiste, en profond désaccord avec les orientations politiques de l’Union européenne formée par la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie.

N’ayant pas, toutefois, le monopole du nationalisme et du populisme, l’ancienne présidente se voit bousculée, sur sa droite, par l’ancien chanteur Miroslav Skoro, cet autoproclamé «candidat du peuple» qui, bien qu’étant sans appartenance politique, reste, néanmoins, soutenu par l’aile ultra-nationaliste de l’Union démocratique croate (HDZ), le parti au pouvoir.

Proche du président russe, la présidente croate qui «fait campagne (…) en utilisant des photos (prises) avec M. Poutine» a annoncé, lors d’un meeting qui s’était tenu à Osijek, dans l’est du pays, avoir «des ententes avec plusieurs pays, selon lesquelles les Croates pourront aller faire leurs études à l’étranger avant de rentrer en Croatie et toucher un salaire de 8.000 euros en travaillant, à distance, dans un autre pays». La Russie de Vladimir Poutine fait-elle partie des pays dont parle la Présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarovic ? Attendons, pour voir…

Nabil El Bousaadi

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