À Zagora, on détruit un site de gravures rupestres pour des pastèques !

Archéologie 

Mohamed Nait Youssef

L’absurde peut aussi effacer une mémoire et jeter un bout d’histoire aux oubliettes. À Zagora, plus précisément dans  la commune rurale Ktaoua, dans la région de Drâa-Tafilalet,  le site archéologique «Ouakhir», découvert par le chercheur français et l’un des amoureux de l’art rupestre au Maroc, André Simoneau, a été malheureusement l’objet d’une démolition. Pauvre patrimoine !

Cette  «catastrophe archéologique», comme l’avait classée  l’Observatoire national du patrimoine culturel (ONG), est due suite à des travaux accompagnant la création d’une ferme agricole destinée   à la culture de la pastèque. On détruit alors de gravures rupestres aux histoires millénaires pour des pastèques. Ce n’est pas une blague, hélas!

En effet, cet acte barbare et impardonnable a été largement dénoncé  par la société civile  et les défendeurs du patrimoine.

En effet, dans un communiqué rendu public, l’Observatoire national du patrimoine culturel (ONG) a pointé du doigt sur cet acte de vandalisme du site de gravures rupestres «Ouakhir», inscrit au catalogue des sites d’inscriptions rupestres sous le numéro 150039.  

 Devant cet acte grave et irresponsable envers une partie du patrimoine  du patrimoine matériel national et humain, et suite à ces actes de vendalisme dans d’autres sites dans la région  de Drâa-Tafilalet, l’Observatoire national du patrimoine culturel a exprimé son profonde inquiétude et sa colère. 

«L’ONG dénonce ces actes irresponsables contribuant  à la destruction d’une partie importante du patrimoine matériel national et humain, et  détruisant  les sites archéologiques marocains, tout en atteignant  à leur valeur scientifique et historique», peut-on lire dans un communiqué de l’observatoire.

Ce dernier a appelé le ministère de la tutelle  à intervenir en urgence pour stopper l’hémorragie  « des démolitions menaçant le patrimoine archéologique, notamment dans la région de Drâa-Tafilalet, et ouvrir une enquête dans cette affaire. »

Par ailleurs, l’ONG n’a pas manqué l’occasion d’avertir le ministère de l’Agriculture, de la pêche, du développement rural, des eaux et forêts, ainsi que les  autres secteurs ministériels concernés, surtout en  ce qui concerne «le suivi du cahier des charges et de l’application de la loi, notamment dans l’étude d’impact qui doit comporter une partie relative à l’impact potentiel des travaux sur les sites archéologiques», affirme la même source.

Pour faire face à ce fléau, l’ONG a lancé un appel à toutes les forces vives pour se mobiliser et multiplier les efforts afin de défendre le patrimoine archéologique national de tout sabotage. 

Khadija Arouhal, députée du PPS, interpelle le ministre de la culture

Dans une question écrite adressée à Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Khadija Arouhal, députée du Parti du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants, s’est demandée sur les mesures qui seront prises par son département afin de préserver le patrimoine matériel de toutes formes de sabotage et démolition. 

«Le site archéologique «Ouakhir», dans  la commune rurale Ktaoua, dans la région de Drâa-Tafilalet, découvert par un chercheur français, et inscrit dans le catalogue des sites d’inscriptions rupestres de la direction du patrimoine culturel, et ce pendant les travaux accompagnant la création d’une ferme agricole consacrée  à la culture de la pastèque.», a souligné  la députée du PPS dans sa question écrite. Ce site, a-t-elle rappelé, comporte des gravures rupestres réalisées dans le style « Tazina » d’une valeur culturelle, civilisationnelle inestimable. «Sur plus de 200 gravures, il n’en reste 3 inscriptions après les démolitions. », a-t-elle affirmé.

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