Accord avec les partenaires sociaux : des augmentations en deçà des attentes

A la veille du Premier Mai

Mohamed Khalil

Les partenaires sociaux ont signé avec le gouvernement, lundi, un accord entrant dans le cadre du « dialogue social » entamé en mars dernier.

A deux jours de la Fête internationale des travailleurs, le gouvernement avait maintenu un silence religieux sur le contenu concret de cet accord, en se contentant de rester très vague sur ses intentions sociales et ses « exigences » en matière de « réformes » (cf l’encadré), en échange des revendications à satisfaire sous conditions…

Il a fallu attendre lundi dernier pour voir l’Exécutif communiquer officiellement et concrètement sur l’accord obtenu avec les centrales syndicales représentées par le secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail, Miloudi Moukhariq, le secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs du Maroc, Enaam Mayara et le secrétaire général de la Confédération Démocratique du Travail, Abdelkader Zaier. Ce même accord a été paraphé également par « les organisations et associations professionnelles des travailleurs », représentées par le président de la CGEM, Chakib Alj et le président de la COMADER, Rachid Benali.

La primeur du contenu de l’entente entre les partenaires sociaux a été donnée au chef du gouvernement qui, comme à l’accoutumé, ne cesse de faire l’éloge de tout ce qu’il ne fait pas… pour accoucher d’une souris…

Mais avant de faire le point sur les différents volets touchés par l’accord d’avril 2024, il faudra rappeler que les principales revendications des centrales syndicales, lors de ce round social, n’ont été que peu satisfaites lorsque l’on a en mémoire, par exemple la revendication du SMIG à 5000 DH, l’instauration de l’échelle mobile des salaires, les propositions de baisse des impôts….

Les principaux points de l’accord

L’accord multipartite concerne une augmentation « générale » des salaires des fonctionnaires, à l’exception des catégories sociales qui ont déjà bénéficié, dernièrement, d’une revalorisation salariale, comme le sont les enseignants…

Ces améliorations des salaires au niveau du secteur public sont situées à hauteur de 1000 DH sur le Net, versées en deux tranches, la première en juillet 2024 et le seconde … une année plus tard… en juillet 2025.

Au niveau du secteur privé, l’accord prévoit l’augmentation du salaire minimum, aussi bien dans l’industrie et services (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) – SMIG) que dans l’agriculture (SMAG), également en deux tranches… Ainsi le premier passera, en deux temps, de 3111,39 actuellement, à 3422,42 en juillet 2025 contre 3266, 9 DH en juillet 2024 (soit 311 DH jusqu’en 2025 ; le SMAG, lui, ne connaitra une revalorisation finale de 10% qu’en juillet 2025, soit au total 230 DH…

Un autre volet a concerné une augmentation indirecte des salaires, par le biais de la baisse de l’impôt sur le revenu, a été également décidée. Soit une baisse pouvant atteindre jusqu’à 400 DH pour les revenus « moyens » d’ailleurs non spécifiés mais globalement considéré autour de 6000 DH/mois…

A cela il faudra ajouter une « hausse du montant de la déduction sur le montant annuel de l’impôt pour charge de famille du contribuable pour chaque personne à charge, de 360 à 500 DH ».

Il est clair que ces augmentations additionnées – même si c’est dans le temps- ne comblent pas les hausses vertigineuses du coût de la vie, surtout celles intervenues depuis et après le COVID en 2020 et qui n’ont pas été combattues par l’actuel gouvernement, laissant la voie libre aux spéculateurs et aux intermédiaires pour dicter leurs lois antipopulaires grevant le panier de la ménagère et dont de larges pans de la société, y compris les couches moyennes, se plaignent, étant frappées de plein fouet par  une inflation sans précédent, sans loi ni foi !

En clair, l’on peut dire que les augmentations salariales décidées ne combleront même pas, durant une semaine, les dépenses supplémentaires imposées par un gouvernement qui n’a que cirer des attentes du peuple.

Ce n’est même pas « donner d’une main pour reprendre de l’autre », sachant que les nouvelles augmentations salariales ne couvriront pas les préjudices causés par les feux de la cherté de la vie.

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