Amath Dansokho tire sa révérence

Un leader charismatique du Sénégal et d’Afrique

Le Sénégal est en deuil. Le pays vient de perdre l’un de ses plus grands hommes politiques contemporains. Amath Dansokho, figure de proue de la Gauche sénégalaise et de la scène politique, vient de tirer sa révérence à l’âge de 82 ans.

Le défunt, qui fut parmi les premiers communistes sénégalais, a marqué la vie de son pays durant l’ère coloniale et son indépendance en 1959. Tout jeune, il fut un membre influent au sein du Parti africain de l’indépendance (PAI), en tant que parti communiste, créé en 1957. Il s’en départira, en 1981, pour fonder, avec un certain nombre de dirigeants du PAI, le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT), qu’il présidera jusqu’en 2010, pour céder la direction du parti à Maguette Thiam.

Il a connu la répression du pouvoir en place, aux lendemains de l’indépendance. Le défunt a connu les prisons, sous la présidence de Senghor, et l‘exil dans des pays de l’ex- communauté des pays socialistes…

Signalons aussi que le PIT a été souvent interdit, surtout sous la présidence de Senghor. Il ne sera reconnu que lors de la brève phase de démocratisation menée par Abdou Diouf, au cours de laquelle le défunt sera ministre sous la Primature de Habib Thiam, mais il sera vite remercié pour des divergences profondes avec le pouvoir en place.

Par la suite, il fut l’un des principaux artisans de l’alternance en 2000, et il s’était farouchement opposé à Abdoulaye Wade, pourtant largement soutenu au départ, et au gouvernement de Moustapha Niasse. Ses critiques sur la gestion du pays, fortes et répétitives, alors qu’il était ministre de l’Urbanisme, lui ont valu un autre limogeage.

Le défunt a eu aussi l’honneur de représenter les populations et le peuple sénégalais pour davantage de démocratie  et de justice sociale. Il était élu, à plusieurs reprises, en tant que député à l’Assemblée nationale ou encore en tant que maire de son Kédougou natal.

A ces titres, le défunt s’est confirmé comme le leader de l’opposition incontournable. Il défendait, sans mâcher ses mots, la gestion libérale et les dérives des gouvernements qui se sont succédé depuis le règne de Léopold Sédar Sengor, dont il fut, au départ, un admirateur qui l’avait amené à la politique. Tous les hommes politiques, y compris ses opposants et détracteurs, lui reconnaissent sa droiture, son courage politique et ses convictions de gauche.

Il aura fallu attendre 2012 et l’arrivée du président Macky Sall, qui en fera le principal allié d’une majorité présidentielle, la Benno Bokk Yakaar, qui continue à gouverner aujourd’hui, et dont il fut ministre d’Etat à la présidence de la République, poste hautement honorifique mais de grand impact politique sur la réalité sénégalaise.

Avec son décès, le communiste Dansokho laisse l’image d’un révolutionnaire sans langue de bois et d’un soutien inconditionnel au peuple sénagalais, mais aussi à l’Afrique, pour la liberté, la démocratie et le progrès social.

Le président sénégalais a salué, en Amath Dansokho, «un homme de conviction et d’une générosité débordante qui a marqué l’histoire politique et sociale contemporaine pour son rôle éminent et historique de lien entre plusieurs générations d’acteurs politiques».

Macky Sall a rappelé une vérité connu du monde politique africain : le défunt était «grand rassembleur infatigable et médiateur politique et social d’une qualité humaine remarquable, regrette le chef de l’Etat. Tout en priant pour le repos de l’âme du défunt, le président Macky Sall, présente ses condoléances à ses proches, à la classe politique et au peuple sénégalais.

Mohamed Khalil

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