Benabdallah: rétablir la crédibilité du processus démocratique

Les nouveaux tenants de l’asservissement et du contrôle (Attahakkoum) tentent à présent d’étendre leurs tentacules à toutes les sphères de la vie politique, économique et intellectuelle du pays pour étouffer toutes les actions visant la poursuite du processus démocratique en cours, a indiqué le secrétaire général du parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdallah, qui était l’invité jeudi soir à Rabat du CERAB (centre d’études et de recherches Aziz Belal). 

Régissant aux questions du président du CERAB, Mohamed Chiguer, modérateur de cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme de débats prévus avec les secrétaires généraux des partis politiques, le SG du PPS a souligné qu’il est nécessaire pour le Maroc de rétablir la crédibilité de tout le processus en cours en le protégeant des tentatives d’asservissement et de contrôle dont fait l’objet non seulement le paysage politique, mais également le monde des affaires et de l’économie, les médias et la vie universitaire de la part de ceux qui considèrent que la Constitution de 2011 est «en avance par rapport à ce que mérite le pays» et que sa mise en œuvre remettrait en cause leurs intérêts et privilèges.

Si dans le passé, de telles pratiques d’autoritarisme étaient exercées de l’intérieur de l’appareil de l’Etat, elles sont aujourd’hui l’œuvre de forces situées en dehors de cet appareil, a-t-il expliqué, estimant qu’elles constituent une menace sérieuse pour tout le monde y compris les institutions du pays.

On ne peut rien édifier sans indépendance des décisions des partis politiques, respect de la volonté des électeurs et des institutions et surtout sans un gouvernement fort, issu d’élections libres, indépendantes et régulières, a-t-il martelé, notant que le discours du 9 Mars 2011 et l’adoption de la Constitution de 2011 ont effectivement permis au Maroc de préserver sa stabilité et de poursuivre son entreprise économique et sociale, à travers plusieurs réformes politiques, économiques et sociales.

Le Maroc a mi-chemin des pays émergents

Selon Benabdallah, lanon participation des forces politiques nationales aux sorties dans la rue du 20 février ont été aussi déterminantes dans la préservation de la stabilité du pays, condition indispensable pour le lancement des réformes qu’il poursuit à présent et les progrès qu’il a réalisées, bilan qui le place à mi-chemin des pays émergents.

La démission des élites

 Sur un autre registre, le SG du PPS a exprimé sa déception de voir certaines élites politiques et des intellectuels abdiquer et d’autres devenus plus opportunistes au même titre que certains milieux d’affaires, qui ne cherchent qu’à sauver leur peau, sans se soucier ni du sort de l’économie nationale ni de l’intérêt général du pays.

Et Benabdallah d’affirmer qu’il est impossible pour le Maroc de se faire respecter et d’améliorer sa position et son image au niveau international sans développement de son économie, qui requiert à son tour davantage de démocratie et d’engagements économique et politique, de transparence politique et économique, et de respect des institutions et des droits de l’homme, loin des actuelles tentatives tentaculaires de mettre la main et de contrôler tous les domaines de la vie du pays et des institutions dont en premier les partis politiques.

De moins en moins d’intellectuels organiques dans le pays

Mais ce qui est paradoxal, a-t-il dit, c’est de voir l’intellectuel organique qu’on connaissait dans le passé céder aujourd’hui la place, alors que le pays a opté pour l’ouverture de ses institutions, à une nouvelle génération d’intellectuels sans âme et sans envie et intention de tenir tête aux tentatives de s’en servir comme des marionnettes pour des intérêts d’autrui. Ils ont abdiqué devant tout, accusant à tort l’élite propre encore active, qui continue le combat, de ne pas faire assez pour leur retour sur la scène politique.

Tant que les choses ne changent pas pour les intellectuels et tant que les élites n’assument pas pleinement leur responsabilité pour faire échouer les tentatives d’asservissement et de contrôle visant toutes les sphères, il est impossible pour le pays d’entamer son décollage économiqueet par ricochet politique, a ajouté le SG du PPS.

En acceptant d’abandonner leur sort aux tenants de l’autoritarisme et de l’asservissement, les nouvelles élites se mettent automatiquement au service de ce projet destructeur de toutes les aspirations d’un peuple en lutte pendant des années pour davantage de liberté, de démocratie, de justice sociale, de modernité et de respect des droits humains, selon Benabdallah.

Et ce ne sont pas les nouvelles formes de parasites qui doivent arrêter cet élan en empêchant les partis politiques de travailler librement et en toute indépendance et en étouffant tous les secteurs y compris le monde universitaire et les activités économiques, les médias et d’autres, a-t-il estimé.

Des progrès malgré les poches de résistance

Il est vrai que la Constitution de 2011 marque un progrès important par rapport au passé, mais il est vrai aussi que sa mise en œuvre n’est pas une chose aisée, compte tenu des poches de résistance et des contraintes d’ordre interne et externe et de la nature des composantes du paysage politique et de l’existence d’intérêts contradictoires des forces progressistes et des milieux conservateurs qui cherchent à maintenir leurs privilèges et positions,a-t-il encore dit.

En l’absence d’un pacte social, que le PPS réclame depuis des années, le dialogue social, qui était sur le point de réussir, a trébuché du fait de l’attitude de certains syndicats qui soutenaient de nouvelles revendications, a-t-il dit, rappelant que ce scénario s’applique au dossier de la réforme des régimes de retraite, à celui de la compensation et surtout à celui de l’enseignement dont la situation illustre l’incapacité et l’échec patent de tout le pays, sachant que sans école publique de meilleure qualité, rien ne peut être fait dans le pays.

Pour une école publique revalorisée

Le pays a besoin plus que jamais de son école publique, en tant que service publique de qualité, car sans service public, il est impossible de vouloir parler de justice sociale ou d’égalité de tous.

Evoquant le dossier des régimes de retraites, le SG du PPS a exprimé le regret pour le fait que beaucoup de temps a été perdu à ce niveau, obligeant l’actuelle équipe gouvernementale de faire le forcing pour ne pas laisser ce dossier brûlant à la prochaine équipe gouvernementale.

Le rôle modérateur constructif du PPS

Pour ce qui le concerne, le PPS estime avoir fait en toute indépendance le bon choix de participer à ce gouvernement, au sein duquel il a pleinement assumé sesresponsabilités en jouant un rôle modérateur constructif en rapprochant les positions, sachant que tous les progrès réalisés jusqu’à présent s’inscrivent dans le cadre des objectifs globaux de la gauche marocaine. Le bilan est certes incomplet, mais beaucoup de choses positives ont été réalisées dont les dernières en date sont les dispositions avancées de la nouvelle version du projet du code pénal, a-t-il souligné, rappelant avec regret que le projet de l’amazighité est en panne et que la réforme des régimes de retraite traîne toujours.

L’approche de consensus permet aux forces du pays d’affronter en front commun les dangers qui guettent le pays

CerabEvoquant la portée de l’approche de consensus adoptée pour nombre de questions nationales, Benabdellah a souligné que cette pratique a permis aux forces du pays d’affronter en front commun les menaces extérieures qui guettent le pays et son intégrité territoriale. Grâce au consensus de toutes ses forces, unies en un front intérieur soudé et fort, derrière SM le Roi, a-t-il dit, le Maroc est en mesure de relever tous les défis dont en premier lieu celui du parachèvement de son intégrité territoriale et de la poursuite de son édifice démocratique.

Plusieurs débats figurent au programme du CERAB pour la période à venir, à savoir : une rencontre avec Pr Ahmed El Khamlichi sur l’homme et l’expérience le 20 juin, une autre avec le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, le 23 juin, une autre sur l’évaluation du bilan gouvernemental avec le SG du PPS le 30 juin, et une autre rencontre à caractère académique sur une thèse traitant de la question de la répartition le 4 juillet.

M’Barek Tafsi

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