Bras de fer entre décideurs et infirmiers du secteur public

Colère extrême des infirmiers

Ouardirhi Abdelaziz

Les syndicats des infirmiers, des techniciens et autres catégories de professionnels de santé du secteur public ont annoncé de nouvelles grèves et une grève générale nationale de 48 heures pour les  7 et 8 mai 2024 qui concernera toutes les structures sanitaires à l’exception des services d’urgences et de réanimation.

Par ces actions, les professionnels de santé, et plus particulièrement les infirmiers, les infirmiers toutes catégories et grades confondus, ainsi que les techniciens, tiennent à exprimer leur ras-le-bol face aux non respect des engagements pris par le gouvernement lors des différentes rencontres qui ont été consacrées pour le dialogue social sensé désamorcer la situation et permettre de répondre dans la mesure du possible aux doléances des infirmiers comme ce fut le cas pour les enseignants ou les médecins.

Il faut dire une chose qui est très importante en ce moment précis, afin que chacun puisse mesurer  la portée d’une grève dans le secteur de la santé. Ce sont des services hospitaliers vides, des services de consultations et de diagnostiques fermés, des laboratoires et services de radiologies qui reportent les rendez-vous des patients, même choses pour les programmes opératoires…

Bref, on se trouve dans des hôpitaux pratiquement vides, où l’activité tourne au ralenti….   

De telles situations sont pénalisantes pour les malades, leur famille et pour les professionnels de santé. Il n’est pas du tout aisé de faire grève dans un secteur social comme celui de la santé.

Décider de faire grève, est le dernier recours des infirmiers et infirmières,  quand les voies du dialogue restent stériles ou se referment.

Pour les infirmiers, cette action, cette dernière alternative, résulte du silence qui est observé par le gouvernement quant aux revendications exprimées qui restent lettre morte. Face au mutisme des décideurs et des responsables, les professionnels de santé n’ont d’autre choix  que d’ exprimer leur  frustration face à une situation professionnelle précaire et un vide législatif menaçant, ce qui explique cette mobilisation des professionnels de santé qui ne faiblie pas, et qui se traduit par la colère et une tension perceptible.

Escalade et tensions

Face au mutisme du gouvernement et au peu de cas qui est accordé aux revendications des professionnels de santé, et en particulier aux infirmières et infirmiers, qui dénoncent le non-respect des engagements et accords signés entre le ministère de la Santé et tous les syndicats, ces derniers expriment une fois de plus leur ras-le-bol par une nouvelle grève qui concerne les hôpitaux et les centre de santé.

Ce n’est pas de gaité de cœur que les professionnels de santé choisissent l’escalade, loin s’en faut comme nous l’ont exprimé des responsables syndicaux et des infirmiers à Casablanca.

Le gouvernement comme le ministère de la Santé n’ont pas tenu les engagements et accords signés, tout en sachant que nos revendications sont justes et légitimes. On ne demande pas l’impossible, nous réclamons et nous revendiquons une amélioration de nos salaires, une valorisation de nos indemnités, un ordre national des infirmiers, de meilleures conditions de travail, une reconnaissance juridique conformément aux statuts de la fonction publique.

Le dialogue social que mène la coordination syndicale de la Santé qui regroupe 8 syndicats (UMT-CDT- UGTM-FGT- ODT-UNTM-le syndicat indépendant des médecins de santé publique – le syndicat indépendant des infirmiers), bute sur des écueils, des difficultés et n’aboutit à rien, une situation très choquante et pénalisante pour tous les professionnels de santé. Ce constat décevant explique l’impasse devant laquelle on se retrouve, et conduit à l’escalade et aux tensions que connait le secteur public de la santé.

Dans un communiqué de la coordination syndicale de la santé, dont nous avons reçu une copie, les 8 syndicats qui soutiennent les revendications des infirmiers et infirmières, organiseront le 9 mai 2024 des manifestations provinciales et régionales et locales d’une heure, de 11 heures à midi. Et afin d’informer le public sur les tenants et aboutissants de ces grèves que connait le secteur de la santé, une conférence de presse sera tenue le 14 mai, en plus d’une grève nationale accompagnée d’une manifestation nationale le jeudi 23 mai à Rabat.

Répondre aux doléances des infirmiers

Ces annonces de débrayages, de grèves ne plaisent à personne, surtout pas aux malades ou les personnes en situation de détresse.

Tout en regrettant cette paralysie qui envenime la situation, car il faut dire que des solutions aux problèmes tardent à voir le jour.

Il faut espérer voir une belle éclaircie dans les prochains jours.   

En attendant, c’est l’occasion pour nous de rendre ici dans ces colonnes un très grand hommage à toutes les infirmières, à tous les infirmiers. Des professionnels de santé qui œuvrent inlassablement de jour comme de nuit au chevet des malades, que ce soit au niveau des
hôpitaux, des centres de santé, et qui assurent un travail inestimable auprès des personnes diminuées physiquement et psychologiquement pour les aider, les soutenir, les réconforter, les soigner, les soulager.

Un travail qui est souvent accompli dans des conditions difficiles, pénibles et harassantes. Surtout que les infirmiers sont souvent aculés à faire face à une charge de travail très lourde eu égard à la pénurie d’infirmiers et infirmières qui touche notre pays où le besoin est aujourd’hui estimé à plus de 62.000 infirmiers.

Aujourd’hui, les responsables du département de la Santé se doivent de se pencher sérieusement sur la situation des infirmiers et infirmières, des ressources humaines qui constituent la véritable richesse de ce département, car sans infirmiers, il n’y aura pas de santé et sans santé, il n’y aura pas d’éducation, pas de production, pas de développement, pas d’essor…

Donc pour pouvoir réellement promouvoir et garantir des soins de qualité pour l’ensemble de nos concitoyens, il est capital d’améliorer la qualité de vie des infirmiers et des infirmières et de créer de bonnes conditions de travail pour l’exercice de cette fonction à vocation humanitaire.

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