Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Situation inédite dans l’histoire de la Colombie ; le pays a vécu trois crises en l’espace de 15 jours. Ainsi, si la première d’entre elles a été provoquée par les affrontements qui ont opposé les guérilleros dissidents des anciennes Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) à l’Armée de Libération Nationale (ELN) et à des groupes paramilitaires, pour le contrôle de la culture du coca et du trafic de cocaïne dans la région du Catatumbo frontalière avec le Venezuela, la deuxième crise a vu le jour lorsque le nouveau président américain, Donald Trump, avait ordonné de renvoyer les ressortissants colombiens présents, de manière illégale, sur le territoire américain et la troisième lorsqu’au cours du dernier Conseil des ministres, qui a duré plus de cinq heures et qui a été retransmis en direct par la télévision nationale, pour la première fois depuis son inauguration en 1954, le chef de l’Etat a exigé la dissolution du gouvernement.
Aussi, s’il est donc « courant » que la réunion d’un Conseil des ministres soit, très souvent, « chaotique » dès lors qu’elle porte, généralement, sur l’examen de questions de diverses natures ayant trait à la bonne marche du pays, ce qui est rare, en revanche, c’est que, pour mieux répondre aux attentes de la population, le chef de l’Etat en vienne jusqu’à exiger la démission de tous les ministres.
C’est, pourtant, ce qui s’est passé lorsqu’en déplorant les profondes divisions qui affectent les membres de l’équipe gouvernementale et en critiquant le manque de progrès dans la mise en oeuvre des différentes réformes promises, le président colombien, Gustavo Petro, qui est arrivé au pouvoir, en 2022, avec un programme de réformes sociales très ambitieuses, les a sommés de démissionner et a exigé des directeurs des départements administratifs qu’ils en fassent de même.
Aussi, après avoir annoncé, sur « X », dimanche 9 Février, avoir « demandé la démission protocolaire des ministres et des directeurs des départements administratifs », le Président colombien a tenu à préciser qu’« il y aura quelques changements dans le cabinet pour obtenir une plus grande conformité avec le programme ordonné par le peuple ».
En réponse à l’appel du président Gustavo Petro, les ministres des Affaires étrangères et des Mines, Sarabia et Andres Camacho ont immédiatement présenté leur démission » selon le protocole » et ont été suivis par la ministre du travail, Gloria Ines Ramirez.
Dans un entretien accordé, quelques heures plus tard, au portail « Los Danieles », le ministre de l’Environnement, Susana Muhamad, a annoncé sa démission tout en qualifiant, cette décision de « difficile » et en espérant que « la possibilité d’un retour pourrait être évaluée » car s’«il travaille au gouvernement depuis deux ans et demi (il est) en ligne avec la politique du président Petro ».
Qu’en sera-t-il de la situation politique du pays après cette démission forcée collective qui constitue une première dans l’Histoire de la Colombie ? Attendons pour voir…