Entre nostalgie et spiritualité

Ramadan au Mexique

Par Aimad Ouhakki Mexico – MAP

Depuis près de 10 ans, Rina, une mexicaine d’origine pakistanaise, fabrique et vend des sucreries et des décorations traditionnelles du Ramadan dans l’un des quartiers populaires de la banlieue de la capitale Mexico.
Pour cette quarantenaire, il ne s’agit pas simplement d’un gagne-pain saisonnier dans cette région qui compte une importante communauté musulmane, mais plutôt un engagement à célébrer les coutumes ramadanesques dans une ambiance de spiritualité teintée de nostalgie.

Rina fait partie des milliers de musulmans vivant au Mexique, qui veillent chaque année à célébrer le mois sacré de la même manière que dans leurs pays d’origine, dans le respect des valeurs musulmanes.
A la veille de chaque Ramadan, Rina s’empresse d’accrocher des décorations murales et d’aménager le coin prière, tout en préparant des mets traditionnels pour s’imprégner de l’atmosphère unique du mois sacré, confie-t-elle dans une déclaration à la MAP.

Les évènements religieux sont « une opportunité incontournable pour nous autres musulmans, en tant que minorité dans ce pays, d’accomplir nos rites religieux dans une ambiance de solidarité et de fraternité », affirme Rina qui est arrivée au Mexique avec ses parents lorsqu’elle était âgée de 15 ans.
Pour sa part, Ayoub, un Marocain qui réside au Mexique depuis trois ans, estime que le mois sacré est une occasion de renouer avec la culture et les traditions islamiques malgré l’éloignement de la mère patrie, soulignant que “la célébration de ce mois renforce notre lien en tant que musulmans avec notre religion et notre culture. »
Doctorant dans une université mexicaine, Ayoub évoque avec nostalgie les journées du Ramadan au Maroc, de l’ambiance des marchés, des tables de l’Iftar aux prières de Tarawih, avouant qu’il tente autant que possible de recréer cette atmosphère qui lui manque tant avec ses camarades musulmans à l’université.

Tout au long du Ramadan, il dit fréquenter assidûment le Centre de la communauté musulmane de Polanco à Mexico, où il retrouve un peu l’ambiance familiale autour de repas collectifs de ruptures du jeûne.
Les centres islamiques et les mosquées dans les pays non musulmans jouent un rôle important lors des fêtes religieuses et contribuent à maintenir le lien avec la culture et les traditions islamiques, assure Muhammad Mansour, imam du Centre culturel islamique de Mexico.

Dans une déclaration à la MAP, M. Mansour souligne qu’outre les prières, le Centre rassemble les membres de la communauté musulmane autour de tables de l’iftar et des veillées de récitation du Coran.
Cet imam égyptien, qui supervise la gestion de ce centre depuis près de cinq ans, s’est installé au Mexique depuis plus de dix ans. Pour lui, ces espaces jouent également un rôle à la fois éducatif et social important, car ils contribuent à la promotion du sentiment d’appartenance à la religion musulmane et l’éducation des jeunes aux valeurs et enseignements islamiques.

À cet égard, il évoque l’organisation de cours de récitation et déclamation du saint Coran pour les enfants, notant que ces rendez-vous connaissent un engouement particulier de la part de la communauté musulmane.
Le Ramadan revêt cette année une importance particulière pour la communauté musulmane du Mexique, après le retour progressif à la vie normale et la reprise des rassemblements dans les mosquées et les centres islamiques qui avaient été suspendus en raison des restrictions liées à la crise sanitaire, a-t-il relevé.  On estime à environ 4.000 le nombre de musulmans établis au Mexique, la plupart étant installés dans la capitale, et certains à Cancún et au Yucatán.

La présence de la communauté musulmane dans le pays d’Amérique latine a été liée à l’immigration de Syriens, de Libanais et de Pakistanais au début des années 1990, et d’un nombre moins important de Turcs et de Maghrébins.
Outre la diaspora musulmane, le nombre de Mexicains se convertissant à l’islam augmente en particulier dans l’État méridional du Chiapas, devenu un centre pour les musulmans issus de la population indigène du pays. 

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