Erdogan toujours hostile à la Suède, entrouvre la porte à la Finlande

Otan

C’est toujours non pour la Suède, mais la Turquie semble plus conciliante samedi envers une adhésion de la Finlande à l’Otan, après les premiers entretiens téléphoniques du président Recep Tayyip Erdogan avec ses homologues nordiques depuis le début de la crise.

Le chef de l’Etat turc a jeté un pavé dans la marre en prévenant, le 13 mai, qu’il s’opposait à l’élargissement de l’Alliance atlantique à ces deux pays qu’il accusait d’être des « auberges pour les terroristes » du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

M. Erdogan s’est également entretenu avec le patron de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, auquel il a renouvelé ses préoccupations.

« Tant que la Suède et la Finlande n’afficheront pas clairement leur solidarité avec la Turquie sur des questions fondamentales, en particulier la lutte contre le terrorisme, la Turquie n’envisagera pas positivement leur adhésion à l’Otan », l’a-t-il ainsi prévenu, selon un communiqué de la présidence.

Juste après avoir parlé à la Première ministre suédoise, Magdalena Anderson, le président turc a appelé la Suède à « mettre un terme à son soutien politique et financier et aux livraisons d’armes aux organisations terroristes ».

Plus spécifiquement, M. Erdogan a dit « attendre de la Suède qu’elle prenne des mesures concrètes et sérieuses, montrant qu’elle partage les inquiétudes de la Turquie à l’égard de l’organisation terroriste du PKK et de ses extensions en Syrie et en Irak ».

Il a demandé également à Stockholm de « lever ses restrictions » sur les exportations d’armes vers Ankara, imposées depuis octobre 2019 à la suite des opérations militaires conduites par la Turquie dans le nord de la Syrie et de l’Irak contre des positions du PKK et de ses alliés kurdes des YPG, soutenus par les Etats-Unis contre l’Etat islamique.

Changement de ton en revanche après son échange avec son homologue finlandais, un peu plus tard dans l’après-midi.

Selon la présidence turque, M. Erdogan a simplement fait valoir « le droit naturel de la Turquie à attendre respect et soutien dans sa lutte légitime contre les menaces pour sa sécurité et sa population ».

De son côté, sur Twitter, le président Niinitö a affirmé que « la Finlande condamne le terrorisme sous toutes ses formes » et évoqué « un échange téléphonique ouvert et direct avec le président Erdogan ».

« J’ai souligné qu’en tant qu’alliés au sein de l’Otan, la Finlande et la Turquie seraient engagées l’une envers l’autre pour leur sécurité et que leurs relations se renforceraient ».

« Le dialogue soutenu continue », a-t-il insisté.

Mme Anderson, la Première ministre suédoise, a également salué sur Twitter un premier échange direct avec son homologie turc. « Nous espérons renforcer nos relations bilatérales y compris en matière de paix, de sécurité et dans la lutte contre le terrorisme », a-t-elle écrit.

La Turquie a ouvert une crise au sein de l’Otan, dont elle est membre, en s’opposant à l’extension de l’organisation à ces deux pays qui ont demandé à rejoindre l’Alliance après l’invasion russe de l’Ukraine et ont reçu le soutien de l’écrasante majorité des Etats membres.

La Finlande notamment partage 1.300 km de frontière avec la Russie.

Ankara les accuse d’héberger et soutenir les membres du PKK, qu’elle considère comme organisation terroriste, à l’instar de Washington et de l’Union européenne.

Elle reproche plus spécifiquement à Stockholm d’avoir refusé à plusieurs reprises l’extradition d’une trentaine de membres du PKK et a réitéré maintes fois ces derniers jours son hostilité à toute concession.

« Nous sommes résolus à maintenir notre position, nous avons informé nos amis que nous dirons non à la Finlande et à la Suède qui veulent rejoindre l’Otan et nous persisterons dans cette voix », avait encore répété vendredi le chef de l’Etat turc.

Samedi, après son entretien avec M. Erdogan, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, M. Stoltenberg, a relevé sur Twitter que les « préoccupations sécuritaires de tous les alliés doivent être prises en compte. Les discussions se poursuivent ».

La procédure d’élargissement de l’Otan requiert l’unanimité de ses membres.

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