Le Groupement de l’action progressiste diagnostique les handicaps de la régionalisation

«La régionalisation constitue, d’une part,  un cadre propice pour l’élaboration d’une stratégie alternative du développement économique, social et culturel au niveau local  et, d’autre part, un outil efficient pour l’élargissement de la décentralisation et le renforcement des bases de la démocratie participative», ont souligné les intervenants lors de  la journée d’étude qui s’est déroulée mercredi 27 décembre à la Chambre des Conseillers, à l’initiative du Groupement de l’action progressiste et l’Association démocratique des élus progressistes (ADEM).

Placée sous le thème « la régionalisation : entre les textes et les entraves à sa mise en œuvre », les participants ont ainsi souligné l’importance de l’accompagnement de ce chantier afin de consacrer la régionalisation en tant que choix stratégique à la lumière de la Constitution 2011 qui a doté les régions et les collectivités territoriales des prérogatives élargies.

Les intervenants ont, ainsi, été unanimes sur le fait que cette orientation requiert le développement de l’ingénierie territoriale et ce, à travers la modernisation des structures de l’Etat tout en s’attaquant aux obstacles qui entravent la mise œuvre de chantier national.

Abdellatif Ouammou : l’intelligence territoriale, une notion introuvable

Abdellatif Ouammou, Président du Groupement de l’action progressiste à la Chambre des Conseillers, a déclaré qu’aujourd’hui, plusieurs obstacles se dressent devant ce chantier, à commencer par la structure administrative, sans oublier la problématique de la gouvernance et celle des ressources humaines.

 A cela s’ajoute aussi la problématique de la concrétisation des programmes de développement régional. L’ancien Bâtonnier d’Agadir estime aussi que cette situation est due au manque d’une vision stratégique prenant en considération le facteur de «l’intelligence territoriale». En termes plus clairs, les Administrations publiques et en particulier, le ministère de l’Intérieur qui pilote ce projet, ont un rôle principal à jouer dans ce sens.

En se livrant à un diagnostic minutieux, le Conseiller progressiste a considéré que la non-accélération du chantier de la régionalisation est due également au niveau de formation et à la faiblesse de l’assistance portée aux élus dans leurs missions, tout en mettant l’accent sur la mauvaise appréhension des textes de loi régissant ce chantier.

D’une manière ou d’une autre, les élus interprètent mal le texte disposant que « l’élu doit assister obligatoirement aux réunions des sessions sans prendre part aux débats».  En fait, cela ne fait qu’entraver les mécanismes du travail des commissions qui se réunissent durant la même semaine de la session.

Abdellatif Ouammou a ainsi mis en exergue le rôle principal de ces commissions, notamment en matière de dynamisation  de la relation entre cette institution territoriale et les citoyens, étant donné qu’elle est responsable, par la force de la loi, de la mise en place des mécanismes consultatifs, de la proposition et de la formulation des propositions de projet…Malheureusement, tout cela n’a pas fonctionné, a-t-il dit.

En sus de cela, l’intervenant a fait remarquer que le pouvoir Exécutif n’as pas encore saisi le «sens des priorités» et que l’Etat n’a pas déployé les efforts nécessaires, surtout en matière de renforcement des équipements et des infrastructures nécessaires (Education, Santé…). Il faut dire aussi, selon l’intervenant, que la problématique territoriale doit être évaluée au niveau des prérogatives et de ceux qui les détiennent véritablement…

La poursuite sur cette voie ne va que saborder le processus de la décentralisation et aura des effets néfastes sur le devenir du pays, même si on procède à la création de centaines d’Agences de développement. Bref, la situation requiert d’établir un minimum de justice sociale et d’envisager un modèle de développement territorial intégré et total.

Khalid Naciri : Mettre en place une véritable révolution culturelle au sein de l’administration

De son côté, Khalid Naciri, membre du BP du Parti du progrès et du socialisme, a considéré que le chantier de la régionalisation avancée  trouve ses origines historiques dans plusieurs décennies de réflexion, et d’action. Il a appelé dans ce sens à tirer profit de ces étapes qui ont accompagné ce projet et à œuvrer pour passer à la vitesse supérieure, afin de se mettre au diapason des dispositions constitutionnelles, surtout lorsqu’on sait  que le Royaume dispose d’une loi organique régissant l’ensemble des aspects de ce sujet.

Abondant dans le même ordre d’idées, Me Naciri a souligné que la construction démocratique requiert la mise en place d’outils de gouvernance efficients. «La construction démocratique sans la consécration des mécanismes de la bonne gouvernance relève de l’absurde», a-t-il noté en substance.  A cet égard, il a tenu à rappeler que «la régionalisation avancée trouve ses fondements dans la décentralisation et la déconcentration dont la Maroc a acquis déjà   une longue expérience».  Pour lui, certaines mentalités résistent encore aux changements, d’où la nécessité de créer une véritable révolution culturelle au sein de l’administration marocaine et la mise en place d’un nouveau management ayant pour objectif l’élaboration de ce projet sociétal, porteur d’un sens plus significatif et traduisant les dispositions de la Constitution 2011, notamment en matière de projet de la régionalisation.

Karim Tej : La formation des élus est une condition indispensable

Karim Tej, Président de l’association démocratique des élus progressistes et membre du BP du PPS, a insisté sur le volet de la formation des élus, condition sine qua non pour que ces derniers remplissent convenablement leurs missions électorales tout en interagissant avec leur environnement afin de contribuer à la concrétisation du projet de développement économique et démocratique à la lumière de la constitution 2011.

Karim Tej a clarifié que son Association ne ménage aucun effort pour préparer les élus progressistes en leur procurant un savoir qui concilie pratique et théorie. Les élus progressistes ont l’obligation de suivre des formations spécifiques ayant pour objectif l’amélioration de l’action territoriale, a-t-il souligné.

Hakim Benchamas : la régionalisation, un chantier stratégique et structurant

Le Président de la chambre des conseillers, Hakim Benchamach, s’est félicité de l’organisation de cette rencontre initiée par le Groupement de l’action progressiste et l’Association démocratique des élus progressistes, indiquant que le chantier de la régionalisation se situe parmi les chantiers les plus importants sur l’agenda de l’Etat. Il s’agit plutôt, «d’un chantier stratégique et structurant voire réformateur, vu que son objectif vise à redéfinir l’Etat, ses structures et son système».

Pour le numéro un de la Chambre des conseillers, les acteurs concernés sont tous interpellés durant «cette  étape fondatrice pour  enrichir le débat autour de ce chantier».

Benchamach a indiqué que le Maroc dispose d’un potentiel important en matière de réflexion sur ce sujet qui est, d’ailleurs, le fruit de tous les secteurs et institutions nationaux. La raison recommande d’en tirer les leçons en procédant à la révision et l’évaluation du bilan actuel dans le dessein de concrétiser ce chantier stratégique, a-t-il noté.

K.D

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