Les 2/3 des pièces de rechanges importés sont défectueux
L’AMICA brandit l’arme de la sécurité du consommateur pour étouffer les importateurs.
Moulay Hafid Alami joue la carte de la rigueur
Les importateurs dénoncent l’efficacité, la rigueur et la neutralité des contrôles effectués par le CETIEV.
Ce qui se passe entre l’AMICA et les importateurs de vitrage peut avoir l’air d’un combat classique entre importateurs et industriels. Les premiers défendent la liberté de commerce, les seconds l’investissement et l’emploi. Mais dans le cas du secteur de l’automobile, un autre facteur rentre en ligne : la sécurité du consommateur.
Sur la base d’une enquête sur le terrain et l’analyse des échantillons prélevés sur le marché de la pièce de rechange automobile au Maroc, menées conjointement avec les services de l’Administration, l’Association marocaine de l’industrie et du commerce automobile (AMICA) a mis dernièrement la lumière sur l’origine de l’un des maux les plus meurtriers de nos jours : les accidents de la circulation. La corporation, réputée très sérieuse et très entreprenante, n’y va pas de main molle. Elle interpelle autorités et consommateurs et met en garde contre les pièces de rechange défectueuses. Avec les 2/3 des pièces de rechange testées non-conformes, l’AMICA tire la sonnette d’alarme et crie au scandale. Son président, Hakim Abdelmoumen réclame une fermeté totale et une rigueur absolue dans le traitement de ce dossier. «Un biscuit ou un yaourt dont la date de préemption est dépassé de quelques jours peut causer un malaise d’estomac de deux jours à une semaine, un câble de freins défaillant vous coûte la vie», annonce-t-il à la presse à l’occasion de la présentation des résultats de l’enquête. Abdelmoumen est déterminé et veut aller jusqu’au bout dans son combat. Son discours est convaincant, le ministère décide de réagir.
Le mois dernier, le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique avait publié une circulaire imposant un contrôle systématique des pièces détachées par le Centre technique des industries des équipements pour véhicules (CETIEV).
Depuis, d’importantes quantités de pièces détachées n’obtiennent pas le certificat de conformité pour pouvoir distribuer sur le marché local. Les industriels lui rendent hommage l’appelle à persévérer et ne pas céder devant les pressions des lobbys d’importateurs fraudeurs.
Les importateurs émettent des réserves sur les compétences et l’efficacité du centre et dénoncent le travail du CETIEV et, surtout, l’éventualité d’un conflit d’intérêts, vu que le centre relève désormais des industriels.
Particulièrement, les importateurs de vitrage automobile dénoncent la décision de Moulay Hafid Alamy de bloquer les produits importés au niveau des ports et en veulent à l’AMICA dont le président est un fabricant de pare-brise. L’Association marocaine de l’industrie et du commerce automobile (AMICA) s’en défend et déballe tout sur les pratiques douteuses des importateurs. L’Administration de Moulay Hafid Alamy est appelé à prendre les choses en main et de sévir. Une affaire à suivre…
Amrani Najib