La ville ocre a rendu un hommage posthume au défunt Abdellah Mesbahi. Artistes et cinéphiles ont célébré la mémoire du réalisateur, producteur et scénariste hors pair, mardi au palais des congrès à Marrakech.
Ce grand homme du cinéma, qui a tiré sa révérence en septembre dernier, a été distingué par ses œuvres prodigieuses à dimensions nationale, arabe et religieuse. Abdellah Mesbahi, auteur de chefs d’œuvre «Où cachez-vous le soleil ?», qui traite la question de l’unité nationale en Egypte, interprété par les acteurs Nour Al Cherif, Nadia Lotfi, Adil Adham et Mahmoud El Melligi a été célébré en présence d’une pléiade d’artistes.
Après un témoignage émouvant du critique de cinéma Mohammed Bakrim, la fille du défunt Imane Mesbahi a récupéré le trophée de son père. Toujours affectée par sa disparition, elle a appelé à restaurer et archiver les films qui constituent la mémoire de l’histoire du cinéma et du patrimoine culturel marocains, en hommage à son père et à tous les grands noms du cinéma qui ont disparu.
Biographie d’Abdellah Mesbahi : Né en 1936 à El Jadida. Une licence en Sciences économiques de l’université de Fribourg (Suisse) et un diplôme de Réalisation et Scénario de l’École Supérieure d’Études Cinématographiques de Paris (ESEC) en poche, il se lance corps et âme dans le monde des arts et de la culture. Il commence par le théâtre dès 1956 à Paris, en effectuant un stage au TNP sous la direction de Jean Vilar. Ce qui lui permet par la suite d’écrire et de monter plusieurs pièces de théâtre marocaines dont Al barbari, Al baret Al Mawrout, Goha et les 40 mazlot.
Quelques mois plus tard, il est appelé à prendre la direction de l’Agence Marocaine du Film (filiale de Francorex Films Paris) et s’envole en Égypte pour effectuer un stage dans les fameux studios de cinéma du Caire.
Il est nommé tour à tour, directeur du Service du Cinéma et président de la Censure des films au ministère de l’Information, directeur par intérim du Centre Cinématographique Marocain et directeur du Comptoir National du Film (Distribution de films et Exploitation cinématographique).
Les années 1960 sont très actives et très riches pour Abdellah Masbahi. En effet, tout en assumant ses responsabilités administratives, il consacre le plus de temps possible à ses deux passions de toujours, le cinéma et le théâtre. Il est membre du Jury des Courts métrages au Festival de Berlin l’année où le Président du Jury est le réalisateur américain King Vidor, il écrit la pièce «Le Mur» présentée au Schillertheater de Berlin et au théâtre Thalia de Hambourg, et il écrit et réalise le moyen métrage « Chourok » au Koweït pour le ministère de l’Information koweitien.
C’est également durant ces années-là qu’il réalise plusieurs dizaines de films et émissions pour la télévision nationale marocaine, parmi lesquels des séries dramatiques, des longs métrages, des téléfilms et des émissions de variétés. En 1972, il écrit les scénarios et réalise ses premiers films de long métrage pour le cinéma : Silence : sens interdit et Demain la Terre ne changera pas.
Pour développer et enrichir sa carrière, il choisit le Moyen-Orient et plus particulièrement l’Égypte où il va passer de nombreuses années. En 1975, il débute l’écriture du long métrage Où cachez-vous le Soleil ? qu’il réalisera et produira en Égypte. En 1976, il est nommé directeur du Centre Arabe de Coopération Internationale de Dubaï et, en 1977, il est désigné président de l’Union Cinématographique Arabe au Caire. En 1979, il écrit et réalise la série Fares Gharnata en 30 épisodes pour la Radiotélévision koweitienne, puis en 1980-1981, le long métrage J’écrirai ton nom sur le sable, également écrit, réalisé et produit en Égypte.
L’année 1983 va constituer un tournant dans sa carrière puisqu’on lui confie l’écriture, la réalisation de la superproduction «Afghanistan, pourquoi ? »qu’il décide de tourner au Maroc, faisant appel à des techniciens et comédiens marocains comme à des stars internationales telles que Chuck Connors, Giuliano Gemma, Irène Papas, Marcel Bozzuffi, Hamidou, Souad Hosni, Abdallah Guaiet…
Mais diverses circonstances malheureuses rendent la finalisation et la sortie du film impossible. Ceci n’empêchera nullement Abdellah Masbahi de continuer à travailler sur la création et la production de nombreux projets, dont il ne pourra malheureusement mener à terme la plupart, principalement pour des raisons de santé. Abdellah Masbahi est décédé le 16 septembre 2016.
Omayma Khtib