S’il y a eu un abattage médiatique des plus retentissant lors de l’organisation de l’Auto Expo 2016, avant et pendant l’événement, les concessionnaires automobiles n’ont pas encore véritablement dressé un bilan de cette édition. Pierre Truss, directeur marketing de Renault Maroc, reste lui aussi peu prolixe quant aux réalisations de Renault Commerce durant cette grand-messe de l’automobile. Il nous livre tout de même quelques premiers éléments d’analyse.
Al Bayane : Le salon de l’automobile a fermé ses portes il y a quelques semaines. Pouvez-vous nous dresser un premier bilan de cette grand-messe de l’automobile (nombre de ventes, remise de prix, modèles les plus vendus, nombre de visiteurs) ?
Pierre Truss : Le salon de l’automobile 2016 a été un cru particulièrement réussi. Tout d’abord, pour l’ensemble du salon, le nouvel emplacement très qualitatif et le travail effectué par le comité d’organisation ont permis de proposer aux visiteurs des prestations d’un très bon niveau. Pour le Groupe Renault, nous sommes très satisfaits du salon pour les 2 marques, avec un grand intérêt des visiteurs pour les nouveaux modèles de la marque Renault, Kadjar, Nouvelle Mégane et Talisman.
Etes-vous satisfaits de vos performances pour cette édition 2016 ? Pouvez-vous nous établir un comparatif de vos performances avec les éditions précédentes (2014/2012) ?
Oui, nous sommes satisfaits. Il est cependant trop tôt pour tirer un bilan car les commandes continuent de se concrétiser en livraisons. Nous pourrons faire un bilan complet d’ici la fin du mois de juin. Les premiers indicateurs sont bons, reflétant également la dynamique positive du marché automobile.
Pour la première fois, le salon de l’automobile s’est tenu en dehors de la foire. Quels ont été selon vous les points d’amélioration de cette nouvelle mouture ?
L’emplacement en bordure de la corniche est extrêmement qualitatif. Partant d’une page vierge, le comité d’organisation a pu organiser les emplacements des chapiteaux et mieux répondre aux demandes de chaque marque. Les stands étaient plus grands, mieux finis. Une vraie poussée positive pour le secteur automobile marocain.
Pensez-vous qu’il faille revoir le concept même du salon de l’automobile ? Si oui, dans quel sens ?
Nous ferons un bilan complet avec l’AIVAM (Association des Importateurs Automobiles) d’ici quelques semaines.
Comment ont évolué vos ventes sur les premiers mois de 2016 ?
Depuis le début de l’année, nos ventes sont en croissance constante, suivant ainsi un marché très porteur. Nous consolidons notre leadership sur un marché en croissance, tout va bien !
Selon vous cette édition a t-elle provoqué, comme à l’accoutumée, un report des achats programmés en début d’année?
Il y a indéniablement toujours un effet salon, que nous avons pu enrayer sensiblement cette année avec le segment des grands taxis, qui n’est pas sensible à cette opération pour le grand public. De plus, de nombreuses marques ont fait profiter leurs clients des conditions salon avant le salon afin de diminuer cet effet d’attentisme.
Quelles sont vos prévisions en termes de ventes d’ici fin 2016 ? Selon vous, comment se comportera le marché de l’automobile durant les deux prochaines années ?
Nous devrions continuer sur le trend positif engagé depuis le début de l’année. Le marché marocain va continuer à croître constamment, il y a une réelle demande du marché et des offres toujours plus adaptées aux besoins des consommateurs.
Alors que la plupart des concessionnaires au Maroc développent aujourd’hui leur réseau en propre, car disent-ils c’est le meilleur moyen d’améliorer le SAV, Renault va à contre courant. Pourquoi ?
Nous avons un réseau en propre sur le grand Casablanca avec 5 sites, dont bon nombre ouverts depuis quelques années. Pour compléter cette couverture sur Casablanca et dans le reste du Royaume, nous pouvons nous appuyer sur des partenaires solides, fidèles à la marque depuis de nombreuses années, qualitatifs, qui nous permettront de fournir au client le meilleur des services. Une collaboration forte existe entre Renault Commerce Maroc et le réseau des concessionnaires avec de multiples formations pour les collaborateurs et un focus fort sur la qualité du service.
Vous êtes pratiquement arrivés à terme de la Vision 2016 annoncée il y a deux ans, et qui en somme pouvait être résumée à «Plus de modèles, plus de revendeurs, plus de Renault store». Pouvez-vous nous en dresser un premier bilan pour Renault Commerce ?
Nous comptons aujourd’hui le réseau le plus étendu du Maroc avec plus de 70 points de vente. Le réseau est 100% aux normes du Groupe, toutes les affaires sont «Renault Store». Nous sommes un des rares pays dans ce cas dans le monde. Le bilan est donc extrêmement positif tant en quantité qu’en qualité.
Cette vision 2016 s’était également fixée trois objectifs : améliorer le chiffre d’affaires, la profitabilité et l’image de marque. Pouvez-vous nous communiquer l’évolution de ces trois indicateurs ?
Les indicateurs évoluent tous de manière positive, je ne peux pas vous donner de détails chiffrés.
Aujourd’hui, quelle est la part de marché de Renault ? Est-elle en phase avec les prévisions de la Vision 2016 ? Quelles sont vos prévisions en la matière pour les deux années à venir ?
La part de marché du Groupe Renault est aux alentours de 38%. Notre objectif est de maintenir cette part de marché, une des meilleurs au monde pour le Groupe Renault.
Les ventes automobiles crèvent le plafond en ce début 2016 !
Si jusqu’à présent Renault Commerce Maroc domine toujours le top des ventes avec ses deux marques Dacia et Renault, ce n’est pas tout à fait le fruit du hasard. Il y a deux ans, le groupe s’est fixé des objectifs clairs, bien que non chiffrés, en mettant en place sa «Vision 2016» présentée par feu Stéphane Galoustian. Bien que très médiatisée lors de son lancement, le groupe n’a pas souhaité communiquer sur ses réalisations. Peut-être est-ce en raison de la montée en puissance de certaines marques, notamment Ford, qui talonnent de très près, Renault.
Ceci étant, en 2015, les résultats de la marque au losange sont au rendez-vous avec quelque 13 002 véhicules écoulés, renforçant ainsi sa position de deuxième marque du marché marocain avec 9,9 % de part de marché.
Deux modèles Renault figurent dans le top 10 des véhicules les plus vendus au Maroc, à savoir la Clio IV à la 7e position avec 4 696 exemplaires vendus, et le Kangoo à la 8e position avec 4 326 unités commercialisées.
Dacia, qui a fêté ses 10 ans au Maroc en 2015, est le leader du marché automobile national. Au cumul, Dacia a commercialisé 37 392 véhicules, et fini l’année avec 28,3 % de part de marché, en progression de 0,7 point. Les Logan, Dokker, Sandero et Duster occupent toujours le top 10 des ventes, respectivement à la 1ère (11 810 unités), 2ème (8 521), 3ème (6 355), et 4ème (6 009) places. Le Lodgy, porté par les ventes de la version « Grand Taxi », a fait son entrée dans le top 10 à la 9ème place, avec 3 634 unités vendues.
En ce début 2016, les deux marques continuent à performer. Durant le mois de mai, Dacia et Renault, avec Ford aussi, ont plus que tiré leur épingle notamment grâce à l’Auto-Expo. Les trois marques généralistes sont les seules à avoir franchi la barre des 2.000 véhicules vendus en mai 2016, respectivement en première (2.157), seconde (2.046) et troisième position (2.024). Ces labels réalisent des progressions fulgurantes à trois chiffres parfois. Volkswagen arrive 4e avec 1.552 véhicules vendus (+256% par rapport au même mois de 2015). Fiat a terminé le mois de mai en 5e position avec 1.185 unités en hausse de 70,5%.
Mais il faut dire que c’est tout le marché qui bénéficie d’une reprise exceptionnelle durant ces 5 premiers mois de 2016. Déjà, avant même l’Auto expo, alors que d’ordinaires les ventes piquent du nez, les professionnels n’en revenaient pas de la santé presque insolente du marché avec son taux de croissance à 17,53% au premier trimestre par rapport à la même période de 2015, affichant 35.566 immatriculations au compteur, contre seulement 30.262 un an plus tôt. Car historiquement, les mois de mars et avril qui précèdent le Salon sont des périodes creuses, les clients préférant reporter leurs achats pour bénéficier des promotions et autres formules de financement offertes. Une accélération que le marché doit aux seules voitures particulières (VP) dont les ventes ont progressé de 25,3% à 12.143 unités. Le véhicule utilitaire léger poursuivant sa chute libre (-26,6% à 818 immatriculations). L’embellie du mois de mars a bénéficié à de nombreuses marques comme KIA qui signe son retour en force, Jeep ou encore Jaguar, selon l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (Aivam). Les deux marques premium sont en pleine forme pour avoir plus que doublé leurs ventes. Volkswagen, Renault, Honda, Porsche, Dacia et Citroën se sont également bien défendues avec des hausses annuelles allant de 33 à près de 60%. Même refrain, si l’on tient compte des ventes sur les 5 premiers mois de l’année. Mieux même, cette fois-ci le taux de croissance des ventes flirte avec les 30% à fin mai.
Une hausse portée essentiellement par les véhicules de tourisme qui ont connu une variation de 35,61%. En termes de commercialisation, Dacia se classe toujours en tête du podium avec 17.400 unités écoulées à fin mai dernier. Renault arrive en 2e position avec 6.434 voitures vendues, la marque au losange est talonnée de près par Ford qui a enregistré 6.173 transactions.
Selon les professionnels, cette montée en régime permettra d’atteindre 140.00 véhicules vendus en 2016 pour arriver à 200.000 voitures à l’horizon 2020. Il n’empêche que cette embellie encore une fois ne touche que le segment des véhicules de tourisme, car le segment utilitaire demeure dans le rouge avec une variation négative de 14%.
Soumayya Douieb