Jair Bolsonaro: Une côte de popularité en chute libre…

Après cent jours au pouvoir où en est aujourd’hui la côte de popularité de Jair Bolsonaro, le premier président d’extrême-droite du Brésil à l’aune de l’adoption de mesures controversées telles l’assouplissement de la détention des armes à feu, les polémiques ayant trait à la commémoration du coup d’Etat ayant donné lieu à l’instauration au Brésil de la dictature militaire qui a duré de 1964 à 1985 ou encore le rapprochement avec Donald Trump et avec Benjamin Netanyahou, deux personnages qui soulèvent bien des remous même dans leurs propres camps?

S’il y a lieu de reconnaître, d’emblée, que l’administration du président Bolsonaro n’a bénéficié d’aucun état de grâce, force est de constater, toutefois, comme l’a relevé l’édition brésilienne d’El Pais du 8 Avril, que, depuis 1990, aucun chef d’Etat brésilien n’a vu sa côte de popularité chuter aussi vertigineusement après trois mois d’exercice.

Un sondage effectué par l’Institut Datafolha révèle, ainsi, que 30% des personnes interrogées estiment que le gouvernement de Bolsonaro est «mauvais» voire même «très mauvais». Et si, par ailleurs, 65% des personnes interrogées en Décembre dernier étaient persuadées que le nouveau président allait améliorer l’économie du pays, elles ne sont plus que 50% à le penser aujourd’hui.

Silvio Costa, responsable du site d’actualité parlementaire «Congresso em Fovco» ira même jusqu’à relever que «Jair Bolsonaro n’a jamais revêtu le costume présidentiel. Il a donné, au fil des semaines, le sentiment de n’avoir aucune notion d’éthique, de morale ou de respect nécessaire à sa fonction».

Qu’en est-il aussi de la situation des Noirs, des minorités sexuelles, des indiens alors que le chef de l’Etat, ardent défenseur de l’autoritarisme militaire, a un discours  résolument «anti-establishment» raciste, machiste et homophobe ?

D’ailleurs, les indiens n’oublieront jamais que Jair Bolsonaro, avait fait part en 1998 au journal Correio braziliense de sa profonde déception que «la cavalerie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que les américains qui, eux, ont exterminé leurs Indiens». A-t-il fait un quelconque pas en leur direction pour que ces derniers puissent lui « pardonner » de tels propos ? Absolument rien… Raison pour laquelle, lors du Carnaval de Rio, qui s’était déroulé du 1er au 9 Mars dernier, Raoni, un vieux chef indien à la lèvre distendue, venue du village de  Metuktire, dans la réserve de Capoto Jarina, dans l’Etat du Mato Grosso, avait dit aux journalistes venus l’interroger : «le président doit nous respecter.

La préservation de la forêt est notre affaire mais elle est aussi celle de l’homme blanc. Nous avons tous besoin d’air pur pour respirer et d’eau potable pour nous désaltérer… Le gouvernement doit comprendre que, dans ce pays, vivent l’indigène et le blanc et que chacun a son propre mode de vie. Nous vivons de la chasse et de la pêche alors que le Blanc en élevant du bétail sur de grandes propriétés se rapproche de nous et menace nos terres !…».

Autant dire que toutes les raisons et tous les ingrédients sont là pour que la côte de popularité de Jair Bolsonaro soit bien mise à mal. Est-il prêt à redresser la barre ? Y parviendra-t-il sans être tenu de changer son fusil d’épaule et de laisser de côté bien des «principes» qui lui tiennent tant à cœur? Rien ne le laisse penser pour l’heure et il ne semble pas être homme «à se laisser guider» mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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