Présidentielles brésiliennes : Jair Bolsonaro entre en campagne

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Craignant, comme la peste, un retour de Luiz Inacio Lula da Silva aux commandes du Brésil alors qu’un sondage réalisé, en juin, prévoit que le fondateur du Parti des Travailleurs (PT) recueillerait 47% des suffrages, au premier tour, et ne lui laisserait que 28% des voix, le président sortant d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, bien décidé à regagner du terrain face à son adversaire, a lancé, ce dimanche 24 Juillet, à partir du « Macracanazinho » (le petit Maracana), un gymnase attenant au mythique stade de Rio de Janeiro, sa campagne en vue de sa réélection à l’issue de la présidentielle d’Octobre.

Accompagné de sa femme Michelle, grâce à laquelle il espère attirer le vote féminin et appelant ses partisans à le soutenir en descendant dans la rue le 7 septembre prochain – jour de la fête nationale – comme ils l’avaient fait, l’année dernière en scandant des slogans anti-démocratiques, le président sortant s’en est pris, comme à son accoutumée, au Tribunal Fédéral Suprême qui avait reconnu son implication dans la condamnation et l’emprisonnement de l’ancien président Lula da Silva, sur la base de fausses accusations et de toutes sortes de tripatouillages.

Etant apparu sur scène avec un gilet pare-balles sous sa chemise après qu’un important dispositif de sécurité, incluant des détecteurs de métaux, ait été mis en place du moment qu’un mois avant l’élection présidentielle de 2018, il avait été poignardé au ventre au cours d’un rassemblement, le président Bolsonaro a interpelé les jeunes brésiliens qui seraient attirés par la gauche, en les invitant à s’enquérir de la triste réalité des pays qui étaient soutenus par Lula. « Regardez le Venezuela (…) regardez où va notre Argentine dont 50% des habitants sont proches du seuil de pauvreté » scanda-t-il à leur adresse.

Se présentant comme le « capitaine du peuple », le président Bolsonaro qui s’est posé en défenseur des brésiliens et de la démocratie à grand renfort de références chrétiennes a déclaré prier Dieu « pour que le Brésil ne connaisse jamais les douleurs du communisme » et accusé son prédécesseur, sans le nommer expressément, d’avoir la ferme intention de restreindre les libertés s’il revenait au pouvoir.

Or, même si ses conseillers lui ont recommandé d’axer son discours sur les questions économiques et sociales, notamment la diminution des prix des carburants et le renforcement des aides sociales et d’abandonner cette controverse qui lui est si chère et qui a trait à la dénonciation du « vote électronique », le président sortant qui a prononcé un discours centré sur des sujets chers à sa base électorale comme la religion, la famille ou encore l’armée continue, néanmoins, à mettre en doute la sincérité du scrutin en multipliant les attaques contre le système de vote électronique brésilien à telle enseigne qu’il laisse planer le doute sur le fait qu’il accepterait le résultat de l’élection présidentielle en cas de défaite.

Ainsi, dans le discours de près d’une heure qu’il a prononcé, ce lundi, devant plusieurs dizaines d’ambassadeurs, le président Bolsonaro voulant, à tout prix, faire accepter, par l’assistance, l’idée que le scrutin pourrait être frauduleux du seul fait de l’utilisation du vote électronique et montrant son acharnement à vouloir « corriger les défauts » du système sans même fournir la preuve de ce qu’il avance alors que cette formule « électorale » a démontré sa fiabilité depuis 1996, a poussé l’ambassadeur des Etats-Unis à réagir, immédiatement, en déclarant que « les élections au Brésil, testées au fil du temps par le système électoral et les institutions démocratiques, servent de modèle aux nations de l’hémisphère et du monde entier ».

C’est dire que, par son entêtement, le président Bolsonaro donne non seulement l’impression de mettre en doute sa réélection mais aussi l’éventualité de contester le résultat du scrutin en cas d’échec.

Alors, attendons pour voir….

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