Pour «une migration sans danger dans un monde qui bouge»
A l’instar des pays du monde entier, le Maroc a célébré, lundi, la journée internationale des migrants qui se veut le moment propice pour mettre en évidence la situation de cette frange de la société qui contribue au développement des pays d’origine et d’accueil et constitue une richesse culturelle mondiale.
En effet, l’occasion est idoine pour mettre l’accent sur la nécessité d’assurer un engagement gouvernemental et une coopération internationale à même de garantir la protection des migrants et relever les défis imposés par la migration internationale.
Cette année, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a choisi de célébrer cette journée internationale des migrants sous le thème : «Migration sans danger dans un monde qui bouge».
Mêlés à des éléments d’imprévisibilité, d’urgence et de complexité, les défis et les difficultés des migrations internationales exigent une action collective entre les pays et les régions et une coopération renforcée, dans lesquelles l’ONU joue un rôle très important notamment en matière d’ouverture des débats et de promotion de la coopération et de l’échange des expériences. Dans son message à l’occasion de la journée internationale des migrants, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a indiqué que cette journée constitue «l’occasion pour nous de reconnaître les contributions qu’apportent les 258 millions de migrants de par le monde et d’en célébrer la vitalité».
Et d’ajouter que «les migrations ont toujours existé: depuis les temps immémoriaux, les êtres humains se sont déplacés, en quête de nouveaux débouchés et d’une vie meilleure. Et elles continueront d’exister, à cause des changements climatiques, de l’évolution démographique, de l’instabilité, de l’aggravation des inégalités, des besoins des marchés du travail et de la recherche de meilleures conditions de vie». Pour Guterres, «les preuves ne manquent pas pour montrer que les migrants produisent des avantages économiques, sociaux et culturels pour toutes les sociétés. Et pourtant, a-t-il déploré, l’hostilité envers les migrants ne fait, hélas, que croître à travers le monde. Il est, plus que jamais, urgent de faire preuve de solidarité avec les migrants », a estimé le SG de l’ONU. « L’an dernier, les dirigeants mondiaux se sont engagés à conclure un pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières à l’horizon 2018 », a rappelé Guterres.
Pour ce faire, a-t-il estimé, il est nécessaire d’engager « une coopération internationale effective qui permet d’encadrer les migrations de sorte que les bénéfices qu’elles apportent soient plus largement répartis et que les droits fondamentaux de toutes les personnes concernées soient protégés, comme le préconise le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». «Les migrations sont un phénomène mondial mû par de nombreuses forces, en premier lieu desquelles l’aspiration à la dignité, à la sécurité et à la paix», a souligné de sa part, la Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, dans son message à cette même occasion. «Quitter son foyer est toujours une décision extrême et, trop souvent, le début d’un périple dangereux et parfois mortel», a-t-elle fait remarquer. Selon Azoulay, l’UNESCO s’emploie à servir les engagements du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en matière de migration, «en favorisant l’accès des réfugiés syriens à une éducation de qualité et en facilitant la reconnaissance des diplômes et des qualifications». «Au sein de la Coalition internationale de villes inclusives et durables, nous défendons au niveau local une approche accueillante envers les migrants. Nous renforçons les capacités des journalistes, afin de les aider à éviter la propagation des récits négatifs et à mettre en avant les histoires et les parcours des migrants», a-t-elle poursuivi. Audrey Azoulay a également fait savoir que dans le cadre du Groupe Grasmondial sur la migration, l’UNESCO et ses partenaires des Nations Unies s’engagent activement pour élaborer un accord mondial, afin que les migrations se déroulent en toute régularité, dans la sécurité et en bon ordre. Sur le plan national, le Maroc, conscient de l’ampleur stratégique de ces mutations et sensible à la situation des migrants sur son territoire, a amorcé, en 2013, une politique migratoire nouvelle, fondée sur le respect des droits humains et la gestion concertée, efficace et humaniste des flux migratoires, a souligné le ministère délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration.
Le Royaume, rappelle le département, s’est doté, conformément aux Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI, au contenu de la Constitution 2011, aux recommandations du Conseil national des droits de l’Homme et à ses engagements internationaux, d’une stratégie nationale d’immigration et d’asile, «humaniste dans sa philosophie, globale dans son contenu et responsable dans sa démarche». La vision adoptée dans la stratégie se fonde sur 6 principes directeurs, en l’occurrence: une approche humaniste, une approche globale, le respect des droits de l’Homme, la conformité au droit international, la coopération multilatérale rénovée et la responsabilité partagée. Pour concrétiser cette vision, 11 programmes d’actions ont été préparés, à savoir: Éducation et culture, Jeunesse et sport, Santé, Logement, Assistance sociale, Formation professionnelle, Emploi, Gestion des flux et lutte contre la traite, Coopération et partenariats internationaux, Cadre règlementaire et conventionnel, Gouvernance et communication.
L’objectif majeur de ces actions est d’assurer une intégration sociale réussie des migrants et réfugiés au Maroc, et ce, en concertation avec les Départements et institutions publiques concernés par la dimension migratoire. Dans ce contexte, des mesures administratives ont été prises pour régulariser la situation juridique d’un nombre important de migrants et de réfugiés et ainsi favoriser leur accès aux droits fondamentaux, notamment ceux relatifs à la santé, l’éducation, le logement, l’emploi, l’accompagnement social et juridique, les loisirs et le sport. Selon le ministère des MRE et de la migration, le Maroc est en phase de mettre en place un système national qui garantit les droits et les libertés des migrants. A cet effet, trois groupes de travail ont été créés pour la rédaction de trois projets de lois relatifs à l’immigration, l’asile et la lutte contre la traite des êtres humains. La Journée internationale des migrants a été proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU, le 4 décembre 2000, eu égard au nombre croissant des migrants dans le monde. Cette date coïncide également avec l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
Le 19 septembre 2016, l’Assemblée générale a adopté, à l’occasion du premier Sommet de l’ONU sur les réfugiés et les migrants, un ensemble d’engagements contenus dans la Déclaration de New York sur les réfugiés et les migrants, visant à renforcer la protection de millions de personnes déplacées de force et qui se déplacent pour d’autres motifs dans le monde entier.
La coopération entre les gouvernements en matière migratoire s’est renforcée depuis le dialogue de Haut niveau sur les migrations du 14 au 15 septembre 2006 des représentants de tous les États Membres de l’ONU ayant souligné le caractère universel des migrations internationales et reconnu que les migrations internationales pouvaient être un facteur positif de développement aussi bien dans les pays d’origine que dans les pays de destination, à condition qu’elles s’accompagnent d’un ensemble de politiques appropriées.
La quasi-totalité des États Membres qui ont participé à ce Dialogue a affirmé que le respect des droits et des libertés fondamentaux de tous les migrants est essentiel pour profiter des avantages de la migration internationale, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer et rehausser la coopération internationale en matière de migration internationale au niveau bilatéral, régional et international. Les chiffres des Nations Unies sur la migration montrent que le nombre de migrants internationaux est passé de 175 millions en 2000 à 232 millions aujourd’hui et que les migrants représentent au moins 20% de la population dans 41 pays, dont 31 pays disposent d’une population de moins d’un million d’habitants.
Fadwa Benhaka (MAP)