La lutte continue pour une nouvelle génération de droits au profit de la femme»

Deuxième congrès national du Forum Parité-Egalité

Réunis vendredi et samedi à Bouznika, sous le thème «l’égalité, levier de l’option démocratique», les travaux du deuxième congrès national du Forum Parité-Egalité (FPE), organisation parallèle du Parti du Progrès et du Socialisme, ont été marqués par l’adoption à l’unanimité samedi des rapports de ses différentes commissions relatifs à la feuille de cadrage, aux statuts et aux délégations outre le communiqué final.

Immédiatement après cette adoption, le conseil national a tenu sa première session, au cours de laquelle il a élu à l’unanimité Charafat Afailal, coordinatrice nationale du Forum.

Dans une allocution d’ouverture vendredi, Charafat Afailal, coordinatrice du comité préparatoire de ce congrès, également membre du bureau politique du PPS a souligné la portée de la cause féminine qui n’est ni une dérive sectaire, ni une question secondaire, ni une occasion pour distribuer présents, parfums et roses.

La cause de la femme au centre de l’édification démocratique

C’est une cause sociale qui se trouve au centre de l’édification démocratique pour une société de liberté, d’égalité, de démocratie, de progrès, de développement et de justice sociale. Le combat pour son triomphe requiert la participation de tous les démocrates, des défenseurs des droits humains, des intellectuels éclairés et des modernistes de tout bord quelle que soient leurs tendances intellectuelles et culturelles, hommes et femmes.

Un contexte inquiétant

Ce congrès se tient dans un contexte très difficile marqué par les répercussions de la pandémie du Covid-19, la flambée des prix, la sécheresse et la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui auront un impact négatif sur la vie des populations dont en premier lieu les femmes, qui paient le prix fort des inégalités hommes-femmes à tous les niveaux.

Pour illustrer ses propos, selon lesquels le Maroc occupe la 135ème position sur 145 pays dans le rapport du Global Gender Gap (ou rapport mondial sur l’écart entre les femmes et les hommes), Charafat Afailal a fait savoir qu’en 2019, quelque 7,9 millions de femmes ont subi des violences et 18% d’entre elles en âge de travailler en milieu urbain sont employées contre 27% en milieu rural.

Les femmes représentent moins du tiers des cadres supérieurs et elles sont entre 10% et 20% à occuper des postes supérieurs publics.

Quant aux filles scolarisées, elles sont plus exposées que les garçons à l’abandon scolaire, a-t-elle, déplorant que le mariage précoce des mineures est devenu la règle et non l’exception.

Elle a également indiqué que les femmes sont plus exposées que les hommes à tous les maux sociaux dont en premier lieu la pauvreté, la précarité, l’injustice, la Hogra et le non accès aux droits les plus élémentaires.

C’est pourquoi, l’actuel congrès du FPE a fait de l’égalité son mot d’ordre pour en faire un véritable levier du développement du pays.

Des acquis arrachés par la lutte

Au cours des dernières années, plusieurs réformes ont porté sur le code de la famille, le code de l’état civil, le code de travail, le code pénal, le code de la nationalité et le code d’encadrement des élections, a-t-elle dit, ajoutant que cette évolution a été sanctionnée par l’adoption de la Constitution de 2011, qui a consacré les principes de l’égalité et de la parité et de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Des progrès ont été enregistrés aussi au niveau de la représentation des femmes, a-t-elle, notant que cette évolution s’est ralentie à présent et que la situation a même reculé à bien des égards, à la suite notamment de la panne que connait le chantier constitutionnel relatif à l’égalité et à la parité, compte tenu de la faiblesse de la culture des droits humains.

Message au chef de gouvernement

Pour relever le défi, les militantes du FPE sont disposées plus que jamais à lutter de concert la main dans la main avec les composantes du mouvement féminin et les forces progressistes et démocratiques pour le triomphe de la cause des femmes, a-t-elle indiqué, rendant hommage à la coalition « Al Mounassafa Daba » pour son initiative visant à la mise en œuvre du chantier de la parité, prévu dans la Constitution de 2011.

Et Charafat Afailal d’appeler le chef du gouvernement à recevoir les représentantes de la coalition «Al Mounassafa Daba» pour écouter leurs doléances.

«Je ne suis pas la porte-parole officielle de cette coalition, mais en tant que l’une de ses composantes, je demande à Monsieur le Chef du gouvernement à faire preuve d’ouverture sur le mouvement féminin et à bien vouloir fixer un rendez-vous pour accorder une audience à la coalition «Al Mounassada Daba» qu’elle attend depuis une longue date».

Message aux acteurs

Et la défenseure des droits de l’homme en général et de la femme en particulier  d’appeler tous les acteurs à prendre part au triomphe de la cause de la femme, expliquant qu’il ne peut y avoir de progrès, de développement et de démocratie sans égalité homme-femme. Toutes les femmes du monde et au Maroc en particulier méritent un meilleur traitement égalitaire avec l’homme, a-t-elle dit, saluant au passage les femmes actives au foyer, les veuves, les femmes violentées, les femmes dans les campagnes, les montagnes et les quartiers marginalisés, les travailleuses domestiques, les éboueuses, les détenues dans les prisons, les journalistes, les ouvrières agricoles, les ouvrières dans les usines, les mères célibataires, les filles scolarisées, les étudiantes, les fonctionnaires et les salariées, les victimes des guerres pour leurs sacrifices pour la société.

Pour une nouvelle génération de droits

Elle n’a pas manqué aussi de souligner que le PPS joue depuis sa création il y a plus de 80 ans un rôle avant-gardiste en matière de lutte pour la promotion des droits des femmes au Maroc.

Au moment où le fait d’évoquer tout simplement le sujet des femmes et la nécessité de promouvoir leurs droits était considéré comme une hérésie, le parti a poursuivi le combat pour la cause féminine et n’a cessé depuis de porter haut la main leurs revendications.

Au sein du FPE, a-t-elle indiqué, la lutte continue à travers l’organisation de ce congrès, qui confirme l’engagement de toutes les militantes à reprendre le flambeau pour relever les défis visant au respect de la parité au sein des partis politiques, des institutions élues et des fonctions représentatives. Le FPE se propose aussi de poursuivre le combat contre les stéréotypes, les clichés et les pratiques attentatoires à la dignité de la femme.

Le FPE appelle également à la mise en œuvre de la parité dans les centres de décision et des responsabilités publiques.

Il se propose aussi d’œuvrer pour la conformité de l’arsenal juridique et du cadre institutionnel aux normes constitutionnelles et internationales en matière des droits de l’homme et des droits de femmes en particulier.

Il est temps d’adopter des réformes audacieuses

C’est pourquoi, il estime nécessaire de procéder à la réforme du code pénal et du code de la famille, d’interdire le mariage des mineures et d’ouvrir le débat au sujet des lois régissant l’héritage, l’avortement et l’élargissement de l’espace des libertés publiques et individuelles.

Il est également temps de combler les insuffisances constatées au niveau de la loi de lutte contre la violence faite aux femmes, de renforcer les outils de lutte contre les violences et le harcèlement et de faire en sorte que toutes les filles puissent accéder à l’école et à l’hôpital.

Et Charafat Afailal d’appeler encore une fois toutes des composantes du mouvement de lutte pour la démocratie et les droits de l’homme et des femmes à militer de concert, la main dans la main, pour renforcer l’encadrement social et le plaidoyer civil et institutionnel, intensifier la lutte de terrain et la réflexion et multiplier les initiatives pour la promotion des droits humains des femmes et partant pour le développement du pays.

M’Barek Tafsi

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