La vague de froid, une grande source de souffrance pour les sans-abris

Par Khadija TAHIRI – MAP

Bien que ce retour des pluies très attendu dans la majeure partie du Royaume ravive l’espoir de l’ensemble des citoyens, après une succession des années de sécheresse et de crise hydrique, les sans-abris, eux, passent ces longues nuits glacées d’hiver, presque sans fin, à lutter contre cette vague de froid à la quête de chaleur et de survie.

Sans-abris, sans domicile fixe (SDF) ou itinérant, chacun d’entre eux a une histoire différente à raconter et a ses raisons d’être dans la rue, d’y vivre, de dormir ou d’y héberger temporairement, mais leur destin est commun : misère, vagabondage et combat perpétuel à la recherche de ressources pour survivre à ce froid glacial et aux conditions de vie de camps.

Livrés à eux-même dans des conditions très précaires, ils tentent tant bien que mal de subsister. Certains, sans couvertures, dorment sur des bouts de carton, d’autres tombent dans les bras de Morphée à même le sol à ciel ouvert, avec comme seul protecteur des longues nuits d’hiver des vêtements usés, abîmés et sales.

Face à ces conditions difficiles, les acteurs associatifs se mobilisent pour alléger les souffrances de cette frange de la société, qui se sont appropriées les espaces publics, les gares routières et certains magasins, en leur offrant des aides alimentaires, des habits et des sacs de couchage, ou encore des logis pour quelques-uns.

Parmi ces acteurs figurent l’association « Koulna Maak » qui œuvre en matière d’humanitaire et de volontariat et dont l’objectif principal est l’insertion et la réintégration des sans-abris dans l’environnement social et familial.

Approchée par la MAP, sa présidente Nisrine Laouzi a indiqué que son association offre ses services pendant la saison hivernale actuelle qui connaît une chute brutale des températures à travers l’organisation d’une campagne pour la collecte de couvertures, de matelas, d’habits et de repas au profit des sans-abris et des personnes en situation de rue.

« L’ONG élabore des plans futurs pour contrôler les points de rassemblement des sans-abris afin de leur fournir l’aide nécessaire, le soutien urgent et leur réinsertion à l’avenir en se basant sur une approche fondée sur l’auto-entrepreneuriat (projets générateurs de revenus) dans le cadre d’un partenariat avec des acteurs nationaux et internationaux afin d’assurer leur réinsertion dans leur tissu social et contribuer à l’édifice d’une société intégrée et forte », a-t-elle expliqué.

L’actrice associative a également précisé que la pandémie de la Covid-19 a aggravé les souffrances des sans-abris puisqu’ils ont été délaissés avec l’adoption des mesures préventives, en particulier pendant le confinement.
Elle a, à cet égard, fait observer que l’association a organisé diverses activités sociales et humanitaires dans les villes de Rabat et de Témara, en plus des visites sur le terrain où certains sans-abris ont été accompagnés pour leur réinsertion au sein de leur famille à Khémisset et à Tifelt.

« +Koulna Maak+ a pu retrouver les familles de quelques-uns et d’héberger d’autres à Témara dans des locations, ainsi que d’offrir un habitat décent à des familles à Bouznika qui ont été mises à la rue étant donné que leurs chefs de ménage étaient au chômage et ne pouvaient plus payer leur loyer en pleine crise sanitaire », a ajouté Mme Laouzi.

L’association vient aussi en aide aux personnes défavorisées et aux plus démunis, notamment les sans-abris en leur distribuant des repas pendant le mois de Ramadan et une assistance médicale, tout en offrant des logements à certains Marocains résident à l’étranger (MRE) bloqués au Royaume après des mois de confinement, a-t-elle poursuivi.

Elle a, par ailleurs, estimé que « les personnes en situation de rue, la catégorie la plus vulnérable, sont le résultat de politiques défaillantes et de rudes expériences, notant que tous les acteurs nationaux doivent conjuguer leurs efforts afin d’assurer la protection de cette catégorie de la société en vue de réaliser la justice et la solidarité sociales ».

En dépit des efforts déployés par la société civile et les départements gouvernementaux concernés, cette frange de la société partage un destin inconnu et fait face à des souffrances quotidiennes notamment durant les circonstances exceptionnelles découlant de la pandémie, d’où une approche globale et intégrée s’impose pour trouver des solutions radicales et assurer la réinsertion de ces personnes dans la société.

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