Avec 25 films en moyenne par an, le Maroc apporte une contribution positive à la production cinématographique, ce qui en fait un modèle dans la région, a relevé la productrice marocaine Lamia Chraïbi.
Chraïbi, coproductrice du film «Mimosas, la voie de l’Atlas » qui représente le Maroc dans la section «Coups de cœur» du Festival international du film de Marrakech, a souligné l’importance de redoubler d’efforts et de réfléchir sur les moyens pour améliorer davantage la production nationale et faire face aux problèmes qu’affronte le cinéma marocain, notamment le manque de salles de projection.
La productrice qui a participé à de nombreux festivals et rendez-vous du 7e art dans le monde arabe et en Afrique, a constaté que les cinéastes marocains réalisent souvent des films d’auteurs, notant que ces films ne sont pas nécessairement commerciaux puisqu’ils sont porteurs d’une vision propre au cinéaste qui cherche à exprimer son point de vue sur des sujets les concernant.
Si ces œuvres ne rencontrent pas, selon elle, un grand succès, c’est parce qu’elles s’éloignent du registre de la comédie qui reste le plus populaire auprès du public tourné plutôt vers les films de divertissement et grand spectacle à la façon américaine et moins vers les œuvres intellectuelles traitant des problèmes de la société.
Chraïbi a également évoqué la problématique de manque de salles de projection, dont plusieurs ont dû fermer leurs portes, attribuant cette situation au faible niveau d’audience et son impact sur les rentrées, d’où son appel à assurer la mise à niveau des salles, leur modernisation et leur numérisation.
Cette situation, a-t-elle dit, se trouve exacerbée par la tendance des spectateurs à regarder de plus en plus les films sur DVD, tablettes ou sur la télévision numérique, outre le problème de piratage.
Sur son expérience en tant que femme dans le domaine de la production cinématographique, elle s’est dite « très chanceuse » d’avoir accompli tellement de réalisations que nombre de ses confrères n’ont pu réaliser, d’autant plus qu’elle jouit du respect et de la confiance des professionnels au Maroc et à l’étranger, ce qui ne pourrait que l’inciter à donner plus et produire davantage de films.
S’agissant de ses projets, Chraïbi a révélé qu’elle venait de terminer le tournage d’un film européen d’un réalisateur hongrois, coproduit avec le Maroc, se félicitant à cet égard de la confiance placée en elle eu égard à son expérience pour la production de cette œuvre filmée dans le Royaume.
Elle a indiqué avoir saisi cette occasion pour corriger certains stéréotypes sur le Maroc, notant que cela relève de la mission du producteur marocain dans tout projet de collaboration avec d’autres pays.
Evoquant le Festival de Marrakech, la productrice a souligné l’importance de cette manifestation en tant que fenêtre sur les cinémas et les cultures du monde, se disant satisfaite de la qualité des films de la sélection officielle, qu’ils soient en compétition, en hors compétition ou dans la section «Coup de cœur».
Le film «Mimosas, la voie de l’Atlas» qu’elle coproduit, a été projeté, mardi, dans le cadre de la section «Coup de cœur».
Cette co-production hispano-maroco-franco-qatarie du réalisateur français Olivier Laxe qui vit et travaille au Maroc, a été entièrement tournée dans le Royaume, en langue arabe, avec notamment le soutien du Centre cinématographique marocain (CCM) à travers le Fonds d’aide à la production cinématographique nationale.
Le film retrace le parcours d’une caravane accompagnant un cheikh mourant à travers le Haut Atlas marocain et dont la dernière volonté est d’être enterré près des siens.
Lamia Chraïbi qui a supervisé le tournage et voyagé avec la caravane dans le cadre de l’équipe du film, a qualifié d’«unique» cette expérience qui vient conforter ses réalisations en tant que productrice.
Après avoir fait ses classes dans des grandes agences de publicité parisiennes, Lamia Chraïbi monte une structure qui prend ancrage au Maroc pour développer la fiction dans son acception la plus large, accueillant d’importantes productions.
Dès 2007, Lamia Chraïbi devient Productrice déléguée et initie des projets d’envergure avec de jeunes réalisateurs de talent dont Hicham Lasri «The End» et Narjiss Nejjar «L’amante du Rif». Elle a également produit des téléfilms et des séries télévisées pour 2M.
Abdellah El Alaoui (MAP)