La croissance économique s’inscrit, selon les experts du Haut Commissariat au Plan (HCP) dans un équilibre qualifié de bas. La conjoncture économique actuelle marquée par une baisse de 9,7% de la valeur ajoutée du secteur primaire et une hausse de 3,1% du PIB non agricole serait favorable à la réalisation d’un taux de croissance de 1,5% à fin 2016 corrigé de 0,2% depuis le mois de janvier. Les pronostics pour l’année à venir tablent sur un taux de croissance de l’ordre de 3,5%. Un nouveau dynamisme de croissance en «harmonie des facteurs, des secteurs et des acteurs» est vivement recommandé.
Le modèle économique actuel nous contraint de rester dans le cadre d’un équilibre économique bas qui ne favorise pas la création de l’emploi ni un accès soutenu au marché de l’emploi. Les propos sont d’Ahmed Lahlimi qui animait mardi à Casablanca une conférence de presse sur la situation économique en 2016 et ses perspectives en 2017. La croissance continuera d’être portée par la demande intérieure et le maintien de l’investissement à un rythme soutenu et de la consommation finale à un rythme modéré, a-t-il précisé lors de son intervention. Pour lui, la situation économique actuelle serait favorable, compte tenu de la baisse des cours des matières premières, des transferts MRE et des équilibres macroéconomiques, à une relance économique.
En témoignent aussi la baisse du déficit budgétaire qui se situe à 4,1%, le déficit de 2,2% de la balance des paiements et aussi le niveau jugé soutenable du taux d’endettement public qui s’établit à 81% du PIB. La situation de relance est aussi appuyée par le niveau élevé des réserves de changes et la baisse des taux d’intérêts. La liquidité bancaire est en amélioration continue et structurelle. Elle passe de -16,5 milliards de dirhams en 2015 à +7,7 milliards en 2016 et 20 milliards en 2017.
Néanmoins, regrette Lahlimi, cette amélioration des liquidités combinée à la baisse des taux d’intérêt n’a pas eu l’effet escompté puisque les crédits bancaires ont régressé en moyenne de 16% en 2003 à -3% en 2011. Parallèlement, la demande intérieure décélère et passe de 5,8% à 2,3%. Au même moment, la dette financière a presque doublé, soit 16,6% en 2004 contre 31,2% dix ans plus tard.
Pour le haut commissaire, la croissance économique continuerait de varier dans une fourchette de 1% à 3% au gré des aléas climatiques.
Le Maroc doit être interpellé sur la non soutenabilité de cet équilibre bas, conclut Lahlimi. Et d’expliquer, «que les réajustements budgétaires, l’aisance financière et l’illusion de l’efficacité de la politique monétaire ne doivent pas occulter les risques de cette situation sur la pérennité des équilibres macroéconomiques et sur ses conséquences sur l’emploi». Et d’ajouter «Une simple atténuation de la baisse du taux d’activité modifierait, d’une façon inquiétante, le taux de chômage. Une modification, toujours possible, des conditions d’accès au financement extérieur mettrait en péril notre capacité d’endettement et la soutenabilité de l’amélioration de notre croissance», ajoute le haut-commissaire.
Fairouz El Mouden
Crise du BTP
Les faiblesses de notre croissance résident davantage dans le niveau de diversification et de compétitivité du secteur non agricole. La forte décélération des activités tertiaires qui constituent 66% de la valeur ajoutée de ce secteur a coïncidé avec la crise du BTP et en particulier, celle du bâtiment qui représente plus de 80%.
Nouveau modèle de éveloppement
Cette évolution indique la voie à baliser pour l’avènement progressif d’un nouveau modèle de développement porté par l’industrie, en particulier, les industries classiques du Maroc qui jouissent d’effets d’entrainement des plus élevés sur la croissance de la valeur ajoutée et la création d’emplois. Ceci ne doit permettre, en aucune manière, bien au contraire, de sous-estimer le précieux apport à l’économie nationale des nouveaux métiers du Maroc et en particulier, à la compétitivité de ses exportations. Elles sont, néanmoins, interpelées sur la perspective de leur rôle dans la dynamisation de leur environnement socio-économique national par le développement de nouvelles activités industrielles et de services à forte valeur ajoutée
Plan Maroc Vert
L’intensification des programmes du Plan Maroc Vert, les produits de l’arboriculture, du maraichage et de l’élevage ont vocation à demeurer une mine de valeurs ajoutées et d’emplois, un moteur du processus d’industrialisation de notre pays et un vecteur d’adaptation de notre système de production aux normes du développement durable. A cet effet, elle aurait vocation à compenser la baisse tendancielle de mobilisation des ressources de base, notamment la terre et l’eau, continuer à porter le dynamisme amorcé de l’agro-industrie et bénéficier du nécessaire effort de diversification des marchés extérieurs et une amélioration du pouvoir d’achat des ménages nationaux.