Le mode de vie oasien: un legs précieux à préserver

Les oasis constituent un capital précieux dans le paysage naturel du Maroc et comptent parmi les richesses naturelles et culturelles du pays, mais elles sont confrontées à des défis majeurs liés à la pénurie des ressources hydriques qui est exacerbée par les changements climatiques. Les études menées pour un diagnostic de la situation font souvent état du rôle planétaire de cet écosystème et de son importance fondamentale au niveau local et national sur les plans socio-économique, écologique et culturel.

Les recommandations émises pour valoriser cet écosystème insistent sur la nécessité de renforcer la résilience des oasis. Lieux d’habitation, de production agricole et de civilisation millénaire de l’aride, ces zones jouent indubitablement un rôle vital en termes d’escale, d’échanges culturels, de passage et d’accueil de transitaires et de curieux de la nature et de l’exotisme dans de grands espaces désertiques.

Les zones oasiennes disposent d’un patrimoine naturel, culturel et architectural exceptionnel et constituent un espace vaste recouvrant près de 32% du territoire national. Cet indicateur explique justement l’importance d’agir avec célérité, en vue d’appliquer les stratégies conçues pour sauvegarder les oasis qui ont des fonctions sociales, écologiques et économiques.

A cet effet, tous les intervenants sont appelés à mutualiser les efforts et à concevoir des solutions adaptables au contexte local pour atténuer in fine les difficultés posées par la pénurie de l’eau, la dégradation de la qualité du sol, la diminution de la biodiversité, le recul de l’activité agricole qui est la principale ressource de revenu d’environ 80% des populations oasiennes, et la perte de savoir-faire local ancestral et millénaire.

C’est d’ailleurs dans cette optique que le président du point focal du Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO), Lahcen Kabiri, a plaidé, dans une déclaration à la MAP, à coordonner les efforts pour élaborer des stratégies concertées de développement durable des oasis, en focalisant l’intérêt sur l’élément humain notamment la femme et les jeunes.

D’autres experts préconisent la valorisation du potentiel oasien, à travers une vision de développement durable avec la mise en oeuvre d’actions de nature à sauvegarder ce patrimoine, notamment sa biodiversité et son système humain.
Tout plan de développement conçu pour résoudre les maux dont pâtissent les oasis devrait répondre aux enjeux de la valorisation du potentiel économique et du développement durable, estiment-ils, déplorant le déficit qu’accusent ces espaces en termes de développement humain.

Selon eux, ce constat renseigne abondamment sur la réalité dans les oasis, une situation qui nécessite plus d’efforts, de la part de tout un chacun, pour créer une dynamique vertueuse de nature à réhabiliter ces territoires et à assurer leurs fonctions socio-économiques en renforçant l’accès aux services de base et en mettant à profit les ressources naturelles dont ils regorgent.

La filière agricole servira d’exemple pour mieux comprendre comment les oasis produisent beaucoup de richesses comme les dattes, le safran, les roses et le henné, alors qu’elles affichent des rendements encore peu compétitifs.

Pour transcender ce paradoxe, les experts sont d’avis que le temps urge d’apporter des solutions audacieuses aux problématiques des oasis, citant le cas de la région Draâ-Tafilalet qui abrite le plus grand nombre de ces écosystèmes.

En effet, les oasis de Ferkla et de Todgha constituent des cas concrets de zones souffrant cruellement de la pénurie d’eau et que les dérèglements climatiques risquent d’aggraver et engendrer, en conséquence, la dégradation de l’écosystème (sol, eau, couvert végétal et patrimoine culturel) et un anéantissement de ces oasis.

Le cas de l’oasis Ferkla est encore plus révélateur puisque la ressource en eau est déjà limitée par rapport à une demande assez importante exprimée par une population active pour exploiter un sol de bonne qualité. En d’autres termes, des surpressions subies par l’eau pourraient être à l’origine du mal de cette belle oasis.

Cette région, où la culture du palmier dattier prédomine, a subi pendant les années 80-90 « un grand choc » avec des conséquences sur la production phoénicicole et la biodiversité.

Avec un effort de mémoire, les habitants de cette zone se rappelaient comment Ferkla satisfaisait naguère leurs besoins de subsistance avant d’être touchée par la sécheresse.

Malgré les efforts indéniables déployés par les différents intervenants dans la perspective de changer la donne, les résultats restent de portée limitée devant l’ampleur des contraintes auxquelles font face les oasis, où le plus grand défi à relever consiste à sédentariser les populations, le but étant de remédier aux méfaits causés par l’exode.

Ce constat est partagé par la communauté intellectuelle qui déplore la surpression sur les ressources naturelles locales, appelant notamment à construire les barrages en nombre suffisant, à mobiliser les ressources hydriques et à partager les bonnes techniques agricoles.

La mise à niveau des khettaras, la lutte contre l’ensablement, le développement de l’écotourisme et l’éducation environnementale, constituent également des alternatives pouvant contribuer à la sauvegarde des oasis en tant que territoire naturel et culturel où il fait bon vivre.

Le Maroc, qui compte énormément d’espaces du genre, gagnerait plus en renforçant la résilience de ces écosystèmes pour continuer à exister et jouer pleinement leurs rôles environnemental, social, économique et culturel.

Mohamed Nassiri (MAP)

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