Le PPS rend un vibrant hommage à Mustapha Derkaoui

Nabil Benabdallah : «Derkaoui est un artiste acquis aux valeurs de la liberté, la démocratie, l’égalité et la justice sociale»

Ce fut une soirée ramadanesque plus qu’extraordinaire qui s’est déroulée vendredi soir au cinéma Ritz à la métropole. Une soirée, pour le moins que l’on puisse dire,  haute en couleur et pleine d’émotion, où le public est venu en grand nombre pour rendre hommage à l’un des plus talentueux et des plus grands cinéastes qui ont marqué à jamais les annales du 7 e art au Maroc. Poètes, écrivains, personnalités du cinéma et du théâtre ont fait le déplacement pour participer à cet hommage et apporter leur lot de reconnaissance à travers leurs témoignages sur l’une des figures les plus emblématiques du champ artistique au Maroc.

Il faut reconnaître aussi, que Mustapha Derkaoui, «constitue, à lui tout seul, une école et non des moindres»,  comme l’a souligné à Al Bayane, le réalisateur, Hassan Benjelloun. En fait,  de l’avis quasi-unanime des critiques de cinéma, avec quelques nuances, les films de l’enfant de l’Oriental dénote d’une prise de conscience du rôle primordial de l’art dans la socialisation des individus et  la construction des sociétés modernes. Derkaoui, compte à son actif 10 films qui la plupart traitent les problématiques sociétal avec une vision politique de gauche comme c’est le cas de son long métrage «De quelques événements sans signification», sorti en 1974 qui évoque la question de l’idéologie et l’impact des structures sociaux sur le sort des individus. Idem pour «Casablanca by night», où le réalisateur comment la pauvreté peut être une source de tous les maux.

Placée sous le thème «le cinéma, passion et engagement», hommage organisé par l’Espace-Cadres du PPS à Casablanca a été marquée par l’intervention du secrétaire général du parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah qui a loué cette initiative  qui rend hommage « l’artiste, le militant et l’homme qui a rendu de grandes services à sa nation et défendu avec abnégation les valeurs nobles et les causes justes  et ce sur plusieurs fronts, notamment artistique afin d contribuer, par conséquent,  à élever le degré de conscience des citoyens et au progrès de la société », a-t-il laissé.

« Nous sommes réunis  aujourd’hui pour célébrer le parcours d’un grand personnage du champ cinématographique national et  lui rendre hommage. Un parcours riche et distingué d’un militant  souvent acquis  aux véritables causes de sa patrie et aux principes et valeurs de la liberté, la démocratie, l’égalité et la justice sociale », a souligné le leader du parti du Livre.

Natif de la ville d’Oujda, Mustapha Derkaoui a rejoint dès son jeune âge  le parti communiste marocain (PCM).  Pour l’histoire, il a intégré au début des années soixante la cellule du PCM située au quartier mythique de  Derb Sultan aux côtés de son frère Abdelkrim, El Arbi Belâakaf et Imad Ahmed. Ces derniers qui s’adonnaient au théâtre et aux techniques de communication au conservatoire de musique de Casablanca, ont pris le soin d’adapter et de produire la pièce théâtrale « Le dispensaire  » du grand dramaturge irlandais  Sean O’Casey, au congrès de l’union nationale des étudiants marocains (UNEM) en 1964 au Collège Moulay Youssef à Rabat, a fait savoir le secrétaire général du PPS.

Pour Nabil Benabdallah, le choix de jouer cette pièce n’est nullement un acte fortuit de la part de l’enfant de l’Oriental, car le dramaturge irlandais était connu pour son fort engagement politique et sa sympathie avec le mouvement communiste, a-t-il indiqué.

Il ne faut pas aussi oublier que Mustapha Drkaoui a poursuit l’intervenant avait souvent la fibre militante. Il a  pris part au mouvement contestataire du  23 mars 1965 en compagnie des dirigeants du parti, Abdelhadi Mesouak et Aziz Blal…

Un cinéaste habité par le cinéma

De son côté, Touria Jebrane dans une allocution lue en son nom,  a mis en exergue les qualités humaines et professionnelles du cinéaste marocain. «Derkaoui figurent parmi ceux qui ne cédait jamais pas la facilité. Il était souvent en écoute de son for intérieure tout en interagissant avec la dynamique de la société», a-t-elle souligné en substance, avant d’ajouter «il m’a appris le professionnalisme du créateur. Ses œuvres sont d’une grande valeur pour le cinéma national».

Même son de cloche pour Abdelilah Al Jaouhari au nom de l’union des réalisateurs et auteurs marocains (URAM) a considéré que les œuvres cinématographiques de Derkaoui font preuve d’un engagement intellectuel profond et sont inspirées de plusieurs univers. «Il est le maître de silence. Il élève la voix quand toutes les autres voix  se  taisent. Il est acquis à ses convictions,  nonobstant les obstacles et loin de la logique du profit». Bref,  Mustapha Derkaoui, faisait parti de ceux qui font le cinéma pour le cinéma ou plutôt «Il est habité par le cinéma», comme l’a affirmé le cinéaste  Abdelkader Laktaa.

Khalid Darfaf

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