Les aborigènes dénoncent la campagne raciste dont ils sont victimes…

Une simple caricature parue dans le quotidien national «The Australian» le 4 Août dernier, journée dédiée aux enfants des aborigènes d’Australie rappelle que la question de la place qu’occupent les indigènes dans la société australienne est très sensible.

En effet, un banal dessin montrant  un policier ramenant un adolescent à son père qui, tenant une bière à la main, lui demande : «C’est quoi son nom ?», a fait sortir cette communauté hors de ses gonds à tel point que les réactions des hommes politiques ne se sont pas faites attendre.

Le Chef de file des Verts, Richard Di Natale a dénoncé une caricature «raciste» qui veut dire que «les parents aborigènes n’aiment pas leurs enfants, qu’ils sont fainéants et alcooliques» alors que, de son coté, Nigel Scullion, le ministre des Affaires aborigènes, considère que ce dessin «de très mauvais goût» reproduit «un stéréotype raciste». La Banque Suncorp et le Festival Adélaide ont, pour leur part,choisi de se désolidariser du journal en annonçant le retrait de leurs campagnes publicitaires.

Joel Bayliss, un aborigène voulant transformer le sentiment d’amertume ressenti en «quelque chose de positif» a, quant à lui, posté sur «Twitter» une photo en compagnie de ses deux enfants avec comme légende «Je suis un père aborigène fier»…

En quelques heures, la toile a été inondée de photos, de souvenirs de famille et de déclarations d’amour de pères aborigènes. Ainsi, l’aborigène Ryan Griffen, créateur de la série à succès «Cleverman» a «tweeté» la phrase suivante : «Non seulement je connais le prénom de mon fils, mais en plus, j’ai créé un super-héros qui porte son nom».

Une autre personnage célèbre, le responsable de la ligue de rugby, a posté une photo où il apparait en compagnie de son fils lors d’une partie de pêche en précisant «Moi et mon plus jeune enfant… Et un poisson ! Pas une cannette de bière !»

Venant à la rescousse de son dessinateur le journal «The Australian», par la voix de son rédacteur-en-chef  Paul Whittaker, se dit «fier de contribuer au débat national sur le sujet crucial des affaires aborigènes» et reproche à certains organes de presse de « nier l’existence d’un problème sérieux » qui a été évoqué fin juillet dernier dans un documentaire où l’on voit des mineurs, principalement aborigènes, maltraités dans les prisons et ce, alors même que si la communauté aborigène représente seulement 3% de la population australienne, plus de la moitié de la population carcérale âgée de moins de 17 ans est constituée de mineurs aborigènes.

Bien que choqué après la diffusion d’images  de scènes de tortures et de violences dans les prisons pour mineurs, le Premier ministre a rejeté l’idée d’une enquête nationale ordonnant, toutefois, une enquête ciblée portant sur le seul centre de détention vu dans le documentaire.

Enfin, Jerry Munro, militante pour les droits des aborigènes n’y va pas de main morte : «C’est l’une des attaques racistes les plus brutales contre nos jeunes dans l’histoire récente du pays. Et que va faire le gouvernement ? Envoyer un juge péquenaud conservateur pour faire de cette enquête une hypocrisie avant même qu’elle ait commencé ?».

Des propos qui résument clairement le sentiment de malaise que ressent la communauté aborigène d’Australie déjà fortement outrée et scandalisée par la décision récemment prise par le Premier Ministre de cesser de «subventionner leur choix de vie» et de «fermer» des villages aborigènes en raison de leur coût pour une société australienne qui ne veut plus leur fournir ces services essentiels que sont l’électricité, le gaz, l’eau, le logement, le transport, la santé et l’éducation.

Nabil El Bousaadi

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