Préparation des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée
-Par Jamal Eddine Felhi
Dans la perspective des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée, prévues les 20 et 21 du mois en cours à Tanger sous le thème « la régionalisation avancée : entre les défis d’aujourd’hui et de demain », le groupe du Parti du Progrès et du Socialisme au Conseil régional de Souss-Massa, a présenté une série de propositions ambitieuses pour accélérer le développement économique, social et humain de la région.
Les élus du PPS, Abdellatif Ouammou, Mohamed Laouina et Larbi Kansi, ont ainsi passé en revue, lors d’une réunion consultative, organisée à ce sujet mardi à Agadir, les défis auxquels Souss-Massa est confrontée et fait état des lacunes à combler en matière de promotion de l’attractivité de la région, d’investissement productif, de lutte contre le stress hydrique, de développement des transports, et de transformation numérique des collectivités territoriales en vue d’un développement régional intégré.
Dressant le constat de la situation, ils ont rappelé que l’axe Tanger-El Jadida monopolise à lui seul 68 % des activités industrielles nationales, un déséquilibre structurel qui se traduit, non seulement par une inégalité flagrante en matière de création d’emplois, mais également par une répartition asymétrique de la valeur ajoutée. À titre d’illustration, cette dernière atteint 330.000 dirhams par emploi dans l’axe Tanger-El Jadida, contre 160.000 dirhams dans le reste des régions.
Face à ces disparités, les élus du PPS soulignent l’urgence de rééquilibrer la répartition régionale de l’industrie nationale, un défi majeur dans le contexte d’une mutation démographique, marquée par une diminution progressive de l’emploi agricole. Ils insistent sur la nécessité impérieuse pour le secteur industriel de jouer un rôle moteur en absorbant cet excédent de main-d’œuvre, tout en favorisant une répartition plus équitable des opportunités économiques à travers l’ensemble du territoire national.
Pour une diversification de l’économie régionale
Ils mettent également l’accent sur l’urgente nécessité de repenser les stratégies actuelles pour doter Souss-Massa d’une dynamique industrielle plus équilibrée et compétitive, relevant que les exportations industrielles de la région Souss-Massa, d’une valeur de 4,7 milliards de dirhams, restent très dominées par les industries agroalimentaires et ne représentent que 1,3 % des exportations industrielles nationales. Des chiffres qui témoignent de l’ampleur du défi industriel à relever pour diversifier l’économie régionale, malgré les efforts déployés au cours des dix dernières années.
A cet égard, les élus du PPS insistent sur l’impératif de diversifier l’activité industrielle dans la région en s’affranchissant de la dépendance excessive de l’agriculture, du tourisme et de la pêche maritime. Ils plaident pour une mise en œuvre résolue et ambitieuse du Plan d’accélération industrielle, initié en 2018, afin de mieux positionner la région notamment sur le marché prometteur de l’Afrique subsaharienne.
Ils soulignent, par ailleurs, l’importance du développement des infrastructures de communication et de logistique pour assurer la réussite de la diversification économique de la région de Souss-Massa. En ce sens que ces infrastructures joueront un rôle stratégique dans l’attractivité et la compétitivité de celle-ci sur les plans national et international.
Les élus du PPS mettent également en lumière la nécessité impérative de stimuler les investissements dans des secteurs clés, telles que les énergies renouvelables, l’innovation technologique, et les industries orientées vers les besoins du marché local, lesquelles offrent un potentiel important. Il s’agit aussi, selon eux, de promouvoir le commerce et les services logistiques tournés vers l’international, à travers des activités comme l’offshoring.
S’agissant du projet de réalisation d’un port sec dans la zone industrielle de la commune de Drarga, à Agadir, les élus du PPS mettent également en avant son importance stratégique. Ils estiment qu’il facilitera les services portuaires et optimisera les opérations d’exportation en rapprochant les services logistiques des principales unités industrielles, agricoles et halieutiques de la région. Ce port sec viendrait ainsi répondre aux besoins croissants de connectivité et de compétitivité des entreprises implantées dans les trois zones industrielles d’Agadir, tout en bénéficiant aux acteurs agricoles des provinces de Chtouka-Aït Baha et de Taroudant, ainsi qu’aux unités de pêche maritime des zones du sud.
Parallèlement à ce projet structurant, les élus soulignent aussi l’importance de la modernisation urbaine de la ville d’Agadir, inscrite dans une dynamique de transformation visant à faire de la capitale du Souss un moteur de développement régional, tout en insistant sur l’urgence d’améliorer les infrastructures de transport et de mobilité dans la ville d’Agadir et les zones rurales et montagneuses environnantes.
Pour un schéma directeur de transformation numérique
En ce qui concerne la transformation numérique, les membres du groupe du PPS relèvent le retard notable qu’accuse la région de Souss-Massa à ce niveau, malgré les avancées réalisées dans l’évolution du cadre légal et législatif au niveau national. Face à cette situation, ils plaident pour l’élaboration d’un schéma directeur régional pour la transformation numérique, un outil stratégique devant permettre de coordonner et d’harmoniser les efforts en faveur d’une numérisation intégrale des institutions et des services régionaux. A cet égard, ils appellent à intensifier les initiatives visant à moderniser les mécanismes administratifs et à renforcer l’infrastructure technologique, afin d’optimiser les services publics et de garantir une amélioration globale des prestations offertes au niveau régional.
Concernant la problématique des ressources hydriques, ils estiment que les défis liés à l’eau ne peuvent être imputés uniquement à la succession des années de sécheresse, mais qu’ils trouvent également leur origine dans l’inefficacité structurelle des politiques agricoles en vigueur. Ces dernières mobilisent plus de 80 % des ressources hydriques nationales, tout en générant un gaspillage considérable en raison de la prédominance de l’irrigation traditionnelle au moment même où les terres dites « bour » (pluviales) représentent 87 % de la superficie totale cultivée.
Pour ce qui est de la question de la transition énergétique, qui constitue un pilier fondamental de la vision stratégique nationale pour atteindre un développement à la fois global et durable, le groupe du PPS insistent sur la nécessité, pour la région de Souss-Massa, de prioriser le développement des infrastructures dédiées aux énergies renouvelables, tout en intégrant une planification environnementale et stratégique de long terme. Cette démarche devrait s’accompagner d’un renforcement de la recherche et développement, de l’innovation, ainsi que d’un rôle accru des universités et des centres de recherche régionaux. Un programme qui inclut également le renforcement des partenariats avec des entités internationales pour bénéficier du soutien financier et technique pour la concrétisation des grands projets énergétiques.
D’autre part pour les élus du PPS, l’engagement dans les grands chantiers des réformes territoriales et la mise en œuvre du nouveau modèle de développement doivent impérativement placer le développement humain au centre des priorités. Ils estiment que la régionalisation avancée ne saurait être pleinement accomplie sans un engagement résolu à réduire les disparités sociales, à garantir une répartition équitable des ressources, et à offrir des opportunités d’emploi, en particulier dans les zones reculées. L’amélioration des infrastructures est également cruciale pour assurer des services de santé et d’éducation de qualité, à même de répondre aux attentes des populations.
Organisées par le ministère de l’Intérieur en partenariat avec l’Association des régions du Maroc, la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée a pour objectif d’évaluer les acquis et d’échanger les meilleures pratiques. Prendront part à cette importante rencontre des responsables gouvernementaux, des présidents de régions, des élus des Conseils communaux et des experts, ainsi que des acteurs politiques et économiques marocains et étrangers.