Pendant quatre jours, Ouarzazate était la destination préférée des créateurs de différents horizons, poètes, musiciens, chanteurs, peintres, producteurs de cinema du Maroc, Italie, Espagne, Arabie Saoudite, France qui se sont donné rendez-vous du 10 au 13 novembre 2016 dans le cadre de la 10e édition du festival Tamawayt International organisée par l’Association Anfas Ouarzazate pour la recherche artistique et culturelle en partenariat avec le conseil provincial et le conseil communal d’ Ouarzazate et de la société AcwaPower et le soutien du Ministère de la Culture , le Conseil régional Draa Tafilalte, le Conseil provincial de tourisme d’Ouarzazate et l’Office Régional d’investissement agricole Ouarzazate. Une édition qui a tenu toutes ses promesses et qui a suscité l’admiration du public qui a vibré au rythme de la musique et du chant pendant quatre soirées qui resteront gravées dans la mémoire du public Ouarzazi.
Le grand spectacle «Voyage», produit authentique de Tamawayt, au lancement
Le coup d’envoi a été donné le jeudi 10 Novembre 2916 avec le spectacle musico-poétique «Voyage» produit authentique du festival Tamawayt qui a réuni dans une résidence artistique le grand artiste Mjid bekkas, ambassadeur du style «African Gnaoua Blues», le Pianiste Jo Kaiat, le saxophoniste flutiste Manuel Hermia, le balafoniste Malien Aly Keita, Joseph Bessan Kouassi au tama et percussion, Khalil Benssouda à la bass, Yakou Daniel N’guessan à la batterie, en plus des musiciens locaux Jebraoui et Abdessalam et Meriam Boussetta avec les poètes Amazighs Moha Mallal et Omar Taouss, la Diva du Moyen Atlas Aicha Maya et le poète Hakim Ait Takniouine.
le spectacle a impressionné le public qui a été emporté dans un voyage poétique et musical reflétant l’image d’un dialogue nord sud, un dialogue entre les musiques Marocaines et notamment la musique Gnaoua et la musique Malienne et le vodo du Benin et l’improvisation jazz , et les poèmes et chants Amazighs, un mélange d’expression musicale issue de la musique spirituelle de Transe Gnaouie, métissée au Jazz et au Blues de sources africaines, style dont Bakkas est l’ambassadeur à travers le monde.
La poésie était à l’honneur le premier jour avec le poète du zajal Bouazza Senâoui , un poète qui se distingue par un style unique dans l’écriture poétique, puis le poète Saoudien Mohamed Alatiq et le poète Marocain Driss Belatar qui ont été très applaudis par le public venu nombreux au Palais des congrès .
La Palestinienne Kamilia Jubran présente «Wassl»
Une nouvelle expérience artistique a été proposée pendant la deuxième soirée du festival, il s’agit du spectacle musico-poétique «Wassl» qui a réuni la Palestinienne Kamilya Jubran, le Suisse Werner Hasler et la Contrebassiste et chanteuse Française Sarah Murcia et le poète Marocain Hassan Najmi.
Un spectacle novateur qui puise sa matière sonore dans l’univers de la contrebasse et de la trompette des musiques improvisées européennes, le traitement électronique des sons, et les allusions aux maqams, ces échelles de sons de l’univers arabo-ottoman-persan.
La troupe a interprété des textes inédits de Hassan Najmi et le Palestinien Salman Masalha.
Mouniya Allali de l’Italie, Mohamed Aachboune des Pats-Bas, Smail Elouaarabi et Samira Amlal sont les poètes qui ont pris part à cette soirée marquée également par le spectacle « awd Ala Badaa » de la troupe casablancaise Zomoroud qui entame une nouvelle expérience de création de son propre identité artistique après une longue interprétation du répertoire Almouachahates.
La soprano Samira Kadiri étoile de la 3éme soirée
La troisième soirée a été exceptionnelle avec le grand spectacle «Mazij» de la soprano Samira Kadiri qui revient à Tamawayt pour la 2éme fois consécutive, mais cette fois si pour partager son nouveau album Mazij/Mélange, une création musicale de qualité qui enrichit davantage le palmarès de cette artiste engagée et qui traduit sa volonté de porter la chanson marocaine au-delà des frontières, mais aussi de revaloriser le patrimoine musical national.
Devant une salle archipleine, la troupe Samira Kadiri a présenté ce travail artistique collectif qui allie à la fois l’héritage arabe et la musique méditerranéenne ibéro-andalouse, en mêlant des écrits littéraires ancestrales à des mélodies occidentales telles que le jazz, le fado et le flamenco… un travail qui se distingue , selon l’artiste, par sa proximité de différentes expériences et écoles méditerranéennes pour créer des ponts de communication à même d’éliminer les frontières entre les peuples.
Le public a eu également le privilège de suivre un excellent spectacle de Chanteuse de flamenco et de chansons espagnoles Maria José Santiago avant que la troupe de Samira Kadiri la rejoigne sur scène pour mener le public dans un périple artistique fantastique, esthétique et spirituel et dans un beau voyage musical issu des cultures marocaine et espagnole en interprétant ensemble un répertoire qui a beaucoup été apprécié par le grand public.
Le chant gitan, le Maoual mauresque gharnati, ainsi que d’autres connotations rythmiques et mélodiques ont fait le bonheur du public présent au palais des congrès.
Des poètes ont fait leurs lectures sur scène pendant cette soirée, il s’agit de Mohamed Abid, Nihad Benaaguida, Naima Kadiri, Souad Ouahmane et le poète Espagnol Pedro Enriquez accompagné du musicien Mustapha Elouardi.
Clôture sur les rythmes d’ahouach
C’est à la kasbah de Taourirte que le rideau est tombé sur la 10eme édition du festival par une soirée des arts populaires auxquelles ont pris partie la troupe Ahwach Ouarzazate, Ahwach Kelaat Mgouna et la troupe Rokba de Zagora, un spectacle en plein air qui a attiré un grand public fasciné par la richesse des arts populaires du Sud Est Marocain.
En outre, les poètes Bouazza Senâoui et Hafid Lamtouni ont tenu à présenter à la foule des poèmes, en plus d’Omar Taouss et Naima Ouihmane et la chanteuse de Tamaouayte Aicha Maya.
Théâtre, cinéma, arts plastiques, conférences au rendez vous
En parallèle avec ces spectacles, le programme a été riche de différentes activités. En effet, les établissements scolaires Mohamed VI, Sidi Daoud et Aboubaker Essidik ont accueilli les poètes, créateurs et hommes de lettres invités du festival dans des rencontres ouvertes de création littéraire qui ont permis aux élèves de rencontrer en direct des créateurs qu’il n’ONT jamais eu la chance de voir en direct.
Le théâtre était également présent à travers la pièce théâtrale «Cri» de la troupe Nawa de Casablanca. Alors que les étudiants de la faculté Multidisciplinaire d’Ouarzazate ont eu rendez-vous avec l’exposition et la discussion du court métrage Saoudien «Hour Aine» de sa productrice Shahad Ameen qui a présenté son expérience cinématographique et qui a bien voulu répondre aux différentes questions sur son film qui a suscité de grands débats.
Et à l’accoutumée, les arts plastiques étaient présents, à travers une exposition collective des artistes peintres Mohamed Malal, Mohammed Al Salmi, Meryem El Grioui et Ismail Abu Abbas du Maroc, Damon Gay de la France et les peintres Saoudiennes Manal Alawibeel et Diyaa Youssef. Avec une table ronde sur le thème «L’art Plastique Contemporain» et un atelier de dessin au profit des artistes locaux.
Et comme l’environnement était au cœur de cette édition en coïncidence avec la COP22, une conférence a été organisée autour du thème «la désertification au Sud-Est ; réalistes et alternatives» encadrée par Tayib Sadiki, Brahim Chihani et Aziz Bentaleb.
Une équipe talentueuse réussit le pari
Un grand festival de renommée internationale dans une petite ville. Il y a dix ans, naissait à Ouarzazate un festival qui se voulait carrefour des cultures des différents coins du monde et en particulier celles de la Méditerranée.
Il y a 10 ans, une équipe ambitieuse, passionnée, des idées presque utopiques plein la tête ont donné le coup d’envoi d’un événement qui a su s’imposer en tant que rendez-vous incontournable de l’Agenda culturelle Marocaine voire Méditerranéenne.
Il y a dix ans, le Festival Tamawayt faisait ses premiers pas à Ouarzazate et d’une édition à l’autre l’ambition devient de plus en plus grande et par conséquent la responsabilité d’amplifier les efforts pour aller de mieux en mieux.
En 2006 est né d’une idée presque unique de créer un rendez-vous poétique musical qui rassemble des créateurs de différents horizons. Une idée qui a été lancée comme une bouteille à la mer qui a fait un long chemin depuis.
Ainsi une équipe talentueuse, ambitieuse, persévérante, soudée et bien rodée au sein de l’Association Anfas Ouarzazate pour la recherche artistique et culturelle, présidée par Abdelhakim Ait Takniouine, l’homme a différents talents, a pu gagner non seulement le pari de mettre en vie cet événement, mais également celui de la continuité et de la régularité de son organisation, une équipe crédible qui a gagné la confiance des pouvoirs publics et des partenaires privés qui sont appelés néanmoins à davantage de soutien pour cet espace d’échange entre cultures et civilisations, ce cri pour défendre les valeurs de la paix et l’amour, et cette magnifique occasion de promouvoir les atouts touristiques et culturels et l’image de la ville d’Ouarzazate.
Hakim Ait Takniouine conduit son équipe en toute confiance vers le positionnement du Tamawayt en tant que festival dédié aux spectacles authentiques produits dans des résidences artistiques réunissant musiciens, chanteurs et poètes des différents coins du monde.
Mohamed El Ghazzi