L’artiste peintre Zahira Tigtate à l’honneur
Saoudi El Amalki
En ces moments de liesse et d’engagement à l’occasion de la célébration de l’an amazigh, il est bien évident que l’amazighité, en dépit de son parcours ascendant dans le sillage de son aspect officiel inséré à la loi suprême, s’attend ardemment à jouir également du jour férié, à l’instar de ses pairs grégorien et de l’hégire. Il ne fait pas de doute que cet acte symbolique ne ferait aucun mal, mais renforcerait cet élan de confirmation de la reconnaissance de l’un des fondements essentiels de l’identité de la Nation.
Par son attachement imperturbable à cette réalité identitaire, Zahira Tigtate, artiste plasticienne de talent, consacre son art et sa culture à l’émancipation de la langue de ses origines. Elle y met du cœur et de la vocation qu’elle ne cesse de transcender avec amour et passion, à travers ses œuvres viscéralement porteuses d’empreintes amazigh aussi bien sur le plan vestimentaire (parure, tunique, orfèvrerie argentée, maroquinerie) que celui des objets usuels (tapisserie, ustensiles, rite). Son ouvrage artistique qui reflète des cachets spécifiques du quotidien amazigh, repose sur la sobriété de la pensée et la fluidité de forme visiblement fondées sur le portrait figuratif. En effet, cette tendance peut paraître simpliste, mais en vérité, cette « naïveté » qui renvoie aussi à la virtuosité picturale de Chaïbia relève du rigorisme artistique, épris de pathétisme à souhait. La recherche plastique de Zahira ne verse jamais dans le misérabilisme maussade ni dans le pessimisme béat, mais s’imprègne de l’hilarité de l’âme, traduite par la couleur éclose et le contour jovial. Ses personnages sont globalement en rose munis d’instruments de percussion qui inspirent l’allégresse et la béatitude. En fait, ces trouvailles traduisent le sacerdoce de la mission de l’art, celui de la vie éternelle, mais encadré de principe de tout ce qui est beau, bien et bon. Les trois « B » sont omniprésents dans son travail et son cœur à jamais. Elle sait exprimer haut et fort son dégoût face à tel ou tel phénomène, comme elle ne cache jamais sa préférence pour la chevalerie de la noblesse. Dans son mur Facebook, elle n’a pas hésité de proférer ce message qui ne manque point d’enseignement : « On commémore l’an amazigh mais on ne se précipite guère vers les boutiques d’alcool ni ceux de chapelets et de l’encens… On célèbre et ne prie point pour la destruction de tel ou tel… On souhaite le bien pour toute l’humanité, sans exclusivisme. On fête le jour de l’an amazigh par la tenue des conférences d’intellects, des colloques et des débats… On gratifie la poésie amazigh fluide et on déguste le couscous, Tagla, Berkoukch et Ourkimen, en compagnie de nos cher(e)s, proches et ami(e)s dans une ambiance de fête conviviale. En voici nos joies et fêtes humbles comme notre humilité ! ». On dira à Zahira et la communauté marocaine amazigh : ASSGASS AMEGAS 2972 !