Louardi: «la défense du secteur public est une priorité du PPS»

Organisée par le secteur de la santé du parti du Progrès et du Socialisme (PPS), cette rencontre, placée sous le thème «quels leviers pour la réforme du secteur de la Santé ?», a été animée par Ahmed Zaki, membre du bureau politique (BP) du parti, avec la participation de Skalli Alaoui Touria, Fatiha Barnes, Abdelaziz El Ouardirhi, Noureddine Houri et Abdelhafid Oualalou.

Comme à l’accoutumée, le professeur El Housseine Louardi a tenu à inscrire son intervention dans une démarche interactive, en établissant un diagnostic minutieux du secteur, de la stratégie et des actions mises en œuvre ainsi que les perspectives à venir.

Problèmes structurels

Il faut dire que le membre du BP du PPS a tracé une feuille de route qui devrait servir comme référence de base pour ses futurs successeurs, leur permettant de poursuivre les réformes qu’il a déjà entamées. Cela signifie, a-t-il expliqué, qu’une réforme en bonne et due forme consiste à instaurer l’équité entre les régions, renforcer l’infrastructure sanitaire dans le monde rural et faciliter l’accès aux soins pour la population résidant dans les zones lointaines et montagneuses.  Autre point non moins important soulevé par lui, moderniser l’administration et se mettre au diapason de l’ère numérique. Et ce n’est pas tout. Le ministre a évoqué la question de la gestion des déchets hospitaliers qui demeure un véritable problème de santé publique. Abondant dans le même ordre d’idées, le conférencier s’est félicité de l’intégration de la dimension environnementale et du développement durable dans les statuts du parti lors du Congrès extraordinaire qui s’est tenu le 2 avril 2016 dans la ville de Salé.

Repositionnement institutionnel

L’ancien doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca a mis en exergue la stratégie adoptée par le gouvernement pour booster ce secteur. Une stratégie, qui d’ailleurs reflète la vision du PPS quant à la réforme de la Santé.  Cette stratégie a pour objectif de mettre en place un nouveau modèle de management basé sur l’établissement de partenariats public-privé,  l’ouverture du secteur à l’investissement privé et la mise en œuvre d’une gestion régionale des ressources humaines dont la finalité est de procurer au staff médical plus de responsabilité dans la prise de décisions et développer une culture de management participative et transparente.

Pour le professeur Louardi, «l’implication du capital privé ne signifie nullement une privatisation du secteur». «J’appartiens à un parti doté d’un référentiel socialiste et progressiste, qui fait de la défense du secteur public la priorité de ses priorités», a-t-il souligné en substance.

Arguments à l’appui, le militant du PPS a indiqué que durant la période allant de 2012 à 2016, plus de 109 nouveaux établissements sanitaires ont été créés et équipés. A cela s’ajoute également la construction d’un Centre hospitalier universitaire à Oujda et à Marrakech. Par ailleurs, d’autres projets de construction des CHU sont prévus à Tanger, Agadir et Laâyoune. Ce qui  témoigne de la volonté du gouvernement de renforcer l’infrastructure et le développer l’offre sanitaire, a-t-il laissé entendre.

Idem pour la couverture médicale, notamment le RAMED, élargie à plus de 9,5 millions de personnes. Récemment, cette couverture a concernés les immigrés et étudiants et prochainement, elle concernera les professionnels indépendants et les non-salariés.

A cela s’ajoute le plan national de prise en charges des urgences médicales lancé officiellement le 5 mars 2013 sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI et qui a nécessité une enveloppe budgétaire de 500 millions de DH et celui de la prise en charge des maladies mentales et psychiatriques, étalé sur 6 ans et doté d’un budget s’élevant à 747 millions de DH. Ainsi,  le ministre s’est dit amplement  déçu des campagnes menées par certains milieux visant à saper les efforts déployés par son département pour l’amélioration de la santé mentale des malades.

On ne badine pas avec la santé

S’agissant du secteur des médicaments,  le ministre a affirmé que son département a mis en place une politique nationale qui s’est assignée comme objectif de rendre le médicament plus accessible aux patients.  Outre la réduction des prix de plus de 2600 médicaments, le ministre a fait savoir que bientôt 120 autres produits médicaux vont connaitre une réduction. Dans ce sens, il a souligné que la politique du ministère consiste à encourager le produit local, qui a fait ses preuves et est conforme aux standards internationaux et classé «zone européenne». Le ministre s’est dit même étonné quant à certains médias qui usent  de l’intox et ne cessent de désinformer  l’opinion publique, en publiant de fausses informations concernant les produits fabriqués par des laboratoires marocains pour le traitement des maladies chroniques.

Service sanitaire national

ZakiSur un autre registre,  le conférencier s’est interrogé sur les visées de certains milieux qui ne cessent de s’acharner contre lui, une fois des  mesures  disciplinaires sont prises contre les contrevenants à la loi. «L’Etat ne badine pas avec la santé des citoyens et ma politique consiste à encourager les gens qui travaillent». Et d’ajouter, «il est inadmissible qu’une personne qui  travaille dans la fonction publique  viole la loi en déposant des certificats médicaux pour aller travailler dans le privé.  Cela relève de l’absurde». Bref, les ressources humaines sont la clé de voûte de la réussite de toute réforme, a-t-il déclaré, tout en mettant l’accent sur le fait que le secteur de la santé a connu la promulgation d’environ 93 textes de loi pendant le mandat du gouvernement actuel, relatifs à l’exercice de la médecine, au secteur paramédical, à l’autorisation de mise sur le marché (AMM), à la bioéquivalence entre autres.  Mais, le grand challenge, a-t-il déclaré, c’est de poursuivre les réformes pour la mise en œuvre du service sanitaire obligatoire, conformément à une démarche consensuelle. «Il est inconcevable que 42% des médecins du Royaume se concentrent sur l’axe liant Casablanca à Rabat alors que seulement 25% exercent dans le monde rural. Il s’agit d’un hiatus abyssal», a-t-il martelé. Qui plus est, le Maroc compte uniquement 1,5% médecins par mille habitants, ce qui le classe loin de certains pays voisins, sachant que l’OMS a fixé la norme internationale à 2,5%. Autrement dit, la réforme exige plus de dévouement et de sacrifices de la part de tous les acteurs du secteur de la Santé pour mettre un terme aux disparités régionales. Démocratie oblige!

Khalid Darfaf

Top