Macron poursuit ses consultations

Ronde des postes à l’Assemblée

Comment éviter le blocage parlementaire ? Emmanuel Macron continue mercredi son tour de table des forces politiques, à la recherche d’un difficile consensus à l’Assemblée où débarque l’important contingent de députés RN et où plusieurs postes de chefs de file sont attribués.

Le chef de l’Etat, silencieux sur la crise politique ouverte dimanche avec la perte de la majorité absolue par les macronistes à l’Assemblée nationale, pourrait aussi prendre la parole dans la soirée. Selon une source gouvernementale, « ça fait partie des possibilités de la journée ». D’autant que le président sera ensuite happé par une série d’engagements internationaux, dont le Conseil européen à partir de jeudi à Bruxelles.
En attendant, Emmanuel Macron a reçu dans la matinée le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts Julien Bayou, avant la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, et son ancien Premier ministre Edouard Philippe, patron du parti Horizons.

Des consultations à tous crins, après avoir vu défiler mardi Christian Jacob (LR), Olivier Faure (PS), François Bayrou (MoDem) et Marine Le Pen (RN).
Quelle porte de sortie Emmanuel Macron peut-il envisager ?
Edouard Philippe a appelé à la création d’une « grande coalition » pour donner « une direction stable » au pays.
Convié mardi, le communiste Fabien Roussel a lui affirmé que M. Macron envisageait, parmi d’autres scénarios, la constitution d’un « gouvernement d’union nationale ».
Une piste qu’il a aussi évoquée devant Marine Le Pen, a indiqué cette dernière à l’AFP, sans plus de précisions. Mais pas devant Olivier Faure et Christian Jacob, ont-ils assuré.
Le ministre des Relations avec le Parlement Olivier Véran a exclu que le RN et LFI puissent intégrer une quelconque majorité, car ils ne sont pas « dans l’arc républicain ».
Les pistes sur la table sont selon lui multiples: « un élargissement » de la majorité, « la poursuite du dépassement centre gauche/centre droit », « un élargissement encore plus large », ou « un système de majorité projet par projet, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite ».

Mais François Bayrou, le président du MoDem, également allié de la majorité, considère qu' »il n’y aura pas d’adhésion des partis aujourd’hui dans l’opposition à la majorité », et appelle plutôt à gouverner en « respect(ant) les différences ».
Au lendemain de la reconduction d’Elisabeth Borne, il laisse aussi entendre qu’il faut changer de Première ministre: « les temps exigent que le Premier ministre ou la Première ministre soit politique, qu’on n’ait pas le sentiment que c’est la technique qui gouverne le pays ».
Mme Borne recevra en tout cas la semaine prochaine les présidents de groupes de l’Assemblée, façon pour l’exécutif de montrer qu’elle reste pour l’heure en poste, même si sa situation apparaît précaire, un mois seulement après sa nomination.
« Ce n’est pas un fusil à cinq coups. On ne change pas de Premier ministre comme on change de chemise », temporise une source gouvernementale.

Les oppositions restent, elles, très circonspectes, échaudées par un premier quinquennat d’Emmanuel Macron où elles déplorent d’avoir été ignorées et méprisées.
Marine Le Pen a estimé mercredi que « la situation ne justifie pas » un gouvernement d’union nationale, tandis que chez Les Républicains, le secrétaire général Aurélien Pradié refuse ce qui ne serait rien d’autre qu’un « mariage forcé ».
LR ne sera « jamais dans le blocage des institutions », répète le président du parti Christian Jacob, mais, forts de leur soixantaine de députés, Les Républicains comptent rester « dans l’opposition » et ne veulent pas entrer « dans une logique de pacte de coalition ».
Appelant au « dialogue », le président LR du Sénat Gérard Larcher estime, lui, que le chef de l’Etat va devoir opérer « un changement profond d’attitude ».
A gauche, le patron des sénateurs Patrick Kanner juge qu’envisager une « union nationale » sans LFI et le RN reviendrait à ne pas prendre en compte « un tiers de l’Assemblée nationale ».
Tous les regards sont aussi braqués sur les 89 députés RN, qui n’étaient que huit en 2017, et qui ont fait mercredi leurs premiers pas dans la législature au Palais Bourbon.
Le vote le 30 juin pour désigner le président de la commission des Finances, aux pouvoirs étendus, suscite une bataille entre les élus RN et ceux de LFI.

Gérard Larcher a estimé que le poste « devrait revenir » aux députés du Rassemblement national, car « le RN est le premier groupe d’opposition », suscitant l’indignation du patron du PS Olivier Faure.
C’est aussi l’heure de désigner les patrons des groupes.
Le député d’Eure-et-Loir Olivier Marleix a été élu à la tête de celui des Républicains.
Dans la majorité présidentielle, après la défaite dimanche du président du groupe sous le précédent quinquennat Christophe Castaner, Aurore Bergé a été élue à la tête d’un groupe ayant fondu de 266 à 170 membres.
Horizons et MoDem doivent aussi choisir leurs patrons.
Enfin, en fin d’après-midi, une sorte de primaire désignera un candidat unique de la majorité au perchoir, en remplacement de Richard Ferrand, battu aussi dimanche.
Le poste est convoité par la ministre des Outre-mer Yaël Braun-Pivet, les anciens ministres du précédent quinquennat Barbara Pompili et Joël Giraud, ou encore l’ex-ministre LR rallié à Emmanuel Macron Eric Woerth. Hors majorité, la députée du Doubs Annie Genevard (LR) y prétend aussi.
Le président de l’Assemblée nationale sera ensuite officiellement élu par l’ensemble des députés mardi prochain.

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