Maroc Telecom: quelles sont les retombées de la cession?

Ce 19 juin 2019, les conseillers et coordinateurs globaux de l’opération l’Offre de Vente au Public des actions Itissalat Al- Maghrib SA, ont tenu à la bourse de Casablanca, une conférence de presse pour expliquer les modalités de cette opération stratégique.

En effet, l’opération de cession sur le marché de blocs par l’Etat a été réalisée le 17 juin 2019. Cette opération était destinée aux investisseurs qualifiés de droit marocain à savoir trois caisses de retraite, 5 compagnies d’assurances et trois banques. Elle a porté sur 6% du capital et des droits de vote de Maroc Telecom  au prix de 127 DH l’action.

Une OPV majeure et importante

Pour ce qui est l’offre public de vente portant sur 2% du capital, le prix de cession est de 117,7 DH par action pour le Type d’Ordre soit les salariés et de 125,3 DH par action pour les autres catégories dont les personnes physiques et les OPCVM actions et diversifiés de droit marocain, hors OPCVM monétaires, obligataires et contractuels. Pour les personnes physiques, la 1ère allocation se fera par itération à hauteur de 150 actions par souscripteur alors que la 2ème allocation se fera au prorata de l’excédent des demandes au-delà des 150 actions. A ce niveau, Abderrahmane Semmar, directeur de la DEPP a tenu à préciser que les «2%» de l’OPV sont largement supérieurs à l’opération de privatisation de Marsa Maroc ce qui montre la grandeur et l’importance de cette offre».

Une méthode d’évaluation empirique

Pour l’évaluation de Maroc Telecom, la méthode des Discounted Cash Flows a été écartée, considérant qu’il s’agit d’une cession d’une participation détenue par un actionnaire minoritaire. Il en est de même pour l’Actualisation des dividendes futurs à cause de la dépendance de nombreux paramètres (niveau de profitabilité, taux de distribution, effet de levier) qui apparaissent très difficiles à anticiper sur le long terme pour les besoins d’un exercice de valorisation. Ainsi, c’est l’approche par le cours de clôture moyen pondéré, qui a été retenue. «C’est une méthode d’évaluation empirique  qui a été faite par le marché lui-même» a déclaré Idriss Berrada, directeur général d’Attijari Finances Corp.

Pas d’impact sur la gouvernance

Aussi, A. Semmar a souligné que cette opération a pour objectif de «contribuer à la pérennisation de Maroc Telecom, de développer son actionnariat ainsi qu’optimiser la participation de l’Etat dans le capital, sans toutefois avoir un impact sur la gouvernance du groupe». D’ailleurs, au niveau de l’actionnariat et de la gouvernance, un pacte a été conclu le 15 mai 2014 entre Etisalat, et le Royaume du Maroc.  Ainsi, le président du Conseil de surveillance de Maroc Telecom sera nommé par le Conseil de surveillance sur proposition du Royaume du Maroc tant que ce dernier détiendra une participation supérieure ou égale à 15% du capital. Aussi, si la participation du Royaume est supérieure ou égale à 15% du capital et des droits de vote de la Société, deux membres de directoire seront nommés sur proposition du Royaume du Maroc et trois membres dont le président sur proposition d’Etisalat. Par ailleurs, le Maroc bénéficie d’un droit de préemption pendant une durée de huit ans suivant la conclusion du Pacte d’actionnaires en cas de projet de cession d’actions détenues par Etisalat ou ses affiliés à un tiers.

Vers une redynamisation de la BVC

Après la finalisation de l’opération, la Bourse est susceptible de connaître un rebond matérialisé par la hausse du cours de Maroc Telecom et le retour potentiel des investisseurs étrangers. Pour rappel, en 2004, c’est la cotation d’IAM qui avait fait définitivement sortir le marché boursier de son atonie. «C’est une opération majeure pour la bourse de Casablanca qui devrait certainement redynamiser le marché boursier surtout que notre place souffre d’un manque de liquidité» déclare Karim Hajji, directeur général de la bourse de Casablanca. Et de poursuivre : «cette opération va remettre la bourse sur les radars des investisseurs internationaux ce qui devrait lui permettre de jouer son rôle qui est le financement de l’économie».

Des perspectives stables pour IAM

Au niveau des perspectives,  de Maroc Telecom demeure prudent avec une prévision, d’un chiffre d’affaires et d’un EBITDA stables pour l’année 2019. En 2018, l’EBITDA s’était établi à 17,85 milliards de DH, en hausse de 4,1% sur l’année (+3,7% à taux de change constant) pour un chiffre d’affaires consolidé de plus de 36 milliards de DH.

Alléger la dette publique

Enfin, rappelons-le, cette opération rentre dans le cadre de la stratégie du gouvernement visant à relancer des privatisations pour un montant objectif de 10 milliards de DH. L’objectif étant de sauver l’Etat de difficultés financières en fournissant des fonds pour faire face à la dette publique estimée à 68% du PIB. Aussi, le Trésor pourra gérer sans pression, la privatisation de la Mamounia et de Tahaddart.

Kaoutar Khennach

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