Rolling Stones
Premier contrat discographique, appartement crasseux des débuts reconstitué, instruments rares: l’expo-évènement itinérante des Rolling Stones passe par Marseille, son unique étape française, avant de faire le tour du monde.
« On se sent chez les Stones, ils ouvrent l’armoire à secrets », s’enthousiasme auprès de l’AFP le critique-rock français Philippe Manoeuvre parrain du rendez-vous, qui s’ouvre ce jeudi jusqu’au 5 septembre.
Au début de l’espace de 2.000 m2 dédié dans les entrailles du stade Vélodrome de Marseille, le spectateur passe par une reconstitution grandeur réelle du premier appartement londonien déglingué du groupe mythique. Bienvenue au 102 Edith Grove, entre vaisselle sale qui déborde, monceaux de mégots et bouteilles de bières renversées.
« C’est Mick Jagger qui a eu cette idée en visitant une exposition sur Dubuffet, avec son atelier reconstitué. Il a appelé le décorateur pour restituer leur appartement », décrit Martin d’Argenlieu (directeur grands projets du Vélodrome) lors de la visite à la presse avant l’ouverture au grand public.
Sur la platine du salon, un Howlin’ Wolf tourne, tandis qu’une pochette de Bo Diddley est en évidence sur la moquette miteuse. Les racines des Stones –la musique noire américaine– sont là.
« Avant d’être une aventure artistique sidérante –ils vont fêter leur 60 ans de carrière en 2022–, les Stones sont des acheteurs de disques au départ, comme tout le monde », souffle Philippe Manoeuvre.
Parmi les 400 pièces présentées, on voit aussi le premier contrat discographique du groupe, raturé, car il ne leur convenait pas. Aux côtés des guitares de Keith Richards, on découvre dans une vitrine un dulcimer, sorte de double luth. Cet instrument rare fut joué par Brian Jones, l’ange maudit des Stones, poly-instrumentiste de génie, membre fondateur du groupe décédé en 1969.
On peut aussi admirer une tenue de scène méphistophélique de Mick Jagger pour la tournée 1969, décidément une sale année dans l’histoire du groupe, puisque un spectateur sera tué lors d’un de leurs concerts à Altamont (Etats-Unis).
L’exposition « Unzipped » (« Déboutonné »), au visuel de fermeture éclair qui renvoie à la pochette de l’album « Sticky fingers » sorti il y a 50 ans, se termine en immersion dans un show mythique donné à Cuba.
Inaugurée en 2016 à Londres, cette expo-blockbuster ne passe en France qu’à Marseille et ira ensuite à Toronto. Marseille et les Stones, c’est une longue histoire, très rock’n’roll puisqu’elle commence par une arcade sourcilière en sang.
Un fan surexcité a lancé une chaise sur Mick Jagger alors que le groupe donne un show dans la petite salle Vallier en 1966. Jean Sarrus, futur membre du groupe musical et humoristique Charlots, qui était à l’époque dans le groupe Les problèmes (qui tournait avec les Stones en France), s’en souvient pour l’AFP. « Le lendemain, on était à Lyon, et Mick Jagger était monté sur scène avec de grosses lunettes de clown pour cacher la cicatrice », raconte celui qui jouait alors de la basse.
« Il y avait un ou deux flics, pas plus, des chaises en bois qui se pliaient, le projectile est parti. C’était deux ans avant 1968, c’était la jeunesse bouillonnante (rires) », confie à l’AFP, Mady, élégante septuagénaire, qui était dans la salle ce soir-là. Fan de la première heure des Stones, elle a décroché un sésame pour la visite de presse au Vélodrome.
« On m’a invité à la visite, je me disais +qu’est-ce qu’ils racontent, je connais bien les Stones+ mais quand je suis arrivée ici, j’ai eu l’impression de rencontrer des copains », confie-t-elle.
« Avec cette histoire d’arcade sourcilière, les Marseillais se sont dit +ils nous détestent+. Mais non, ils sont revenus trois fois (1990, 2003 et 2018), ils adorent ce coté rebelle de la ville », conclut Martin d’Argenlieu.