Municipales en Afrique du Sud : L’ANC serait-il à bout de souffle ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

Ce lundi, c’est sans aucun engouement et dans le calme que les sud-africains ont pris le chemin des bureaux de vote pour élire les représentants de plus de 250 municipalités si bien qu’en fin d’après-midi, sur les 26,2 millions d’électeurs inscrits sur un total de 40 millions de sud-africains en âge de voter, ils n’étaient que 8 millions à avoir accompli leur « devoir électoral ».

Pour garantir le déroulement de ce scrutin dans de « bonnes conditions », ce sont plus de 10.000 soldats qui  ont été appelés à prêter main-forte à la police dans les provinces du Gauteng où se situent Johannesburg et Pretoria et du Kwazulu-Natal à l’est du pays où les émeutes du début de l’été avaient été les plus virulentes.

Mais si le président sud-africain Cyril Ramaphosa, patron de l’historique Congrès National Africain (ANC), avait prédit une « victoire écrasante » de son parti à ce scrutin qui sert de test avant la présidentielle de 2024, les sondages étaient d’un autre avis et prévoyaient que de nombreux électeurs allaient, pour la première fois de leur vie, faire faux bond à l’ANC et s’en détourner ; ce qui avait fait dire à William Gumede du groupe de réflexion Democraty Works, qu’« on est, peut-être à un tournant pour l’ANC et pour l’Afrique du Sud ».

En cause, la désillusion d’une population confrontée à un chômage endémique qui touche 34,4% de la population active, une économie qui était en récession avant même la crise sanitaire du Covid-19 et lassée par les multiples scandales de corruption dont les héros furent de hauts responsables de l’ANC, le parti historique de Nelson Mandela, avec, au premier chef, Jacob Zuma qui avait présidé aux destinées du pays de 2009 à 2018  et dont l’incarcération, intervenue en Juillet dernier dans un climat social et économique particulièrement tendu, avait donné lieu à une vague d’émeutes et de pillages qui avait fait 350 morts.

Au pouvoir depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’ANC est en perte de vitesse depuis que plusieurs de ses dirigeants, et en premier lieu l’ancien président Jacob Zuma, ont été accusés d’avoir livré le pays à la corruption, laissé à l’abandon de nombreux services publics dont ceux afférents à la distribution de l’eau et de l’électricité et, surtout, pillé les caisses de l’Etat.

« Les dirigeants de l’ANC n’ont pas tenu leurs engagements, ils font trop de promesses vides » s’est écrié un chauffeur de 55 ans, père de 4 enfants, qui attendait son tour au milieu d’une queue d’à peine vingt personnes devant un bureau de vote à Soweto.

Même son de cloche et même désir de changement à Danville, dans la banlieue de Pretoria – dominée par une classe moyenne blanche – lorsque Charmaine Barnard, 57 ans, a expliqué à l’AFP qu’elle « vote pour qu’il y ait du changement dans le pays, une vie meilleure pour tous »

Or, si, après le dépouillement de plus de la moitié des bureaux de vote, mardi soir, en attendant l’annonce, jeudi, des résultats officiels, l’ANC n’engrangeait que 46% des voix, ceci présuppose que l’ANC va, sans conteste, faire le plus mauvais score de son histoire.

Aussi, pour se rassurer et se donner bonne conscience, Jessie Duarte, sa secrétaire générale a déclaré à l’AFP : « Etre sous les 50% n’est évidemment pas idéal mais on survivra quelque soit le résultat ».

Naguère première force politique de l’Afrique du Sud avec Nelson Mandela, le Congrès National Africain du président Cyril Ramaphosa serait-il à bout de souffle ?

Il semble bien que ce soit le cas mais attendons pour voir…

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