Partis politiques : fin d’une époque ?

«La fin des partis politiques»? «A quoi servent les partis politiques»?  «Autopsie d’une crise»…c’est le constat récurrent à chaque nouveau grand rendez-vous électoral dans les principales démocraties. En effet, la constante est la même, à savoir le repli sinon  l’effacement des partis politiques, cette composante majeure d’un système politique global dit «démocratie représentative».

La nouvelle séquence électorale française vient d’en fournir  une éclatante illustration confirmant la tendance lancée déjà  avec les présidentielles : un mouvement politique né à peine il y a un an vient de rafler la mise avec des chiffres  qui défraient tous les précédents. Un phénomène inédit accompagné de l’effritement des organisations traditionnelles, de la droite classique comme de la gauche.

A gauche surtout avec le quasi naufrage du parti socialiste. Tous les qualificatifs de la déroute ont été mobilisés par les chroniqueurs pour décrire une telle  situation : hécatombe ; bérézina, défaite historique…A moins de 10% des suffrages exprimés et surtout avec l’élimination dès le premier tour  de ses ténors notamment de son premier secrétaire dans son fief parisien, le parti socialiste vit un tournant crucial. Le parti communiste quant à lui, il n’existe plus électoralement avec à peine 2%  des voix.

C’est ainsi pour notre génération, celle venue à l’engagement politique dans la ferveur révolutionnaire des années 1970, que nous avons assisté, pratiquement en direct, à la fin de deux modèles politiques de gauche avec la disparition des partis communistes à partir de 1989 et l’implosion de la social-démocratie avec les années 2000.

Mais bien au-delà de cet aspect, ce qui ressort de ces expériences électorales, c’est la faillite des cadres organisationnels traditionnels et l’émergence de nouvelles figures politiques. La victoire semble désormais résider dans le dépassement des clivages qui ont nourri longtemps la culture politique dominante (gauche/droite par exemple) et surtout dans le dépassement même de la formule partisane. Aujourd’hui gagner c’est gagner contre son propre camp. Donald Trump a réussi un peu malgré son vieux parti; à gauche aussi nous avons eu des exemples de cette transcendance : en Espagne et en Grèce, ce sont des mouvements issus du mouvement social brassant plusieurs tendances qui ont réussi à s’imposer (Syriza et Podemos).

Un leader charismatique, des formes d’organisation ouvertes participatives et horizontales, une forte présence dans les réseaux sociaux, un discours politique avec de nouveaux éléments de langage, un renouvellement des cadres, une forme de jeunisme…Tels semble  être la recette qui marche.En fait, nous sommes plutôt en présence d’un moment historique marqué par l’épuisement d’un système né au XIXème siècle, celui dit de la démocratie représentative. Les signes d’essoufflement ont fait leur apparition il y a longtemps déjà  avec la tendance à la désaffection du public à l’égard des élections. L’abstention est devenue la donne majeure ces dernières années. Avec l’omniprésence des médias, la télévision notamment il y a quelques années, on a cru  voir un renouvellement dans le passage de la démocratie des partis à la démocratie d’opinion.

Ce fut une illusion. La soif de changement nourrie par l’exacerbation des contradictions sociales reste en attente. C’est l’équation à laquelle devraient réfléchir les partis politiques soucieux de ne pas rater ce nouveau tournant historique. De nouveaux paramètres qui imposent à la pensée politique un nouveau départ. Le PPS a dans ce sens saisi le signal qui lui a été envoyé lors des derniers scrutins pour rebondir à travers une large réflexion autour de la notion-projet Attajadour. Une démarche pensée collectivement pour être au rendez-vous de l’histoire qui s’écrit désormais à un rythme inédit. Pour y parvenir, il ne s’agit pas de voir dans Attajadour un catalogue de procédures ou de mesures susceptibles comme une baguette magique de dompter le réel mais plutôt le référentiel d’une nouvelle ambiance organisationnelle ouverte sur la dynamique sociales, collée aux attentes de nouveaux publics. Innovante dans sa forme et dans son esprit.

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