L’image semble constituée un objet de chicane actuellement au sein du champ politique national. L’image figée dans une photographie d’une femme politique ou celle d’un travesti véhiculée à son insu et à son grand dam. Pour des raisons politiques et culturelles, les deux cas ne semblent pas avoir la même importance dans la discussion.
Il a fallu que la polémique gonfle sur la véracité des photographies incriminées de la députée pour que la rectification soit produite. Tout le monde s’accorde que l’aspect vestimentaire d’une personne, soumis aux jugements extérieurs, reste une affaire personnelle tant qu’il ne permet pas á la personne qui le porte de pratiquer le bannissement et de véhiculer des connotations exclusives. L’habit ne fait pas le moine dit-on. Il ne distingue pas le croyant du mécréant. L’impudeur provocatrice est très relative et dépend de la retenue et de la vertu du regard. Personne ne peut souffrirun(e) marocain(e) tartuffe, dévot(e) hypocrite, qui clame en tenue de travail ici-bas« Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées». Alors qu’il (elle) s’adonne au nudisme ailleurs!
Au fait la photo, quel que soit son statut, cache une volonté d’en découdre en mettant à nu les contradictions des individus et de leur organisation partisane. Une sobriété d’apparence, fourbe, qui relève de l’escroquerie beaucoup plus que de l’engagement pour l’émancipation des masses populaires. Que l’on s’entende, la réponse aux interpellations de plus en plus fournies s’est limitée sur la véracité des documents produits au lieu de confirmer son entière adhésion à l’ensemble des libertés individuelles. A minima, une référence à la constitution dans ses articles relatifs aux libertés fondamentales «dans le strict respect des référentiels nationaux et universels en la matière» aurait pu donner à la controverse une assise institutionnelle. Que dalle !
La démocratie ne se limite pas seulement au respect des urnes. Elle englobe tous les aspects de la vie. La consolidation du processus démocratique implique l’adhésion des différents acteurs au «jeu démocratique» dans tous ses aspects. La société ne peut vivre compartimentée plus qu’elle ne l’est déjà. Une caste pour le politique, une caste pour l’économique, une caste pour le culturel et rien pour le social ou simplement des mots… Les rapports sociaux relèvent de tout cela et la démocratie les renforce. La cohésion sociale et l’union de la nation s’en trouvent mieux confirmées. C’est sur cette base que s’apprécient les alliances et non point sur une conjoncture mal gérée où le gouvernement est poussé vers la porte par l’ambivalence de sa majorité.
Le discours du travesti de Marrakech s’inscrit dans ce combat quotidien pour consolider la démocratie. Relevant point par point les interrogations suscitées par son calvaire, cette personne interpelle la société sur le respect de sa loi. Son état de travesti se trouve occulté par l’intense interpellation sur le comportement des uns et des autres envers sa vie privée et ses données personnelles. Malgré le peu d’engouement provoqué par cette affaire, ses suites auront une répercussion sur la vie quotidienne de la population. Déjà, des sanctions ont été prises rapidement, sans tarder ; et la justice passera. C’est le vœu de l’intéressé qui déclare qu’il «irait jusqu’au bout dans cette affaire pour que cela ne se reproduise plus».
Entre les deux cas, il n’y a pas photo.