Dans un message audio, d’une durée de 37 minutes, diffusé ce lundi sur l’application «Telegram» au moment-même où le président américain Donald Trump recevait son «ami» et Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou afin de lui présenter ce plan de paix américain sur le Proche-Orient que les israéliens jugent «historique» mais qui a été formellement rejeté par les palestiniens, le nouveau chef de l’organisation Etat islamique, Abou Ibrahim Al-Hachemi Al-Qourachi, qui a succédé à Abou bakr Al-Baghdadi lorsque ce dernier est tombé le 27 Octobre dernier lors d’un raid américain au nord-ouest de la Syrie, a annoncé son entière détermination à «combattre les Juifs» et à les contraindre à «rendre ce qu’ils ont volé aux musulmans».
Déclarant que «les yeux des soldats du califat, où qu’ils se trouvent, sont toujours (rivés) sur Jérusalem», le leader jihadiste, faisant allusion à une éventuelle attaque «dans les prochains jours», menace de faire oublier aux israéliens «les horreurs du passé».
Pour rappel, quelque 600.000 colons israéliens vivent dans les colonies à Jérusalem-est et en Cisjordanie aux côtés de près de trois millions de Palestiniens.
Dans le même temps, en fustigeant ce plan qui prévoit l’annexion, par Israël de la Vallée du Jourdain et des colonies dans les territoires palestiniens, ainsi que la reconnaissance officielle de Jérusalem comme seule capitale d’Israël, le porte-parole de l’organisation Etat islamique a appelé les «musulmans de Palestine et du monde entier (à devenir) l’ogive de la lutte contre les Juifs» et a exhorté les combattants de l’organisation, qui se trouvent en Syrie et dans le Sinaï, à transformer les colonies juives en «terrain d’essai» pour leurs armes et «roquettes chimiques».
Le timing choisi pour cet appel n’est pas anodin puisqu’il intervient non seulement pour condamner le fameux «plan de paix américain» au moment même où Trump et Netanyahou veulent le brandir à la face du monde mais aussi parce que, le même jour et 75 années après la libération des camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, le Président français Emmanuel Macron, décidé à «ne rien céder (face à) l’insupportable regain de l’anti-sémitisme», dans l’Hexagone, a tenu à rendre un vibrant hommage aux 76.000 juifs déportés de France.
Mais il n’y a pas que çà car l’organisation Etat islamique a, également, besoin de redorer son blason après la défaite territoriale de mars 2019 à l’issue de laquelle, sous l’effet d’opérations militaires entreprises conjointement par des forces syriennes et irakiennes soutenues par leurs alliés respectifs, elle a perdu les territoires relevant de son califat autoproclamé qui abritaient quelques 7 millions d’habitants et occupait de vastes pans de la Syrie et de l’Irak.
Il convient de noter, par ailleurs, que malgré cette débâcle, l’organisation maintient encore une présence non négligeable dans la vallée de l’Euphrate et dans le désert y attenant et dispose de plusieurs branches disséminées en Afrique et en Asie, toujours prêtes à lancer des attaques meurtrières. Elle est notamment présente au Sinaï, frontalier avec Israël, dont l’Etat juif s’était emparé durant la guerre israélo-arabe de 1967 mais qu’il avait restitué à l’Egypte 15 années plus tard.
Enfin, ce qui est surprenant dans tout çà, c’est que c’est la première fois, depuis sa venue au monde après la guerre en Irak, que l’organisation Etat islamique, qui a frappé dans toutes les parties de la planète – même dans celles dirigées par ses coreligionnaires – et qui a toujours épargné l’Etat juif, s’en prend ouvertement à Israël aujourd’hui et le crie haut et fort.
Que s’est-il donc passé pour que celle qui se fait appeler tantôt Organisation Etat islamique, tantôt ISIS, ISIL ou encore Daech et dont la naissance est liée à des considérations parfois géopolitiques (hégémonie américaine), parfois religieuses (sunnites contre chiites) ou encore idéologiques (wahhabisme) change cette fois-ci son fusil d’épaule ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi