Coin de l’expert

La lecture des statistiques du tourisme en 2015 et 2016, fait ressortir clairement une baisse de fréquentation des touristes étrangers. Pourtant, les concurrents habituels du Maroc comme la Tunisie ou la Turquie sont en pleine déconfiture. D’où la question du titre.

En effet, le Maroc avait perdu 5,3% des touristes étrangers en 2015 et plus de 6,3% des nuitées (-12,7% pour les étrangers dont -21% pour les français). En 2016, sur les quatre premiers mois, le Maroc a enregistré un recul de 4% au niveau des étrangers.

C’est ainsi que les statistiques du SETO (syndicat français des entreprises des TO), sont riches d’enseignements, surtout que cet échantillon est révélateur même s’il n’est pas exhaustif.

Au global sur la période du 1/11/2015 au 30/04/2016, Le nombre de clients français en voyages à forfait a été de 1 335 613 (en baisse de -3,3%). Sur ce marché, le Maroc se maintient dans le Top 3 derrière les Canaries et l’Espagne continentale. Toutefois, le Maroc a perdu 30% de ses touristes à 65.214 quand les Canaries ont en gagné 12% à 146.640 et le Portugal 22% à 26.297. La Grèce continentale a aussi progressé de 19% pour le nombre de touristes drainés contre 17% pour ses îles. Au passage, l’Egypte a reculé durant cette période de 52% contre 79% pour la Tunisie.

Pour l’été, les commandes de voyage estival à forfait pour le Maroc au 31 mai, sont en chute de 37,6%. Malgré cette baisse, le Maroc fait mieux que la Tunisie (-78,6%) et la Turquie (-77,4%). Toutefois, avec 39.451 touristes, il est distancé par le Portugal (+40%) qui passe devant avec 41.572 touristes. Aussi, les Baléares progressent de 13% à 94.657 quand les Canaries (+6%) affichent 57.731 touristes, l’Espagne continentale augmentant de 5% à 90.198 touristes. Notons enfin que les îles grecques ont consolidé leur première place avec 101.056 touristes, en hausse de 2%.

Ainsi, il apparaît clairement que le Maroc est distancé par le Portugal et l’Espagne qui ont récupéré les touristes de la rive sud de la Méditerranée. En effet, le Portugal a pu émerger touristiquement et profiter de l’amalgame sur la situation sécuritaire dans les destinations Sud. Pour sa part, l’Espagne a réussi son coup, en positionnant les Canaries et les Baléares comme des destinations à part, permettant aux touristes de découvrir de nouveaux horizons en plus de l’Espagne continentale.

Pour sa part, si le Maroc a pu limiter les dégâts grâce aux nouveaux marchés émetteurs ou les voyageurs directs (passant outre les TO), il parait qu’il n’a pas saisi à temps la nécessité de mitrailler le marché européen par une communication ciblée distinguant clairement la situation sécuritaire au Maroc de celle en Egypte ou en Tunisie voire en Turquie.

Farid Mezouar

(Directeur exécutif de flm.ma)