Réconcilier le citoyen avec son système de sante

Fès a mal à ses hôpitaux

Ouardirhi Abdelaziz

L’hôpital public tel que nous le connaissons tous, avec ses défauts et ses qualités, avec ses points forts et ses points faibles, ne laisse aucun de nous indifférent. C’est vers l’hôpital public, que nous nous dirigeons en cas de problèmes de santé, car nous savons que nous y trouverons toujours présent un infirmier et un médecin à n’importe quelle heure.  Parler de l’hôpital c’est à l’évidence faire références aux nombreuses mutations qu’a connues cet édifice autrefois qualifié d’asile, mais qui aujourd’hui est synonyme de modernité. Il est clair que des changements très importants intéressent tout le secteur de la santé, que des mutations sont perceptibles et que les hôpitaux sont directement concernés par ces mutations eu égard au rôle essentiel qu’ils jouent dans la promotion de la santé des citoyens et partant dans le développement, la croissance, la production, l’excellence d’un Maroc en devenir, un Maroc tel que nous le souhaitons.

Malheureusement, les comportements délétères, les agissements mafieux,  de quelques brebis galeuses au niveau de certains hôpitaux, portent atteinte à l’image de marque de nos établissements hospitaliers, et menacent les fragiles équilibres de ces structures sanitaires, et les citoyens sont les premiers victimes à pâtir de pratiques machiavéliques de la part de professionnels de santé et d’individus sans scrupules.

Ce qui s’est passé dernièrement au CHU de Fès, nous désole et doit inciter les responsables, les décideurs à réagir avec rigueur et fermeté. Il y a lieu de réconcilier les citoyens avec leur hôpital. 

Il n’est un secret pour personne que de dire que la mauvaise gouvernance est considérée par tout le monde et à juste titre comme l’une des sources, des maux qui rongent, déprécient et portent atteinte à l’image de marque de certains établissements sanitaires hospitaliers. Ce constat ou mieux encore, ce diagnostic ne date pas d’aujourd’hui. Il a été fait depuis fort longtemps. Le département de la santé n’a jamais failli à son devoir, le ministre de la santé en personne entreprend des visites inopinées au niveau de différents hôpitaux, il contrôle, évalue, questionne, vérifie….

Mais comme on dit, une seule hirondelle ne fait pas le printemps.

Un hôpital qui fonctionne à la satisfaction de tous les citoyens, un hôpital où les malades sont bien accueillis, bien soignés, soutenus et accompagnés avec humanisme. C’est un hôpital dont tous les différents professionnels de santé sont mobilisés de jour comme de nuit, toujours au service des malades, et de la promotion de la santé dans notre pays.

Mais, dans bien des cas, on constate un relâchement, une absence de conscience professionnelle, des agissements qui choquent les malades et leurs familles, et qui finissent par noircir le tableau, et au final les citoyens portent un regard négatif, critique sur cette structure sanitaire.

Redonner confiance aux malades

Conscient plus que toute autre personne sur les réels enjeux sanitaires et les défis à relever, concernant la place de l’hôpital. Et en tant que premier responsable de la santé de tous les Marocains, le ministère de la Sante entreprend de grands chantiers pour remédier du mieux qu’il peut aux multiples dysfonctionnements afin de réconcilier le citoyen avec son système de sante.

Quand on suit de près tout le travail qui est réalisé par le département de la sante, et quand on analyse dans les détails les actions qui sont entreprises, les nouvelles réalisations au niveau des différentes régions du Maroc, la disponibilité des équipements, des médicaments, on se projette dans une nouvelle ère pleine d’optimisme. Il s’agit pour les professionnels de santé (médecins – infirmiers..) de redonner confiance aux malades, de les rassurer, de les tranquilliser, en étant plus transparents, plus proches, plus accessibles, disponibles, plus humains……

 Nouveaux rapports entre les malades et l’hôpital

Dans les déclarations à la presse, le contenu des différents discours du ministre de la Sante, ses interventions, ses conférences, on note clairement que l’intérêt des citoyens est au centre des préoccupations que s’est fixées le ministère de la sante. Cette quête constante à la recherche de nouveaux rapports entre les malades qui s’adressent aux hôpitaux (malades et leurs familles) vise à asseoir sur des bases solides, saines et pérennes la confiance, la satisfaction, l’efficacité, la qualité, la crédibilité et la transparence, qui doivent prévaloir au sein de nos établissements de soins de sante de base, et , plus particulièrement au niveau de nos hôpitaux provinciaux, préfectoraux, régionaux, de spécialités, ou centres hospitaliers universitaires (CHU ).

Pour une nouvelle gouvernance

Se rendre à l’hôpital quand on est malade, ou accompagner un membre de sa famille qui est souffrant, voire un ami qui ne se sent pas bien n’est pas synonyme d’une partie de plaisir, mais représente souvent une épreuve physique et psychologique, qui nous marquent et qui restent bien ancrées dans nos mémoires.

Il y a celles et ceux qui sont pleinement satisfaits, sont reconnaissants pour les services rendus, et il y a aussi les autres qui préfèrent oublier leurs expériences respectives avec l’hôpital.

Dés l’entrée de l’hôpital, on a souvent à faire aux agents de sécurité, qui ne sont pas formés, qui agissent avec désinvolture et parfois brutalité. De ce fait, l’accueil des malades et de leurs familles reste en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre du service public, et plus particulièrement, de nos établissements hospitaliers, qui sont de plus en plus sollicités. Le nombre de nos concitoyens admis dans les hôpitaux publics dépasse les 6  millions en 2023.

Ces flux importants de malades témoignent de l’intérêt des citoyens pour l’hôpital public, mais il y a aussi des inconvenants, des problèmes, car il y a un manque de ressources humaines, ce qui est synonyme d’attente, de conflits ….

Des situations exacerbées par des comportements inacceptables, de certains professionnels de santé, qui s’entêtent à nuire à l’image des structures sanitaires avec leurs comportements contraires aux principes éthiques de la noble profession qu’ils exercent.

Ces brebis galeuses usent de procédés vils et dégradants, surtout quand  la gestion de certains hôpitaux souffre de multiples carences.

Un constat qui met en cause directement le laisser- aller et le manque de compétences managériales de certains directeurs d’hôpitaux (quelques -uns) qui, faut- il le rappeler, manquent d’expérience, n’ont pas toutes les qualités indispensables pour gérer de manière professionnelle des structures hospitalières.

Tant qu’il y aura des gestionnaires faibles, inexpérimentés, sans réelles compétences managériales, il ne faut pas s’attendre à des miracles. La question est de savoir comment certains et certaines ont pu occuper des postes de responsabilités, sur quelle base, et sur quels critères……. ? Cette remarque prévaut aussi pour tous les postes de responsabilités délégation- région -direction -division …. 

Relations entre soignants et soignés

Tout cela pour dire que les responsables des hôpitaux sont en première ligne et doivent de ce faite être à la hauteur des responsabilités qui sont les leurs, toujours présents sur le terrain. Aujourd’hui, il n’y a pas et il ne saurait avoir de place pour la médiocrité, aucune excuse n’est recevable, chaque responsable doit rendre des comptes. Il est inadmissible de fermer les yeux sur les agissements contraires aux principes moraux de la profession médicale et infirmière.

Il faut combattre par tous les moyens le mauvais accueil des malades et leurs familles, les agissements contraires à la loi, des comportements   qui portent préjudice à l’image des hôpitaux.

L’heure est à l’humanisation des établissements hospitaliers, à la qualité des soins, à l’écoute, l’accompagnement des patients, à une plus grande ouverture des services hospitaliers vers le monde extérieur. Ce qui demande une meilleure communication, des relations exemplaires entre soignants et soignes.

Aujourd’hui, les malades sont de plus en plus exigeants, de mieux en mieux instruits, ils savent et comprennent leurs maladies et ont le droit de savoir ce qu’on leur fait. Le malade n’est pas un simple numéro de lit ou numéro d’entrée, et moins encore le nom de telle ou telle maladie, le malade est un être humain qui a des droits. D’ailleurs, la constitution de 2011 a inscrit le droit à la sante, comme un droit constitutionnel.

Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut

Comme on peut le constater, l’hôpital public est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire, ou bien il va évoluer et être compétitif , ou alors, il risque de sombrer. Il y a des défis à relever, et l’hôpital doit être au rendez-vous.

Il faut regarder la réalité bien en face, et dire les choses comme il se doit. En d’autre terme,  le secteur public n’est pas compétitif par rapport au secteur privé. Nos hôpitaux ne fonctionnent qu’à 50% de leur capacité au moment où ceux-ci représentent près de 80% de la capacité litière nationale. Ceci nous prive d’une ressource financière importante…

Les défis auxquels doit faire face l’hôpital consistent à lutter contre toutes les formes de discrimination. Concernant la moralisation du secteur de la santé qui est un volet important, il s’agira d’écarter du circuit les éléments nuisibles, d’assurer l’amélioration de la sécurité des patients et d’améliorer le management hospitalier.

L’hôpital est à notre humble avis condamné à évoluer, à relever ces défis et tant d’autres qui se dresseront sur son parcours, l’hôpital public a sans aucun doute tous les moyens pour y faire face, ce qui manque peut être c’est une motivation de ses personnels, et aussi et surtout de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.

Pour conclure, il faut espérer que ce qui s’est passé à Fès, ne soit qu’un  cas isolé, un nuage sombre qui se dissipe, et que plus jamais au grand jamais nos hôpitaux ne soient victimes de comportements irresponsables d’individus peu scrupuleux, qui n’ont pas leur place au sein des hôpitaux publics.

Il faut revoir de fond en comble la situation des sociétés qui s’occupent des services externalisés (alimentation-gardiennage- propreté et hygiène…), savoir qui entre et qui sort de l’hôpital, contrôler quotidiennement tout le monde….  

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