Soudan: à peine sur pied, la commission référendaire doit se presser

Les députés soudanais ont approuvé lundi la mise sur pied de la commission responsable d’organiser le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan qui devra tirer rapidement les leçons des dernières élections afin d’assurer la tenue d’un scrutin crédible en janvier.

Les parlementaires soudanais ont accepté à l’unanimité la composition de la commission référendaire après l’avoir rejetée le 14 juin car un des neufs commissaires proposé était membre d’un parti politique, ce qui est contraire aux dispositions pour garantir l’impartialité du vote.

La présidence a remplacé ce candidat – Taj al-Sir Mohammed, du Parti unioniste démocrate (DUP, opposition) – par un ancien général devenu professeur d’université, Kamal Ali Mohammed. Les huit autres commissaires restent inchangés.

La commission référendaire sera présidée par l’avocat Mohamed Ibrahim Khalil, ancien ministre des Affaires étrangères dans les années 60 et président de l’Assemblée nationale de 1986 à 1988.

La mise sur pied de la commission référendaire survient après un retard de plusieurs mois dû à des divergences sur les membres de la commission, mais aussi à des délais dans la mise en oeuvre de l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan.

Cet accord prévoyait des élections en juillet 2009 – qui ont finalement eu lieu en avril – et promet toujours en janvier prochain un référendum sur la sécession du Sud-Soudan.

La formation de cette commission lève un obstacle majeur à la tenue du référendum, même si une charge de travail énorme reste à accomplir. Et la crédibilité du référendum est d’autant plus sensible qu’elle pourrait engager la reconnaissance d’un nouveau pays sur le continent africain.

D’ici janvier, la commission doit enregistrer les électeurs sur les listes de vote et assurer la logistique, des tâches complexes à réaliser en près de six mois et dans la foulée des élections générales d’avril, minées par des accusations de fraudes et de vastes problèmes d’organisation.

La mission d’observation de l’Union européenne a rendu public lundi son rapport final sur les élections soudanaises d’avril qui ont reconduit au pouvoir le président Omar el-Béchir.

Les observateurs européens, pour qui les élections soudanaises n’ont pas répondu aux normes internationales, ont noté plusieurs erreurs – pas de publication finale de la liste des bureaux de vote, manque de fiabilité des listes d’électeurs, compilation des résultats – et invité la commission référendaire à en tirer des leçons pour le référendum à venir.

« Ils doivent commencer à travailler le plus tôt possible… le temps file à grand pas », a déclaré lors d’une conférence de presse à Khartoum, Véronique de Keyser, chef des observateurs européens.

« Le Nord et le Sud ont intérêt à ce que le référendum se déroule très bien et de façon maîtrisée… sinon il pourrait y avoir beaucoup de problèmes », a-t-elle ajouté.

« Il sera crucial d’avoir beaucoup d’observateurs » internationaux lors du référendum d’indépendance du Sud-Soudan, a-t-elle estimé, soulignant que l’Union européenne sera « ravie » de se prêter à la tâche si le Soudan en fait la demande.

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