Nécessité de rassembler toutes les forces de la gauche
Il est attendu du gouvernement de proposer des réformes et non pas de justifier la crise
En fait, ce n’est pas uniquement l’opposition qui s’interroge à propos des mesures et des décisions de ce gouvernement, mais également de larges franges dans la société. Le gouvernement, qui est sensé être une partie des solutions s’est finalement transformé en partie des problèmes par sa faiblesse, son mutisme et son absence.
A présent, a-t-il expliqué, le facteur de la faiblesse du gouvernement s’ajoute aux facteurs objectifs difficiles. Ce qui contribue à compliquer davantage la situation de l’entreprise et de l’emploi, à la dégradation du pouvoir d’achat et à l’approfondissement de la pauvreté et de la précarité.
Alors que dans d’autres pays qui font face à la même situation, les gouvernements ont pris une série de mesures et de décisions sous forme de plans complémentaires sur la base d’une vision globale pour alléger le poids de la crise sur les gens, le gouvernement marocain adopte une autre attitude.
Si durant les premiers mois qui ont suivi l’investiture de ce gouvernement, l’opposition s’est montrée peu exigeante, aujourd’hui il n’y a plus de raison pour que ce gouvernement ne prenne pas les mesures requises et n’effectue pas les réformes attendues, a-t-il expliqué. Il n’a pas le droit de se cacher derrière les justifications qu’il ne cesse de répéter.
Selon le SG du PPS, ce gouvernement excelle dans l’art des justifications pour son manque d’action en invoquant soit les perturbations sur la scène internationale soit l’héritage du gouvernement précédent. En fait, le parti, qui dirige le gouvernement actuel, faisait partie de cet héritage avec ses succès et ses revers. Mieux encore, il était l’artisan principal des décisions économiques et financières décisives durant plusieurs années, a-t-il rappelé.
Et même dans le cas où l’on suppose que le gouvernement précédent avait commis des erreurs, quelle est l’utilité de ce gouvernement s’il ne les corrige pas, au lieu de se plaindre et de pleurnicher.
L’on ignore jusqu’à présent quand est ce que ce gouvernement va dévoiler ce qu’il va entreprendre sur les plans économique et social et quand est ce que va-t-il commencer l’exécution du nouveau modèle de développement dont les principaux axes de transformation pour atteindre ses objectifs sont : économie diversifiée, capital humain renforcé, inclusion de tous et durabilité des territoires.
Un gouvernement empêtré dans les conflits d’intérêt.
Pour être réaliste, que devons nous attendre d’un gouvernement qui soutient les lobbies financiers au détriment des gens modestes, un gouvernement empêtré, de manière manifeste dans les conflits d’intérêt, en particulier dans le domaine des hydrocarbures, s’est interrogé le Secrétaire Général du PPS avant d’avancer comme preuve le rejet par le gouvernement de manière intentionnelle et systématique de tous les appels (dont ceux du PPS) à la remise en service de La SAMIR et au renforcement des capacités de raffinage et de stockage du pays.
Pour le PPS, a-t-il dit, la défense de La SAMIR s’explique par le souci d’assurer la sécurité énergétique du pays où réside l’intérêt national. Elle vise à éviter l’importation de produits pétroliers raffinés à des prix exorbitants et à garantir un stock que le pays pourra importer quand les cours mondiaux baissent, sachant que les tarifs de l’énergie ont un impact sur l’ensemble des prix de tous les autres produits de consommation.
Il s’est interrogé à cette occasion sur le refus du gouvernement de toucher aux impôts imposés (TIC) sur les hydrocarbures, qui apportent au trésor des recettes supplémentaires importantes et dont le gouvernement refuse de discuter de leur affectation, alors que d’autres pays ont diminué ces impôts.
Il a soulevé de même la question de savoir pourquoi le gouvernement ne veut pas intervenir pour demander aux sociétés de modérer leurs marges de bénéfices estimées à des dizaines de milliards de Dirhams.
Ce qui est clair, en a-t-il conclu, c’est que ce gouvernement qui prétend avoir adopté le slogan de l’Etat social, n’accorde pas d’intérêt en fait à la situation sociale et économique des citoyennes et des citoyens qui font face tous seuls à la flambée des prix, à la perte et à la rareté de l’emploi et aux effets de la sécheresse qui touche en particulier l’espace rural.
L’absence presque totale de la dimension démocratique et des droits humains
Pour ce qui est de la question politique, démocratique et des droits humains, elle est quasi absente dans l’agenda du gouvernement, depuis la déclaration gouvernementale et jusqu’à présent, a-t-il dit. Et d’affirmer que le discours que des partis de la majorité actuelle entretenaient quand ils étaient dans l’opposition a complètement disparu. Ce discours portait notamment sur le rétablissement de la confiance dans la politique et de la crédibilité des institutions élues, la consolidation du processus démocratique, l’élargissement de l’espace des libertés, etc.
Mais en fait que font actuellement les composantes de la majorité pour la mise en œuvre démocratique de la Constitution de 2011, la promotion de la bonne gouvernance, de la régionalisation et de la décentralisation, la réforme ou l’adoption des lois et la relance de la vie politique et civile en général, s’est encore interrogé le Secrétaire Général avant de souligner que la démocratie et les droits de l’homme sont au cœur des facteurs du développement.
En attirant l’attention sur la question de la démocratie, le PPS aspire en effet à ce que l’espace politique ne perde pas le peu de crédibilité qui lui reste et pour éviter que le vide et le mutisme ne se répandent davantage, sachant que toute société qui ne s’exprime pas est une société morte et que la société qui n’est pas encadrée par toutes formes démocratiques et institutionnelles est ouverte à tous les dérapages.
Le besoin d’une alternative démocratique progressiste
Les grandes orientations de l’alternative démocratique progressiste du PPS
Outre tous les documents dont dispose le parti, a-t-il dit, les orientations de l’alternative démocratique progressiste reposent sur trois piliers :
– L’élaboration d’un plan économique pour la relance, qui s’appuie sur le rôle stratégique de l’Etat, le développement industriel axé sur le soutien des industries minières, mécaniques, électromécaniques, le lancement d’une réforme fiscale équitable, le soutien de l’entreprise pour la sauvegarde des postes d’emploi, le soutien de la production nationale et de la dimension écologique, le développement des nouveaux métiers, la mise en œuvre de la bonne gouvernance dans le domaine économique, sans oublier la promotion du secteur privé, le soutien de l’entreprise citoyenne et le traitement de l’espace de l’économie informelle.
– L’éradication de la précarité et de la pauvreté, la mise en œuvre de la justice sociale et spatiale, la répartition équitable des richesses du pays, l’investissement dans l’école publique, la formation professionnelle et la recherche scientifique, la mise à niveau de la santé publique et de l’hôpital public et le développement de la culture et de la création avec tout cela signifie en matière de protection globale et effective et de promotion de la situation des jeunes.
A ce propos, a-t-il dit, il importe de souligner l’importance de la réforme de l’enseignement et de l’élimination définitive de l’analphabétisme pour assurer la réussite de toutes les réformes entreprises. Pour ce faire, a-t-il noté, il est nécessaire de mobiliser les ressources humaines requises pour aller de l’avant en matière de la réforme globale des systèmes et des programmes scolaires pour la réalisation d’une école de qualité, d’ouverture, d’excellence et d’égalité des chances.
– L’approfondissement du processus démocratique et de la construction institutionnelle à travers la mise en œuvre démocratique de la Constitution, l’élargissement de l’espace des libertés et des droits humains, la promotion de l’égalité, le renforcement de la démocratie territoriale au niveau de la décentralisation et de la régionalisation avancée et l’accélération de la réforme de l’administration et de la justice.
Nécessité de rassembler toutes les forces et tous les adeptes de la gauche et de renforcer l’outil du parti
Tout en rappelant que le PPS considère que la réforme est une cause collective qui requiert le rassemblement de toutes les forces du changement et de la démocratie, Benabdallah a indiqué que le parti est appelé à présent à intensifier les contacts avec toutes les composantes du mouvement social citoyen, les acteurs du mouvement militant dans le domaine des droits humains et civils, les défenseurs (es) des droits des femmes et des jeunes et les syndicats. Il est également appelé à être présent au cœur des luttes sociales contre la hausse des prix et porter toutes les préoccupations de la population dans le but de mettre en lumière et de faire émerger l’alternative démocratique progressiste non seulement au niveau des propositions, mais également sur le terrain pour que cette alternative se transforme en force matérielle influente pour le changement.
C’est un travail militant qui ne concerne pas seulement la direction nationale du parti, mais également l’ensemble des militantes et des militants, les sections, les secteurs et les organisations du parti, a-t-il insisté.
Et c’est justement sur cette alternative que le prochain congrès national devra insister pour qu’il puisse constituer un évènement politique majeur et un point de transformation positive dans le parcours du PPS, a expliqué le SG du PPS, qui a rappelé que le document «dans la perspective du onzième congrès national : pistes de réflexion et de débat » définit le contenu et les perspectives de ce congrès. Ce document s’articule en effet autour des dimensions identitaire et politique, organisationnelle, juridique, communicationnelle, administrative et financière du congrès.
Selon lui, le renforcement de l’outil partisan sur les plans intellectuel, politique, organisationnel, électoral et rayonnant est le moyen approprié pour que le parti puisse jouer son rôle social principal.
Oui, il est vrai que le PPS, a-t-il ajouté, occupe une place dans la société et dans son histoire, son présent et son futur, mais il est vrai aussi qu’on a besoin d’un parti politique fort et uni performant et influent dans son environnement.
Dans le même ordre d’idées, a-t-il dit, le PPS est convaincu que la gauche constitue en gros l’alternative, en dépit des expressions de sa faiblesse organisationnelle, sachant que la gauche compte des milliers de soutiens. Pour permettre à cette gauche de jouer son rôle, ses composantes sont appelées à faire preuve d’ouverture les unes sur les autres ainsi que sur le mouvement social citoyen sans complexes de supériorité ou d’infériorité pour la mobilisation effective du « peuple de gauche » et transformer cette gauche en force qui a son mot à dire dans le cours des évènements.
Pour Benabdallah il est temps d’intensifier les efforts pour rassembler toutes les capacités de gauche existantes à l’intérieur et à l’extérieur des partis de gauche, tout en reconnaissant que la majorité du « peuple de gauche » se trouve sans doute en dehors des partis de gauche.
Processus de la préparation du onzième congrès national du parti (8col)
A travers l’actuelle réunion, a affirmé le SG, le comité central vient de lancer effectivement la préparation du onzième congrès national du parti sur les plans politique, organisationnel et matériel, a-t-il dit.
Outre le projet de la résolution organisationnelle présenté par le camarade Roukbance, il importe de faire de toutes les actions et opérations préparatoires et des assemblées générales locales et des congrès provinciaux, des étapes de dialogue intellectuel et politique, à travers des rencontres, des conférences, des tables rondes entre les militants et également avec les citoyennes et les citoyens et tous les acteurs dans la société. Et de souligner que le congrès national devra offrir l’occasion de s’ouvrir sur toutes les capacités que la société recèle pour renforcer les rangs du parti par de nouvelles recrues.
Parallèlement aux préparatifs politiques du congrès aux niveaux national et des sections, toutes les sections se doivent d’entamer le renouvellement des cartes d’adhésion et de lancer des campagnes de nouvelles adhésions avec l’organisation de rencontres et de cérémonies de mobilisation et d’accueil des nouvelles adhésions.
Le Secrétaire Général a ensuite invité tous les membres du comité central à s’inscrire dans la liste de la commission de leur choix, tout en veillant à ce que chaque section provinciale soit représentée dans une commission, sachant que toutes les commissions vont démarrer leurs travaux dès la semaine prochaine. Toutes les commissions préparatoires devront remettre les résultats de leurs travaux au début du mois de septembre prochain, dans la perspective de la réunion de la dernière session du comité central qui précède le congrès national.
Au cours de cette session, a-t-il dit, le comité central devra adopter en effet tout ce qui concerne le congrès national, l’ordre du jour de ses travaux, les projets de ses documents, en attendant d’organiser le congrès à la mi-novembre 2022.
Après avoir présenté au comité central, pour adoption, les noms des responsables des six commissions préparatoires du congrès national, le Secrétaire Général a souligné la nécessité pour les sections locales d’entamer l’organisation de leurs assemblées générales. Il est également possible de continuer d’organiser les congrès régionaux, à condition toutefois de le faire avant le congrès national dans le but de discuter des projets de documents du congrès, de désigner les délégués au congrès et de préparer la participation de la section concernée dans le congrès national.
Il a également rappelé que les assemblées générales, les congrès provinciaux, le nombre des congressistes et les critères de leur choix s’inscrivent dans le cadre des travaux préparatoires qui doivent se dérouler dans le sérieux, l’objectivité et répondre au critère de l’action, du rendement, de la présence, de l’engagement, du mérite et de l’ouverture sur les capacités pour aller vers un congrès national de qualité dominé par le débat intellectuel et politique de haut niveau entre les congressistes dont le nombre devra se situer entre 800 et 1000.
Compte tenu du fait qu’un certain nombre de sections ne sont pas en mesure d’assumer leurs responsabilités au congrès, il a invité les élus (es) et les candidats (es) au nom du parti à s’impliquer dans les opérations préparatoires du congrès. Il a également appelé toutes les structures du parti à contribuer à cet effort d’intégration et l’ensemble des militantes et des militants à se mobiliser pour assurer le succès du onzième congrès national du parti et faire de lui un évènement national marquant.
Au cours des débats qui ont marqué les travaux de cette session, Rahhal Zekraoui, membre du conseil de la présidence du PPS, a exposé au nom des sages du parti une série d’observations visant à la préservation et au renforcement de l’identité et de la souveraineté du PPS, telles que développées dans les rapports présentés et en particulier dans le rapport de synthèse des débats autour du document « dans la perspective du onzième congrès…. ».
Plusieurs membres du comité central en ont également profité pour exprimer leurs avis tout en appelant au renouvellement des élites et des structures du parti aussi bien au niveau local, provincial et régional que national. D’aucuns se sont également attardés sur la nécessité de renforcer les structures de formation pour assurer la relève dans de bonnes conditions.
M’Barek Tafsi